Quelles retombées pour la débâcle américaine en Afghanistan?

Des combattants talibans brandissant des drapeaux talibans montent la garde le long d'une route à Kaboul le 9 septembre 2021. WAKIL KOHSAR / AFP
Des combattants talibans brandissant des drapeaux talibans montent la garde le long d'une route à Kaboul le 9 septembre 2021. WAKIL KOHSAR / AFP
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Quelles retombées pour la débâcle américaine en Afghanistan?

  • Le monde a assisté à une double renaissance: d’une part celle des talibans, qui étaient considérés comme vaincus, d’autre part celle de Daech, qui fait un retour spectaculaire
  • «Le principal ennemi des talibans, ce sont leurs concurrents», indique le chercheur Marc Lavergne

PARIS: Il est désormais évident que les deux coups de théâtre qui ont succédé au retrait des troupes américaines d’Afghanistan ont profondément ébranlé la position de leader des États-Unis sur la scène internationale.

Ce retrait maladroit et abrupt aux allures de fuite, après presque vingt ans d’implication, a tout simplement donné lieu au retour au pouvoir des talibans.

À cette évolution pathétique, qui remet en cause tout ce que Washington et le monde occidental ont tenté de réaliser, est venu s’ajouter l’attentat sanglant contre l’aéroport de Kaboul, revendiqué par Daech.

Médusé, le monde a assisté à une double renaissance: d’une part celle des talibans, qui étaient considérés comme vaincus, d’autre part celle de Daech, qui fait un retour spectaculaire après avoir perdu le contrôle des territoires conquis au Proche-Orient.

Triple niveau de défaillances

De fait, ce sont toutes les certitudes et les méthodes employées par les Américains et leurs alliés qui sont mises à mal.

Gilles Dorronsoro, spécialiste de l’Afghanistan et de la Turquie contemporaine, affirme que c’est le «manque d’expertise» et de «diagnostic correct» qui explique ce qui s’est passé; il évoque un triple niveau de défaillances.

D’abord, les talibans n’ont pas été considérés par l’Otan comme un véritable ennemi ni comme un mouvement centralisé. Par ailleurs, la multiplication des programmes, par le biais des ONG, s’est faite «au détriment de la reconstruction d’institutions étatiques». Enfin, le fait que la question pakistanaise n’ait pas été résolue – le chercheur parle de «sanctuaire pakistanais» – a offert une opportunité aux talibans.

Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et fin connaisseur de l’Afghanistan – il y a vécu et a enseigné à l’université de Kaboul – fait un constat plus sévère.

Selon lui, les Américains et les Français étaient «en survol par rapport aux réalités du pays»; ils n’avaient «aucun intérêt pour la société afghane» et «aucune compétence en termes de tribus, de hiérarchies et de valeurs sociales».

C’est ce manque de «compétences sociologiques et humaines, cette absence d’interactions avec la population» qui a donné lieu à la catastrophe que le monde vit aujourd’hui.

Une fois posé le diagnostic de cet échec colossal, on ne peut que s’interroger sur ses retombées.

La Chine et la Russie se tailleront la part du lion

Comment traiter avec un Afghanistan revenu sous la coupe des talibans et qui est le repaire de Daech et d’Al-Qaïda, même si cette dernière organisation ne s’est pas vraiment manifestée jusqu’à présent? Comment faire confiance, à l’avenir, au leadership américain?

Jean-Pierre Perrin, grand reporter et spécialiste de l’Afghanistan, énonce un verdict sans appel: «Le départ des Américains sera suivi par l’arrivée de la Chine et de la Russie». Il ajoute que ces deux puissances «vont se tailler la part du lion».

Pour les Américains, affirme t-il, il s’agit d’une défaite similaire à celle des Britanniques lors de la première guerre anglo-afghane, en 1839, qui a marqué le début de la fin de l’empire colonial britannique.

Ce déclin du rôle américain sur la scène internationale n’est pas nouveau pour Dorronsoro, lui qui affirme: «Il n’y a plus grand monde pour faire encore confiance aux Américains.»

Clivages entre les talibans et leurs alliés

La question de la crédibilité est sérieusement posée, mais elle n’est pas récente: si l’on parle aujourd’hui de l’Afghanistan, il y avait auparavant la Syrie, l’Irak… Cette problématique, soutient le chercheur, est d’ailleurs valable pour l’Otan en général.

Faut-il alors se résigner et accepter le fait que des groupes intégristes possèdent désormais un État?

Pour Lavergne, la question est plus vaste: «Ce sont les talibans eux-mêmes qui découvrent aujourd’hui les difficultés et la complexité du pays» avec ses ethnies, ses tribus et ses trafiquants.

Il y a par ailleurs des tensions à l’intérieur même des rangs talibans: tandis que certains d’entre eux prônent la modération, d’autres sont partisans d’une ligne plus dure.

Lavergne souligne en outre qu’il existe des clivages entre les talibans et leurs alliés, qu’il s’agisse d’Al-Qaïda ou de Daech. C’est selon lui «ce que confirme l’explosion à l’aéroport de Kaboul». «Le principal ennemi des talibans, ce sont leurs concurrents», indique-t-il.

Cet attentat a provoqué la mort de plus de 180 personnes. Son objectif était pour Daech de montrer qu’il désapprouvait les discussions en cours entre les talibans et la coalition menée par les Américains.

Ces discussions portaient officiellement sur l’évacuation des ressortissants étrangers ainsi que sur celle des Afghans qui ont travaillé pour des étrangers.

On peut donc formuler ainsi le message adressé aux talibans: «Vous êtes revenus au pouvoir, vous contrôlez le pays, mais vous n’êtes pas les seuls maitres à bord.»

Voilà qui laisse présager une période d’importantes turbulences internes qui pourrait bien rejaillir sur l’Europe sous la forme d’une résurgence du terrorisme, du trafic de drogue et de l’immigration, souligne Dorronsoro.

Cependant, ces trois phénomènes peuvent être contenus: il sera possible de tout monnayer avec des talibans qui se retrouvent à la tête d’un État dont les caisses sont vides.

À l’inverse, indique-t-il, «si on les enfermait totalement, ils n’auraient plus d’intérêt particulier à contrôler quoi que ce soit».

Lavergne considère de manière audacieuse qu’il «faudra savoir les jouer les uns contre les autres» tout en évitant de se positionner contre la Chine, l’Iran et la Russie «dans le but de savoir ce que veulent les uns et les autres».

Cela suppose «une intelligence collective occidentale» malheureusement inexistante, déplore-t-il.

C’est pourtant bien de cette intelligence que dépend la pérennité de la puissance occidentale dans un monde désormais multipolaire.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »