PARIS : En plein débat sur la relance et la relocalisation industrielle, General Electric annonce la restructuration de deux divisions en Europe, celles des équipements pour barrages et réseaux électriques, laissant augurer de nouvelles suppressions d'emplois en France de la part du géant américain.
« Afin de leur permettre de retrouver une situation financière viable, ces divisions ont chacune présenté un projet de transformation au comité d'entreprise européen », a expliqué le groupe dans un communiqué, sans précisions à ce stade sur des suppressions d'emplois.
Selon une source syndicale, le plan prévoit la suppression de 753 postes en France, dont « 618 dans la branche Grids (réseaux), supprimés sur les sites Villeurbanne, Aix-en-Provence, Saint-Priest et Montpellier », et « 135 postes dans la branche Hydro, supprimés sur les sites de Belfort et Boulogne-Billancourt ». Le journal Libération a notamment évoqué la fermeture du site de Villeurbanne, mais GE a démenti.
Appel au président
A Belfort, le maire parle de 89 emplois concernés, et dénonce « la stratégie purement financière à court terme » de GE.
« À Belfort, les 89 emplois de la filière Hydro vont être supprimés, c'est un manque à la parole donnée », s'est insurgé dans un communiqué Damien Meslot (LR).
L'élu, comme le président (LR) du conseil du Territoire de Belfort Florian Bouquet, en appellent au président Emmanuel Macron, rappelant qu'il était ministre de l'Economie quand les activités énergie d'Alstom ont été vendues à GE et que son ancien conseiller industriel, Hugh Bailey, est désormais directeur général de GE France.
« La crise frappe toutes les entreprises, et en particulier General Electric dans (...) l'aérien et l’énergie », a d'ores et déjà réagi mercredi le ministère de l'Economie, assurant suivre « de près la situation ».
« Nous serons attentifs à ce que ces restructurations permettent de pérenniser l'empreinte industrielle de GE en France et maintienne un maximum d'activité et d'emploi, en ayant notamment recours aux dispositifs mis en place par le gouvernement » (de type activité partielle de longue durée), ajoute Bercy.
General Electric explique sa décision par « des pertes financières importantes » sur ses deux activités Réseaux et Hydro.
L'activité « Grids Solutions » a vu ses revenus reculer depuis trois ans, avec des prix en chute de 40% depuis 2008, et une concurrence asiatique toujours plus forte, explique une source proche du dossier.
Cette division produit aussi en Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, au Royaume-Uni, mais le groupe n'a pas précisé quels pays seraient concernés en plus de la France, dans ce secteur des réseaux électriques pourtant en plein essor du fait du boom des énergies renouvelables.
Désengagement, ou délocalisation
Concernant la division « Hydro », le plan ne concerne que la France, sur une partie de l'activité, installée notamment à Grenoble et Belfort.
Selon une source proche du groupe, qui évoque « la crise, la concurrence », les commandes dans ce secteur ont vu leur valeur divisée par deux depuis 2011, avec l'an dernier le niveau de commande le plus bas enregistré par GE depuis 10 ans mondialement.
« Nous partagerons très prochainement des informations complémentaires avec nos salariés, conformément aux processus d'information-consultation européen et nationaux », a indiqué le géant américain.
GE n'a pas non plus précisé s'il s'agissait d'un désengagement partiel ou si une relocalisation était prévue. « Nous avons connu un important plan de délocalisation dans l'activité Gaz, il n'y a aucune raison que GE n'applique pas cette stratégie à ses autres activités », a déclaré Alexis Sesmat, délégué Sud à GE Belfort.
En rachetant la branche énergie d'Alstom en 2014, GE avait promis la création nette de 1.000 emplois sur trois ans. A la place, des activités ont été délocalisées et notamment 485 emplois supprimés sur la seule division gaz à Belfort, principal site du groupe en France.
« La stratégie du groupe américain n'est aujourd'hui plus dissimulée : démanteler toutes les activités d'Alstom », a déclaré mercredi la présidente (PS) de la Région Bourgogne Franche Comté, Marie-Guite Dufay.
Estimant que « ces délocalisations vers la Chine, l'Inde ou la Turquie mettent en péril l'avenir industriel de la France », elle en appelle à l'Etat, et aux « financements prévus dans le plan de relance au titre de l'innovation et de la relocalisation ».