Le crocodile-espion «Gando» de retour sur les écrans iraniens

Encensée par les ultraconservateurs, la série d'espionnage iranienne "Gando", qui mélange réalité et fiction, est largement orientée à la gloire des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne. (Photo, AFP)
Encensée par les ultraconservateurs, la série d'espionnage iranienne "Gando", qui mélange réalité et fiction, est largement orientée à la gloire des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Le crocodile-espion «Gando» de retour sur les écrans iraniens

  • Une série télévisée d’espionnage multiplie les attaques et les insinuations contre le gouvernement du modéré Hassan Rohani, prédécesseur de Raïssi
  • Le titre de la fiction désigne le héros, Mohammad, agent du contre-espionnage des Gardiens, embusqué tel un saurien guettant une proie, de préférence du MI6

TEHERAN : Honnie par les modérés mais encensée par les ultraconservateurs, la série d'espionnage iranienne "Gando", qui mélange réalité et fiction, est de retour à l'antenne de la télévision d'Etat après plusieurs mois d'interruption sans explication.

La diffusion de la deuxième saison a repris en juillet, à peine plus d'un mois après la victoire de l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi à la présidentielle.

Au rythme de cinq épisodes hebdomadaires de 45 minutes pendant un peu plus de sept semaines, la série, à la gloire des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique iranienne, multiplie les attaques et les insinuations contre le gouvernement du modéré Hassan Rohani, prédécesseur de M. Raïssi.

L'ex-président a été l'artisan d'une politique d'ouverture ayant permis en 2015 la conclusion de l'accord international sur le nucléaire iranien, mais il a vu ce succès diplomatique torpillé à partir de 2018 par l'ex-président américain Donald Trump et, à domicile, les ultraconservateurs.

En mars, une vive polémique avait éclaté dès le sixième épisode de "Gando", où il était question d'un espion au sein de l'équipe de négociation iranienne sur le nucléaire, et la diffusion du feuilleton avait été interrompue, sans motif, après le treizième.

Le "gando" est une espèce de crocodile iranien. Par métaphore, le titre de la série désigne le héros, Mohammad, agent du contre-espionnage des Gardiens, embusqué tel ce saurien guettant une proie.

La série le montre filant avec ses collègues tout espion étranger, surtout s'il est du MI6 britannique, dès son arrivée sur le territoire iranien.

Elle dépeint aussi le gouvernement précédent, et tout particulièrement le corps diplomatique, comme autant de personnages médiocres, pusillanimes, ou corrompus.

Fin août, l'Autorité judiciaire a annoncé la condamnation de deux personnes, l'une pour "corruption", l'autre pour "espionnage", après vérification de certaines "révélations" de la série. "D'autres dossiers [étaient] en cours d'examen", a-t-elle affirmé.

"Gando" a été perçue par plusieurs commentateurs en Iran comme participant d'une manoeuvre de déstabilisation du gouvernement Rohani.

Après l'interruption de la série au printemps, certains médias iraniens avaient évoqué l'existence d'une lettre du gouvernement au guide suprême, Ali Khamenei, pour dénoncer le tort causé par la série à l'action de l'exécutif.

Plusieurs personnalités ultraconservatrices ont accusé le gouvernement Rohani d'être à l'origine de l'arrêt de la série, ce que le gouvernement a démenti.

Ridiculisé dès la première saison, diffusée en 2019, Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères de M. Rohani, avait qualifié au printemps "Gando" de "mensonge du début jusqu'à la fin" lui ayant gravement nui personnellement.

Le journal ultraconservateur Kayhan a lui applaudi en août les "révélations éclairantes" de "Gando", notamment sur les relations de "hauts responsables" avec des chancelleries étrangères, "en particulier l'ambassade britannique".

Si les Etats-Unis et Israël apparaissent comme les deux grands ennemis de la République islamique, ceux-ci, à la différence de Londres, n'ont pas d'ambassade à Téhéran.

La seconde saison s'ouvre sur une scène dans un endroit désertique insinuant que des agents français ont livré à Téhéran Rouhollah Zam, opposant iranien en exil dont les Gardiens avaient annoncé l'arrestation en 2019. Zam, qui a vécu plusieurs années en France, a été pendu en décembre 2020.

Le scénario enchaîne sur la traque de la méchante de la série, Charlotte, espionne britannique agissant à Téhéran sous couverture diplomatique.

Comme dans les séries américaines du genre, les maîtres du contre-espionnage des Gardiens dirigent leurs opérations d'une vaste salle équipée d'écrans dernier cri.

Pour l'agence Fars, réputée proche des ultraconservateurs, Charlotte incarne Kylie Moore-Gilbert, chercheuse australo-britannique condamnée pour espionnage au profit d'Israël et libérée en 2020 après deux ans de détention dans le cadre d'un échange de prisonniers avec trois Iraniens liés à un projet d'attentat à Bangkok.

La série n'hésite pas à briser un tabou. Dans une République islamique où le voile est obligatoire pour toutes les femmes en public et où la censure impose aux actrices d'être voilées en toutes circonstances, même pour des scènes où, dans la réalité, elles ne le seraient pas, Charlotte, interprétée par une actrice de la minorité chrétienne arménienne, Béaïna Mahmoudi, apparaît tête nue dans plusieurs scènes d'intérieur.

Alors que la saison 2 touche à sa fin, il est déjà question d'un troisième volet, autour des négociations sur le nucléaire.

"En tout cas, j'aime beaucoup la saison 2 de Gando..." a écrit le 28 août le nouvel ambassadeur de Grande-Bretagne, Simon Shercliff, dans un message sibyllin, en persan, sur son compte Twitter.

"S'il l'apprécie, nous suggérons que la BBC la diffuse", a réagi dimanche Abdollali Ali-Asgari, le président de l'audiovisuel public iranien.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".