LONDRES : Le secteur pétrolier et gazier au Royaume-Uni a annoncé mercredi vouloir investir "21 milliards de livres sur cinq ans" dans l'exploration et le forage d'hydrocarbures, en dépit d'alertes lancées par des scientifiques ou des militants écologistes sur l'urgence climatique.
L'Agence internationale de l'énergie avait notamment averti en mai que le monde devrait renoncer dès à présent à tout nouveau projet pétrolier ou gazier pour espérer modérer le réchauffement.
Cette annonce intervient en outre le jour même où s'ouvre une procédure en justice lancée en Écosse par Greenpeace contre un permis de forage accordé par le gouvernement britannique au géant pétrolier BP en mer du Nord.
Les hydrocarbures représenteront encore "la moitié des besoins énergétiques" du pays jusqu'à 2050, date à laquelle Londres s'est fixé un objectif de neutralité carbone, a fait valoir mercredi dans un rapport l'association professionnelle Oil and Gas UK (OGUK), qui représente le secteur pétrolier et gazier.
Ces investissements permettraient de produire 2,7 milliards de barils équivalents pétrole, dont une partie via de nouveaux projets ou champs d'hydrocarbures, a précisé l'association.
Jusqu'à 18 nouveaux projets pourraient ainsi voir le jour en Mer du Nord, selon les informations du Financial Times, un chiffre que l'OGUK, interrogée par l'AFP, n'a pas confirmé.
"Nous savons tous qu'un changement est nécessaire, la question est de savoir à quelle vitesse on change", a estimé Deirdre Michie, directrice générale de l'OGUK dans un communiqué.
"Couper la production domestique de pétrole et de gaz plus rapidement que l'on ne peut réduire la demande risque de nous rendre davantage dépendants d'autres pays, qui souvent génèrent plus d'émissions" de carbone, fait-elle valoir.
La justice écossaise examine mercredi et jeudi une plainte de Greenpeace sur le projet de Vorlich, constitué de deux puits situés à environ 240 km à l'est d'Aberdeen en Écosse. La décision pourrait se faire attendre plusieurs mois.
Greenpeace espère que cette affaire pourra avoir des conséquences sur un autre permis, concernant le champ pétrolier de Cambo vers les îles écossaises Shetland, que le gouvernement est sur le point de valider et qui pourrait lui aussi faire l'objet d'un recours en justice d'associations de défense de l'environnement.
Mel Evans, un responsable de Greenpeace pour le Royaume-Uni, a dénoncé mercredi le" lobbying à peine déguisé" du secteur pétrolier et gazier, qui soutient "une +transition verte+ tout en dépensant des milliards pour extraire de nouveaux combustibles fossiles".