DJEDDAH: Un tribunal fédéral aux États-Unis a jugé l’Iran responsable du bombardement de 1996 des tours de Khobar, en Arabie Saoudite, dans lesquelles vivaient des forces américaines, et a ordonné à Téhéran de payer 879 millions de dollars aux survivants.
Les tours de Khobar étaient un complexe de logements dans la ville de Khobar, située à l’est, près de la base aérienne Abdulaziz et du siège social de Saudi Aramco à Dhahran. Elles abritaient des militaires américains travaillant sur l’opération Southern Watch.
Un camion piégé a explosé le 25 juin 1996, près d'un immeuble de huit étages du complexe de logements, tuant 19 membres des forces aériennes américaines et un Saoudien et blessant 498 autres.
Le tribunal a statué que le gouvernement iranien avait transporté et fourni un soutien matériel au Hezbollah qui avait fait sauter le camion piégé de 2268 kilogrammes, selon un communiqué de presse du cabinet d'avocats de Chicago. Les assaillants auraient fait passer clandestinement les explosifs utilisés lors de l'attentat depuis le Liban.
Un analyste politique saoudien et spécialiste des relations internationales a déclaré que l'imposition d'amendes monétaires était insuffisant.
« On peut comprendre des sanctions pécuniaires dans le cas de l’avion civil qu’ils ont récemment abattu « de manière accidentelle ». Mais dans le cas de ces attentats terroristes, il devrait y avoir une réponse militaire », a déclaré le Dr. Hamdan Al-Shehri à Arab News. «Une réponse qui devrait être dissuasive. Une réponse qui devrait empêcher l'Iran de commettre de tels actes de terreur. L'Iran ne devrait pas être autorisé à s'en sortir en payant simplement quelques millions de dollars. »
Le Dr. Al-Shehri a dit que cette attaque n'était pas la seule à avoir été menée par l'Iran et ses milices. «Ils sont responsables de nombreux attentats à la bombe et assassinats. Nous savons comment ils ont assassiné l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. Ils doivent encore être punis pour ce crime odieux. »
Selon lui, il n'y avait aucun doute sur l'implication directe de l'Iran dans ce bombardement. «Il est bon de savoir que le tribunal américain a confirmé ce que nous savions depuis le début et que l’Iran soit finalement tenu pour responsable », a-t-il ajouté.
Le spécialiste de Harvard et expert en affaires iraniennes, Majid Rafizadeh, a pour sa part déclaré: «Ceci est une preuve supplémentaire que l'Iran est un important sponsor du terrorisme, une force déstabilisatrice, et est engagé dans le soutien financier, politique et militaire des milices et des groupes terroristes à travers le Moyen-Orient et en Occident, dans le but d'exporter ses idéaux extrémistes par la terreur, d'étendre son influence et de réaliser ses ambitions hégémoniques. »
Le procès a été intenté en vertu de l'exception terroriste du Foreign Sovereign Immunities Act des États-Unis par les 14 aviateurs américains blessés et les 21 membres de leur famille immédiate.
La défense de ce procès réunissait la République islamique d’Iran, le Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne, ainsi que le ministère iranien du Renseignement et de la sécurité.
« Nous continuerons à chercher à tenir le gouvernement iranien pour responsable de ces attentats terroristes pour aussi longtemps qu’il le faudra », a déclaré l’avocate en chef de MM LAW S.A.L, Adora Sauer.
Le juge de district américain Beryl A. Howell a jugé la défense responsable et a accordé aux plaignants 132 millions de dollars pour douleur et souffrance, ainsi que des intérêts préjudiciels, pour une indemnité totale de 747 millions de dollars et 132 millions de dollars pour dommages-intérêts punitifs.
Le tribunal a également déclaré que les plaignants étaient éligibles à des paiements partiels du Fonds américain pour les victimes du terrorisme d’Etat. Ce Fonds indemnise les victimes américaines d'actes de terrorisme international, avec des fonds provenant d'amendes et de confiscations perçues contre des entreprises arrêtées illégalement pour blanchiment d'argent, pour le compte de pays et de personnes sanctionnés.
Les avocats ont également l'intention de poursuivre l'exécution des jugements par le biais de litiges destinés à saisir les actifs iraniens.
« Les répercussions physiques et psychologiques sur nos familles ont été très dures, mais ce jugement est une bonne nouvelle. Plus de 20 ans plus tard, nous voulons que le monde se souvienne du mal que l’Iran a commis aux tours de Khobar. Grâce au travail de nos avocats, nous avons l’intention de faire exactement cela », a affirmé Glenn Christie, un membre des forces aériennes aujourd’hui à la retraite, et qui a été gravement blessé lors de l'attentat.
D’après John Urquhart du cabinet d’avocats Urquhart, qui défend les victimes du bombardement, « cette explosion a énormément affecté leurs corps et leurs esprits le jour de l’attentat, et a continué à les affecter depuis, de jour comme de nuit. Ils pourront désormais vivre grâce à la balance fournie par la justice ».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com