PARIS : «Ça a marché», «grande réussite», «succès»: l'exécutif se félicite d'avoir (presque) atteint l'objectif de 50 millions de vaccinés à la rentrée, espoir d'un possible retour à une «vie normale», mais également esquisse d'un bilan présidentiel et marche-pied de candidature à une réélection.
Qu'importe l'exactitude: si les 50 millions de primo-vaccinés ne seront en fait pas atteints avant le 10 septembre, selon les dernières prévisions de la plateforme Doctolib, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, s'est félicité mercredi du «succès de cette campagne de vaccination et notamment de l'engouement très fort qu'on a vu cet été à la suite de l'intervention du président de la République».
Après le discours du 12 juillet qui instaurait notamment le pass sanitaire, et les manifestations d'opposants qui s'en sont suivies - mais dont l'exécutif parie sur l'essoufflement durable -, la macronie entend s'appuyer sur la bonne tenue de l'opération pour dresser un bilan, d'abord de la crise sanitaire, ensuite du quinquennat.
La France est sur «le bon chemin» d'un retour à la «vie normale», a assuré mardi Jean Castex, selon qui «les choses vont dans le bon sens», chiffres à l'appui: en métropole, la quatrième vague n'a pas donné lieu à une saturation des services hospitaliers, alors que la France connaît désormais une couverture vaccinale supérieure à celle des Etats-Unis, Israël ou du Royaume-Uni, auparavant présentés comme modèles.
Jeudi soir, 48.877.298 personnes avaient reçu au moins une injection (soit 72,5% de la population totale) et 44.838.424 personnes ont un schéma vaccinal complet (soit 66,5% de la population totale).
«C'est une grande réussite et c'est une fierté collective, des Français, des collectivités locales, du président de la République qui a donné l'impulsion politique», insiste l'entourage du Premier ministre, en se félicitant «qu'on n'entende plus ceux qui râlaient au départ et disaient que ça n'allait pas marcher».
- «Référendum» -
Davantage qu'un satisfecit, c'est à une entame de bilan que la majorité entend se livrer à huit mois de la présidentielle où Emmanuel Macron, pas encore candidat, devrait se représenter. «D'une manière générale, les gens reconnaissent que la campagne vaccinale a marché, et Emmanuel Macron est assez fin pour savoir le faire valoir», sourit une ministre.
«Dans une campagne pour une réélection, il y a un bilan qu'il faut assumer et tout ce qui est bon sera forcément utile», complète une source gouvernementale. «Si ça avait été raté, cela aurait pu hypothéquer la réélection d'Emmanuel Macron. Donc on ne laissera pas dire que la France a mal géré cette crise», poursuit la même, alors que la macronie a théorisé que les cent prochains jours doivent être consacrés à la valorisation des actions menées depuis 2017 - avant cent autres jours de «projection» et d'égrainage du programme pour un espéré deuxième quinquennat.
La crise du Covid sera-t-elle la meilleure alliée du président-candidat? «On ne fait pas de politique sur la santé des Français», conteste une source proche de l'exécutif.
La semaine dernière, le candidat à la primaire d'EELV Yannick Jadot, a pourtant estimé que le chef de l'Etat avait fait de la vaccination «un référendum pour ou contre lui», en déplorant qu'Emmanuel Macron se pose, selon lui, en «grand communicant de la vaccination».
Réponse d'une source gouvernementale: «On ne peut pas dire tout et n'importe quoi. Et on met les oppositions face à leurs contradictions».
Dans la majorité, certains réclament pourtant une forme d'humilité: «C'est vrai que nos concurrents ne font pas preuve d'une redoutable adversité», note le patron des députés MoDem, Patrick Mignola, qui met toutefois en garde contre «l'excès de confiance».
Or, les incertitudes demeurent nombreuses: d'abord, la rentrée des classes laisse craindre une reprise de l'épidémie.
Ensuite, près de 10 millions de Français éligibles n'ont pas entamé de schéma vaccinal, autant de malades potentiels qui pourraient engorger l'hôpital. «Il y a volonté d'accentuer +l'aller-vers+ ces populations, notamment les personnes âgées, c'est quasiment du porte à porte», relève une source gouvernementale, qui confirme qu'il s'agit «d'une véritable préoccupation».