A Tunis, le centre-ville à l'européenne menacé de disparition

Certains habitants ont effectué des réparations qui ont dénaturé le patrimoine architectural tandis que d'autres bâtisses abandonnées font office de décharges ou de squats. (AFP)
Certains habitants ont effectué des réparations qui ont dénaturé le patrimoine architectural tandis que d'autres bâtisses abandonnées font office de décharges ou de squats. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 septembre 2021

A Tunis, le centre-ville à l'européenne menacé de disparition

  • «On ne peut pas parler de la ville arabe sans évoquer en même temps la ville européenne qui constitue le centre de Tunis, ce sont les deux côtés du même coeur» de la ville
  • Ces bâtiments d'architecture européenne ont été construits au XIXe et XXe siècles aux portes de la médina, vieille ville traditionnelle arabe

TUNIS: Dans le centre de Tunis, de nombreux immeubles art déco ou art nouveau, typiques de la ville moderne créée pendant la colonisation française, se délitent, faute de rénovations et face à l'appétit des promoteurs immobiliers.


Ces bâtiments d'architecture européenne ont été construits au XIXe et XXe siècles aux portes de la médina, vieille ville traditionnelle arabe, pour constituer un centre-ville "moderne" adapté aux besoins de l'industrialisation.


Ils ont été habités par des colons jusqu'à leur départ précipité après l'indépendance de la Tunisie en 1956.

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65 ans plus tard, beaucoup de bâtiments délabrés sont menacés de destruction, faute de stratégie de rénovation de l'Etat, qui a saisi une partie des bâtiments. (AFP)


Mais 65 ans plus tard, beaucoup de bâtiments délabrés sont menacés de destruction, faute de stratégie de rénovation de l'Etat, qui a saisi une partie des bâtiments.


Au moins 160 présentent des risques d'effondrement, selon le dernier recensement officiel de 2019.


Certains habitants ont effectué des réparations qui ont dénaturé le patrimoine architectural tandis que d'autres bâtisses abandonnées font office de décharges ou de squats. 

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Au moins 160 présentent des risques d'effondrement, selon le dernier recensement officiel de 2019. (AFP)


Enfin, certains bâtiments sont menacés par des promoteurs immobiliers qui tentent de leur mettre la main dessus pour les raser et les remplacer par des constructions modernes. 

Perles d'Art déco 
"Je résiste depuis longtemps", affirme Imed Tahenti, dernier habitant d'un immeuble déserté, situé à un jet de pierre de la principale avenue de la capitale, bordée de bâtiments de style haussmannien.


Il dénonce la pression d'un intermédiaire immobilier qui a annoncé aux locataires avoir racheté l'immeuble dans les années 1970 et souhaite désormais faire évacuer les lieux.

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Certains bâtiments sont menacés par des promoteurs immobiliers qui tentent de leur mettre la main dessus pour les raser et les remplacer par des constructions modernes. (AFP)


M. Tahenti, sexagénaire et boulanger de métier, craint que l'objectif du propriétaire soit de démolir le bâtiment, jamais entretenu, pour mieux valoriser le terrain avec des bureaux modernes. 


Et il regrette surtout de ne pas avoir été informé de la vente du bien, rappelant que la loi faisait pourtant de lui, en tant que locataire depuis 1956, un acquéreur potentiel prioritaire.


Volutes fantaisistes, hauts plafonds, faïences et carrelages artisanaux, escaliers en colimaçon: l'immeuble en question est une perle du mouvement Art déco, né dans les années 1910. 


Construits par des architectes et des entrepreneurs italiens et français, ces constructions pâtissent cependant de leur association à la colonisation française et son lot d'exploitation.


Mais "on ne peut pas parler de la ville arabe sans évoquer en même temps la ville européenne qui constitue le centre de Tunis, ce sont les deux côtés du même coeur" de la ville, estime l'architecte Dhouha Al-Jalasi.

Patrimoine 
Les Européens constituaient une bonne partie de la population tunisienne au début du XXe siècle. Et, après l'indépendance, la Constitution de 1857 leur a permis de posséder des terres et de construire des maisons. 


Les quartiers européens se sont développés ainsi dans différentes villes, comme Tunis.


Cependant, beaucoup des premiers propriétaires ont finalement quitté le pays pour l’Europe, après la déclaration d'indépendance du pays et en plein conflit israélo-arabe. 


Selon les statistiques officielles communiquées fin 2020, le nombre de biens étrangers en Tunisie s'élève à 12 305, dont 7 645 ont été cédés aux autorités tunisiennes dans le cadre de contrats immobiliers franco-tunisiens.


L'Association Bâtiments et souvenirs a appelé récemment à une "stratégie constructive" pour "préserver le paysage architectural historique".


Mais ces défenseurs du patrimoine ont peu d'espoir de faire bouger les choses, au moment où le pays traverse une des crises économique et politique parmi les plus graves de son histoire.


Bertrand Ficini, directeur adjoint de l'Agence française de développement (AFD) ne se montre pas plus optimiste. 


"Compte tenu du financement relativement faible que nous avons pu collecter ces dernières années, la conservation du patrimoine, notamment européen, n'est pas une priorité pour nos partenaires", déplore-t-il. 


Fin 2020, l'AFD s'est tout de même engagée à hauteur de 12 millions d’euros pour un projet de rénovation de vieilles villes, dont des quartiers européens, a affirmé M. Ficini à l'AFP.


Mais la ville européenne de Tunis reste menacée par un projet de loi sur les "bâtiments en ruine à détruire", présenté au Parlement en 2018 et concernant 5 000 bâtiments. Le projet a seulement été reporté sous la pression de la société civile. 


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.