Les talibans nient les allégations d’ingérence de l’Iran et le Pakistan rejette tout rôle dans la prise du Panchir

Une famille afghane franchit la frontière pakistanaise au point de passage de la porte de l’amitié, dans la ville frontalière pakistano-afghane de Chaman. (Reuters)
Une famille afghane franchit la frontière pakistanaise au point de passage de la porte de l’amitié, dans la ville frontalière pakistano-afghane de Chaman. (Reuters)
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Les talibans nient les allégations d’ingérence de l’Iran et le Pakistan rejette tout rôle dans la prise du Panchir

  • Les talibans ont pris le contrôle total de Panchir, la seule des trente-quatre provinces dont les combattants ne s’étaient pas emparés le mois dernier lors de leur blitzkrieg
  • Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé «toute ingérence étrangère» dans les affaires afghanes, faisant allusion au Pakistan

KABOUL: Les talibans ont rejeté mardi les allégations d’ingérence étrangère dans leur prise de contrôle de la vallée de Panchir, alors que l’Iran a condamné la conquête par le groupe de la dernière province afghane résistante et que les médias indiens ont affirmé que ces attaques avaient été menées par un avion des forces aériennes pakistanaises pour soutenir le groupe.

Lundi dernier, les talibans ont pris le contrôle total de Panchir, la seule des trente-quatre provinces dont les combattants ne s’étaient pas emparés le mois dernier lors de leur blitzkrieg.

Ces événements interviennent après une semaine d’intenses affrontements entre les talibans et le Front national de résistance d’Afghanistan. Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé «toute ingérence étrangère» dans les affaires afghanes, faisant allusion au Pakistan.

«Nous condamnons toute ingérence étrangère en Afghanistan», a lancé lundi dernier le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, qui ajoute qu’une enquête est en cours sur des informations qui ont fait état de la présence de forces étrangères dans la vallée.

Le Pakistan et les talibans ont tous deux démenti ces allégations.

«Les talibans étaient capables de conquérir le Panchir et n’avaient pas besoin de recourir aux forces aériennes; nous nions ces allégations», a déclaré Enamullah Samangani, membre de la commission culturelle du groupe, à Arab News.

Le porte-parole militaire pakistanais, le général de division Babar Iftikhar, a qualifié de «propagande complètement fausse et irrationnelle» les allégations d’implication du pays dans les frappes du Panchir.

«Le Pakistan n’a aucun lien avec ce qui se passe en Afghanistan, que ce soit au Panchir ou ailleurs», aurait-il affirmé selon la BBC, qui cite par ailleurs des responsables militaires anonymes selon lesquels le Pakistan ne dispose pas de la technologie des drones pour frapper des cibles à longue distance.

L’Iran, qui partage une frontière de 900 km avec l’Afghanistan, avait refusé de reconnaître les talibans pendant leur occupation précédente, de 1996 à 2001, avant que le groupe ne soit évincé du pouvoir en raison de l’invasion menée par les États-Unis.

Le reproche adressé à Téhéran intervient après que des informations des médias indiens ont fait état d’une «invasion pakistanaise à part entière» en Afghanistan.

Les chaînes d’information Times Now, Republic TV et Zee Hindustan ont fait passer des séquences d’un jeu vidéo pour des «images d’un avion des forces aériennes pakistanaises» qui visait prétendument des groupes antitalibans dans le Panchir.

Bien que le Pakistan n’ait pas encore formulé de commentaire à ce sujet, plusieurs Tweet ont nié ces allégations et ont exigé une vérification des faits.

«Certains médias télévisés indiens ont utilisé des images de jeux vidéo au lieu d’images réelles [dont on dispose très peu] pour montrer l’assaut au Panchir. Cela peut paraître loufoque pour les non-initiés; pourtant, ce n’est pas la première fois. Cette situation s’est également produite lors de la crise de Balakot, en 2019», indique Michael Kugelman, directeur adjoint du Wilson Center, aux États-Unis.

Les analystes politiques, cependant, estiment qu’il est nécessaire d’enquêter sur les accusations d’invasion étrangère au Panchir et appellent la communauté internationale à adopter une position claire sur les événements qui se déroulent actuellement en Afghanistan.

«Si une telle chose s’est produite, les pays voisins doivent mettre fin à leur ingérence car l’Afghanistan dispose d’une nouvelle opportunité», explique à Arab News Ahmed Saïdi, un analyste politique qui habite Kaboul.

Par ailleurs, les talibans ont tiré mardi dernier des coups de feu en l’air afin de disperser la foule lors d’un rassemblement anti-Pakistan à Kaboul qui avait pour but de protester contre le rôle présumé d’Islamabad dans le soutien aux talibans.

«Nous ne voulons pas d’étrangers à Kaboul car il n’y a pas de gouvernement dans le pays», affirme Rabia Malik, une manifestante âgée de 35 ans, à Arab News.

D’autres manifestants ont exhorté les talibans à mettre fin au «chaos actuel» dans un pays où, même trois semaines après le retour au pouvoir des talibans, les banques et les bureaux publics restent fermés.

«La situation actuelle n’est favorable ni aux talibans ni aux autres. Nous appelons l’Émirat islamique à dévoiler son gouvernement et à mettre fin au chaos qui règne actuellement dans le pays», fait savoir à Arab News Ahmadullah Ibrahimi, un habitant de Kaboul âgé de 24 ans.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.