PARIS : Historique par les événements qu'il juge et sa durée, le procès des attentats du 13-Novembre l'est aussi par le nombre des victimes qui y seront représentées. Au moins 1.800 parties civiles qui, si elles n'assistent pas aux audiences, pourront les suivre sur webradio.
C'est la première fois qu'un dispositif de ce genre sera mis en place pour un procès criminel.
Seul le son sera diffusé, en léger différé d'une demi-heure, dans des conditions ultra-sécurisées. Pas question notamment que les débats soient retransmis au-delà de leurs destinataires, c'est-à-dire les parties civiles qui en ont fait expressément la demande.
La captation d'images ou de sons dans une enceinte judiciaire est interdite et passible d'une peine de prison et d'une amende.
Le procès sera certes filmé pour l'Histoire mais aucune image n'est censée sortir de la cour d'assises spéciale. Comme celui du procès des attentats de janvier 2015 l'an dernier, les enregistrements sont exclusivement destinés aux Archives.
Il fallait néanmoins trouver une solution pour les parties civiles qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas assister aux près de neuf mois du procès. D'où l'idée de la webradio, qui a vu le jour grâce à un vote du Parlement sur proposition du ministère de la Justice.
"Les parties civiles qui le demanderont obtiendront du greffe un code d'authentification, ils se connecteront sur internet, et sur leur écran ils auront en léger différé de 30 minutes la retransmission radio des débats", explique à l'AFP Jean-Michel Hayat, premier président de la cour d'appel de Paris.
Sur l'écran apparaîtra en bandeau le nom et la qualité de la personne qui dépose à la barre.
Un numéro d’assistance psychologique s'y affichera aussi. "Lorsqu'une déposition est un peu trop remuante, il y aura la possibilité d'obtenir tout de suite un soutien par une ligne téléphonique dédiée en lien avec un psychologue", précise M. Hayat.
Pour Arthur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris, la webradio est "un outil utile".
"Il y a beaucoup de gens qui se battent depuis cinq, six ans pour reprendre une activité professionnelle. Ils ne peuvent pas se désocialiser pendant neuf mois pour suivre le procès et ils ne pourront pas se contenter des live-tweets et des compte-rendus des journalistes", soutient M. Dénouveaux.
Jean Reinhart, avocat de l'association 13onze15 Fraternité-Vérité et d'une centaine de parties civiles, est plus circonspect. "Moi, je le déconseille formellement. Ce n'est pas possible d'écouter cela à la radio. C'est même relativement dangereux", estime Me Reinhart.
"C'est hyper-violent", abonde une autre avocate de parties civiles.