PARIS: La clope au bec, en blouson de voyou ou en costard, bouche gourmande ou regard grave, les visages de Jean-Paul Belmondo s'affichent en Une de la presse, qui salue l'itinéraire d'un acteur populaire et complet, un "Bébel éternel", "magnifique à jamais".
"Bébel, c’était d’abord une gueule, une gouaille, bref un physique de titi parisien au nez de boxeur brûlant la vie par les deux bouts", écrit Xavier Brouet du Républicain Lorrain. "Il était la désinvolture, la drôlerie personnifiées", décrit Christophe Lucet du quotidien Sud-Ouest, qui titre en Une "Magnifique à jamais". "Bébel l'éternel", a choisi le Midi-Libre.
Son naturel et sa joie de vivre font qu'il est "impossible de ne pas aimer Jean-Paul Belmondo. Là où certains acteurs vedettes jouent les stars intouchables, lui a toujours été simple, accessible", relève Grégoire Amir-Tahmasseb de l'Union.
A la différence d'Alain Delon, autre monstre sacré du cinéma français, "le mythe Bébel n’a pas la beauté vénéneuse et le sang-froid reptilien du tueur à gage et de l’amant assassin", souligne Xavier Brouet, pour qui "la formidable générosité d’acteur de Belmondo suscite instantanément l’adhésion du public".
"Statufié par le star-system, il savait pourtant lui échapper par une cascade de prestidigitateur, une esquive de boxeur, un sourire désarmant. Rien à voir avec la froideur de Delon", note Christophe Lucet. Et "quand Delon et sa beauté solaire incarnaient un mythe inaccessible, Belmondo, lui, était un comédien, un acteur, un saltimbanque de génie qui ne reculait jamais devant un cabotinage", renchérit Pascal Coquis dans les Dernières nouvelles d'Alsace.
«Vie tellement bébelle»
Après une carrière d'un demi-siècle, la mort de Jean-Paul Belmondo, à 88 ans, "laisse la France orpheline. Avec lui, les Français ont tous, un jour ou l’autre, pleuré et ri aux larmes, rêvé et réfléchi. Bébel n’a pas tout réussi mais il avait cette capacité à jouer tous les rôles", relève Laurent Bodin dans l'Alsace.
"L’As des as aura contribué des décennies durant au bonheur dominical des téléspectateurs, toutes générations confondues", résume Xavier Brouet.
"Emblème de la Nouvelle Vague et roi du box-office, figure rayonnante en France et à l’étranger" selon Olivier Pirot de la Nouvelle République du Centre-Ouest, Jean-Paul Belmondo était "capable d’embrasser des genres différents, de séduire n’importe quel réalisateur, aussi à l’aise dans le blouson du voyou, les bottes de l’aventurier que dans la soutane du prêtre", souligne Christophe Lucet.
Il a aussi "tourné des navets", rappelle Alain Dusart dans l'Est républicain. "Mais le public y allait quand même, car avec lui, la vie semblait tellement bébelle"!
"La réponse à la question 'Pourquoi Belmondo?' tient dans ce trait qui relie cette double carrière de nanars et de films d’auteurs : cette insouciance permanente", analyse Paul Quinio dans Libération.
"Professionnel, as des as, marginal, flic ou voyou... l’homme de Rio était un peu tout ça", écrit Grégoire Amir-Tahmasseb, en soulignant "qu’il était aussi une icône de la Nouvelle Vague, (...) qu’il est monté à plus d’une trentaine de reprises sur les planches".
C'est d'ailleurs à la "star magnétique de la Nouvelle Vague française" que rend hommage le New York Times aux Etats-Unis, tandis que le quotidien espagnol El Pais salue "l'icône" de la Nouvelle vague.
"Au revoir Jean-Paul!" titre plus simplement, en français, le quotidien allemand Bild, sur une photo d'un Jean-Paul Belmondo aux cheveux blancs.