Eric Zemmour relaxé en appel, le CSA demande aux médias un décompte de son temps de parole

Eric Zemmour, le 22 avril 2021 (Photo, AFP)
Eric Zemmour, le 22 avril 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 09 septembre 2021

Eric Zemmour relaxé en appel, le CSA demande aux médias un décompte de son temps de parole

Eric Zemmour, le 22 avril 2021 (Photo, AFP)
  • «Censure : le CSA prend désormais le relais des juges. Je ne me tairai pas», a riposté mercredi soir sur Twitter le polémiste
  • Cette demande doit être appliquée par les médias dès jeudi, fait savoir le régulateur de l'audiovisuel, alors qu'une candidature d'Eric Zemmour à l'élection présidentielle est régulièrement évoquée

PARIS : Eric Zemmour, relaxé mercredi par la cour d'appel de Paris après des poursuites pour injure et provocation à la haine, n'est plus seulement un polémiste mais "un acteur du débat politique national" selon le CSA, qui demande aux médias audiovisuels de désormais décompter ses prises de parole.

"Au regard des récents développements", Eric Zemmour peut "être regardé dorénavant, tant par ses prises de position et ses actions, que par les commentaires auxquels elles donnent lieu, comme un acteur du débat politique national", a estimé le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA)  dans un communiqué mercredi soir.

Cette demande doit être appliquée par les médias dès jeudi, fait savoir le régulateur de l'audiovisuel, alors qu'une candidature d'Eric Zemmour à l'élection présidentielle est régulièrement évoquée. 

"Censure : le CSA prend désormais le relais des juges. Je ne me tairai pas", a riposté mercredi soir sur Twitter le polémiste, qui avait annoncé cesser sa chronique hebdomadaire dans Le Figaro, le temps, avait-il dit, de promouvoir son livre à paraître le 16 septembre intitulé "La France n'a pas dit son dernier mot".

Plus tôt mercredi, la cour d'appel de Paris avait relaxé le polémiste qui était poursuivi pour injure et provocation à la haine après une violente diatribe contre l'islam et l'immigration, prononcée en 2019 lors d'une réunion politique.

En première instance, le chroniqueur de 63 ans avait été condamné pour ces propos à 10.000 euros d'amende.

Lors d'une "convention de la droite" organisée par des proches de l'ex-députée du Front national (devenu RN) Marion Maréchal le 28 septembre 2019, Eric Zemmour avait prononcé un discours fustigeant des immigrés "colonisateurs" et une "islamisation de la rue".

Le journaliste y avait également décrit le voile et la djellaba comme "les uniformes d'une armée d'occupation".

Dans les motivations de son arrêt, dont l'AFP a obtenu lecture, la cour d'appel a jugé que "aucun des propos poursuivis ne visent l'ensemble des Africains, des immigrés ou des musulmans mais uniquement des fractions de ces groupes".

Série de poursuites judiciaires

"Il n'est nullement justifié de propos visant un groupe de personnes dans son ensemble en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée", ajoute la cour, "d'où il suit que les infractions poursuivies ne sont pas constituées".

"C'est une immense victoire", a affirmé à l'AFP l'avocat d'Eric Zemmour, Me Olivier Pardo, qui accuse le parquet d'avoir "déformé" les propos de son client.

Les associations antiracistes, qui s'étaient constituées parties civiles, se disent "sidérées". "C'est une grosse déception", a réagi auprès de l'AFP une des avocates de la Maison des potes, Me Ambre Benitez. "C'est une décision catastrophique pour le débat public, cela autorise tous les excès racistes", a renchéri Me Jérôme Karsenti. L'association va se pourvoir en cassation.

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait estimé en septembre 2020 que ces propos constituaient "une exhortation, tantôt implicite tantôt explicite, à la discrimination et à la haine à l'égard de la communauté musulmane et à sa religion".

"Les opinions, même choquantes, doivent pouvoir s'exprimer, néanmoins les faits reprochés vont plus loin et outrepassent les limites de la liberté d'expression puisqu'il s'agit de propos injurieux envers une communauté et sa religion", avait ajouté la présidente de la 17e chambre correctionnelle.

Le discours d'Eric Zemmour avait à l'époque été largement dénoncé dans la classe politique et provoqué un âpre débat dans les médias pour lesquels il travaillait.

En dépit de cette controverse, le chroniqueur a depuis été embauché par CNews, où il intervient toujours dans une émission quotidienne. Ses commentaires ont dopé l'audience de la chaîne d'information mais lui ont valu aussi une série de poursuites judiciaires. Contactée par l'AFP, la chaîne n'a pas souhaité commenter la décision du CSA.

Eric Zemmour était aussi convoqué mercredi devant le tribunal pour avoir mis en cause les migrants mineurs, qu'il avait qualifiés de "voleurs" et d'"assassins" sur CNews en septembre 2020. 

Ce procès a finalement été renvoyé au 17 novembre.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.