Nouvelle-Calédonie: le grand chef Ataï enfin inhumé dans sa terre natale

Le cercueil d'Ataï exposé à La Foa dans le territoire français du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie le 1er septembre 2021, dans le cadre d'une cérémonie d'enterrement d’Ataï, chef de la révolte kanak en 1878, et de son Dao (sorcier) Meche, mort au combat le 1er septembre 1878 lors d'une insurrection menée par les indigènes kanaks contre la colonisation française. (Théo Rouby/AFP)
Le cercueil d'Ataï exposé à La Foa dans le territoire français du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie le 1er septembre 2021, dans le cadre d'une cérémonie d'enterrement d’Ataï, chef de la révolte kanak en 1878, et de son Dao (sorcier) Meche, mort au combat le 1er septembre 1878 lors d'une insurrection menée par les indigènes kanaks contre la colonisation française. (Théo Rouby/AFP)
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Publié le Vendredi 03 septembre 2021

Nouvelle-Calédonie: le grand chef Ataï enfin inhumé dans sa terre natale

  • A La Foa, un caveau gris abrite depuis mercredi les dépouilles mortelles d'Ataï, dont la tête avait été expédiée en France au lendemain de sa mort et restituée seulement en 2014, et de son sorcier
  • Leur inhumation a symboliquement eu lieu 143 ans jour pour jour après leur décapitation, pendant la grande révolte kanak de 1878

NOUMEA, France : Le grand chef kanak Ataï, considéré par sa communauté comme le héros de la révolte de 1878 en Nouvelle-Calédonie contre le colonisateur français, a été inhumé sa terre natale 143 ans après sa mort.

A La Foa, au lieu-dit Wéréha, au milieu des plaines d'herbe grasse typiques des paysages du centre-ouest de l'archipel, un caveau gris abrite depuis mercredi les dépouilles mortelles d'Ataï, dont la tête avait été expédiée en France au lendemain de sa mort et restituée seulement en 2014, et de son sorcier.

Huit gigantesques poteaux en bois, sculptés dans chacune des aires coutumières du pays, veillent sur le repos des deux hommes, dont l'histoire n'a retenu que le nom du premier.

Leur inhumation a symboliquement eu lieu 143 ans jour pour jour après leur décapitation, pendant la grande révolte kanak de 1878.

La France, qui avait pris possession de la Nouvelle-Calédonie 25 ans auparavant, a tout de suite compris le potentiel agricole de la région de La Foa et tenté d'y établir des colons en leur attribuant des vastes concessions.

Mais cette année-là, la sécheresse complique la cohabitation entre Européens et Kanak. Fin juin 1878, pour la première fois depuis le début de la colonisation, plusieurs clans se révoltent, dont celui d’Ataï, et mènent des raids contre les fermes et l'administration coloniale.

La région, puis la Calédonie entière s'embrase, Ataï est tué le 1er septembre par un supplétif kanak combattant aux côtés de l'armée française.

La révolte qui durera quelques mois encore, fera un millier de morts parmi les Kanak et 200 chez les Européens, laissant des cicatrices profondes dans les deux communautés.

Ataï deviendra le symbole de la résistance kanak à la colonisation et son portrait est aujourd'hui fièrement arboré sur les drapeaux et les tee-shirts de la jeunesse indépendantiste.

- Symbolique -

Sa tête, expédiée en France, a longtemps été déclarée perdue, jusqu'à ce qu'elle soit découverte dormant sur une étagère des réserves du musée de l'Homme à Paris en 2011. Il faudra encore attendre trois ans, avant que l'État français ne la restitue en 2014. Et encore sept ans, avant qu'un consensus ne se dessine sur le lieu de l'inhumation.

Avec cette inhumation hautement symbolique, les organisateurs entendent démontrer que les choses ont changé. La structure même du "comité mémoriel" chargé de l'événement en témoigne: elle associe l'État, les coutumiers, les collectivités locales et l'association des pionniers (descendants de colons libres et de déportés).

Le choix du site est lui aussi symbolique de cette volonté de réconciliation. Les cinq hectares qui abriteront à terme un centre mémoriel sont certes situés sur la terre natale d’Ataï, mais ils sont surtout enclavés dans des vastes exploitations appartenant à des propriétaires terriens européens, descendants de victimes de l"insurrection kanak.

Mais à moins de quatre mois du dernier référendum d'autodétermination prévu par l'accord de Nouméa, le 12 décembre prochain, la politique a vite eu fait de tailler en brèche l'unité affichée.

Invité à prendre la parole, le grand chef Berger Kawa, cheville ouvrière du retour d'Ataï mais aussi personnalité controversée, a appelé "à voter oui à l'indépendance pour poursuivre le combat d'Ataï".

Des paroles, exprimées devant des cercueils, en pleine cérémonie mortuaire, qui ont aussitôt déclenché de vives réactions du maire de La Foa Nicolas Metzdorf et de la présidente de la province Sud Sonia Backes, représentants du camp non-indépendantistes.

"La mort est douloureuse, elle nous oblige tous à l'humilité", a répondu dans une tentative d’apaisement le président du gouvernement (indépendantiste) Louis Mapou.

"Pour nous, les Kanak, les morts sans sépulture hantent les montagnes, les rivières et les forêts, perturbant la tranquillité des vivants, aujourd'hui les deux vieux vont enfin pouvoir se reposer", a insisté Yvon Kona, actuel président du Sénat coutumier.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.