Nigeria: après la déradicalisation, la désillusion des repentis de Boko Haram 

Dans cette région ravagée par le conflit, où 4,3 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire selon l’ONU, les millions de dollars investis pour réhabiliter les anciens combattants sont parfois très mal vus par la population qui manque de tout. (Photo, AFP)
Dans cette région ravagée par le conflit, où 4,3 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire selon l’ONU, les millions de dollars investis pour réhabiliter les anciens combattants sont parfois très mal vus par la population qui manque de tout. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 02 septembre 2021

Nigeria: après la déradicalisation, la désillusion des repentis de Boko Haram 

  • Abubakar, 48 ans, cultivait ses champs et ne manquait de rien, jusqu’au jour où Boko Haram a envahi son village de l’Etat du Borno, épicentre de l’insurrection
  • «Malgré la peur d'être capturés par les djihadistes, rester n’était pas une option»

MAIDUGURI: Assis sur des nattes, quatre hommes aux frêles silhouettes battues par le vent du désert cousent de petits chapeaux traditionnels, histoire de rompre l’ennui. Non loin, les femmes font bouillir des marmites et les enfants jouent entre les abris de tôle érigés sur la terre sèche.


Dans le Nord-Est du Nigeria, la scène est banale. Elle se répète à l'infini dans les innombrables camps qui accueillent quelque deux millions de déplacés fuyant l'insurrection jihadiste de Boko Haram.


Mais ce n’est pas vraiment l’avenir qu’avaient imaginé Aliyu, Abubakar, Muhammad et Mallam - dont les noms ont été changés par mesure de sécurité: présentés comme d'anciens combattants du groupe islamiste Boko Haram, ils ont intégré le programme de "déradicalisation" du gouvernement nigérian.


Après des années de détention traumatisantes, selon eux, dans des cellules sales et surpeuplées, les quatre hommes ont fini par échouer dans ce camp, sans argent ni travail, bien loin du nouveau départ que leur avait promis le gouvernement.


Le Nigeria a lancé en 2016 l’Opération "Safe Corridor", offrant la possibilité de déposer les armes à ceux qui se portent volontaires. Il mène en parallèle des offensives militaires contre les insurgés de Boko Haram et de sa branche dissidente, L’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Le conflit a fait plus de 40 000 morts en 10 ans.


Mais tous ne sont pas éligibles. Les profils des combattants sont d'abord passés au peigne fin pour sélectionner ceux qui présentent une menace "faible", avant leur transfert dans un centre de déradicalisation à Mallam Sidi, une ville de l’Etat de Gombe (Nord-Est).


Pendant six mois, ils sont censés suivre des cours d’alphabétisation, une formation professionnelle et religieuse et reçoivent une aide psychosociale.


Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Grande-Bretagne ont déboursé des millions de dollars pour financer le programme, soutenu par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et coordonné par l’armée nigériane.

Détenus par «erreur»

Pour son patron, le général Mohammed Maina, "l'opération Safe Corridor a enregistré d'énormes succès".


"Plus de 800 ex-combattants repentis ont été déradicalisés, réhabilités et réintégrés avec succès", a-t-il assuré dans une réponse écrite à l'AFP début juillet.


D'autres pourraient bientôt suivre: l'armée a annoncé début août examiner les cas de 335 combattants qui se sont récemment rendus.


Pourtant, d’après les quatre hommes rencontrés, le parcours de sortie est assez éloigné de la version officielle: ils affirment avoir été détenus pendant des années sans faire l’objet de poursuites et dans des conditions très rudes, avant de pouvoir accéder au programme de réhabilitation.


Pire, deux d'entre eux, Abubakar et Mallam se présentent comme des cultivateurs n’ayant jamais collaboré avec les jihadistes et détenus à tort avec beaucoup d’autres citoyens ordinaires, y compris des enfants.


Leurs parcours individuels sont difficiles à vérifier, mais ces dernières années, plusieurs rapports, notamment de l’Agence américaine de développement (Usaid) et de l'ONG Amnesty International, ont documenté des centaines de témoignages similaires.


Dans un rapport publié cette année, le think-tank International Crisis Group (ICG) rapporte que, selon les personnes ayant suivi le programme qu’il a interrogées, pas plus d’un quart des pensionnaires du centre de réhabilitation étaient réellement membres de Boko Haram


"La plupart des autres (...) sont des civils ayant fui les zones contrôlées par Boko Haram, que les autorités ont considéré à tort comme des jihadistes et détenus avant de les inclure dans Safe Corridor", affirme le rapport.


Des allégations démenties par le général Maina: "les ex-combattants sont sélectionnés après un profilage et une enquête approfondis".


Par ailleurs, selon une source très bien informée et ayant requis l'anonymat, plusieurs dizaines d’ex-combattants de haut rang -- dont des commandants -- sont également passés par le centre de déradicalisation de Gombe, dans le cadre d'un programme différent.

«Pris au piège»

Abubakar, 48 ans, cultivait ses champs et ne manquait de rien, jusqu’au jour où Boko Haram a envahi son village de l’Etat du Borno, épicentre de l’insurrection.


A partir de ce jour-là, "mes revenus ont commencé à diminuer parce qu'ils prenaient nos récoltes (...) même la nourriture que nous préparions", raconte ce père de trois enfants.


"Ils nous observaient, nous surveillaient (...) nous étions pris au piège. Nous n’avions pas le choix, ils avaient des armes."


Mallam, 52 ans, cultivait du sorgho et des haricots dans un autre village du Borno.


Quand ils sont arrivés, les jihadistes ont ordonné aux hommes de laisser pousser leur barbe et aux femmes de rester à la maison. Il raconte avoir une fois reçu 80 coups de fouet pour avoir acheté des cigarettes.


Les deux agriculteurs ont décidé de s'échapper avec leurs familles.


"Nous sommes partis au milieu de la nuit (...) Nous étions une centaine", affirme Abubakar qui avait entendu à la radio le gouvernement appeler les civils à quitter les zones occupées par Boko Haram.


Malgré la peur d'être capturés par les djihadistes, rester n’était pas une option.


"Nous savions qu'un jour ils nous tueraient parce que nous ne les acceptions pas", explique Mallam, qui a cinq enfants.


Mais une fois en territoire contrôlé par l'armée, les deux agriculteurs affirment avoir été arrêtés. Soupçonnés de soutenir les insurgés, ils ont été emmenés à la caserne de Giwa, aux conditions de détention tristement célèbres, à Maiduguri, la capitale du Borno.


Ce ne serait que la première étape d'un long parcours carcéral.

«Pas de nourriture, pas de toilettes»

Abubakar et Mallam assurent y avoir passé respectivement huit et quatre mois.


"Il n'y avait pas de nourriture, pas de toilettes, des parasites partout (...) les gens mouraient tous les jours", raconte Mallam.


Abubakar et son fils de 13 ans occupaient une cellule avec 450 personnes. "Nous devions tous nous tenir debout tellement c'était plein", se souvient-il.


Puis ils ont été séparés. Mallam assure avoir appris la libération de son fils au bout de quelques mois à Giwa, seulement six ans plus tard, à sa sortie du programme.


En 2016, Amnesty avait accusé l'armée de détenir en masse et sans "aucune preuve" des membres et sympathisants présumés de Boko Haram sur des sites militaires, tels que Giwa.


"Ils ont dû être impliqués, volontairement ou non", a réagi le porte-parole de l'armée, Onyema Nwachukwu, à propos des agriculteurs Mallam et Abubakar. "Nous ne détenons pas les gens de manière arbitraire", a-t-il déclaré à l'AFP.


Pour les militaires, tout activité consistant à fournir des vivres, du carburant ou des médicaments à Boko Haram, même sous la contrainte, suffit à rendre quiconque suspect.


D’après M. Nwachukwu, l’armée "n'arrête pas les enfants" mais les femmes détenues après avoir rejoint les rangs de Boko Haram demandent parfois à garder leurs enfants avec elles.

«Se battre était notre devoir»

Les anciens combattants Aliyu et Muhammad ont eux aussi séjourné à la caserne de Giwa après leur rédition, et en gardent un souvenir amer.


"Ils nous ont dit que nous allions passer deux à trois mois à Giwa (…) mais cela s'est transformé en 18 mois", a déclaré Muhammad. "C'était vraiment horrible".


Aliyu avait 18 ans lorsqu’un voisin a commencé à lui parler du "gouvernement corrompu", à lui enseigner sa vision de l’islam et à lui donner de l’argent. C'est comme ça qu’il s’est "radicalisé".


Un jour, il a quitté village et parents, jusqu’à la forêt de Sambisa, principal fief de Boko Haram.


Après avoir étudié le Coran et s’être formé au maniement des armes, Aliyu, aujourd'hui âgé de 28 ans, est devenu trafiquant d'armes, puis combattant, prenant part à de "grandes attaques".


"Nous l'avons fait à cause de la religion", assure-t-il. "C'était notre devoir".


Muhammad, 25 ans, était encore enfant et mendiait dans la rue quand il a rencontré un prédicateur qui lui a parlé de Mohammed Yusuf, le fondateur de Boko Haram.


L'homme, devenu son mentor, l'a envoyé dans une école religieuse à "Fallujah" - les jihadistes nigérians donnent souvent aux lieux des surnoms irakiens ou afghans – avant de partir pour le "jihad".


"J'étais impatient de me battre", raconte Muhammad, alors analphabète.  "Je comprenais que nous étions en guerre contre le gouvernement. On nous enseignait que c’était la bonne voie."


Tous deux disent avoir fait partie de Boko Haram pendant environ six ans, mais peu à peu, l‘engouement du début a fait place au doute face à l’attitude de leurs compagnons d’armes.


"Ils faisaient des choses sans raison (...) tuer, voler, ce qui est contraire aux enseignements religieux. Et j’en ai vu certains prendre de la drogue", raconte Muhammad.


À l'époque, la contre-offensive de l’armée nigériane, grâce au soutien militaire des pays voisins comme le Tchad et le Cameroun, lui permet de reprendre certains pans de territoire occupés par les insurgés.


Quand les deux apprenti-jihadistes entendent parler de l’opération "Safe corridor", et de la possibilité de suivre une formation professionnelle, ils décident de franchir le pas.


Mais ils devront attendre près de deux ans avant de pouvoir rejoindre le programme de déradicalisation.

«Alternatives viables»

Le porte-parole de l'armée, M. Nwachukwu, reconnaît que le processus n’est "pas automatique", estimant qu’il faut du temps "pour s’assurer qu'ils ont véritablement abandonné la lutte".


Les donateurs et partenaires internationaux ont émis de nombreuses critiques sur le "profilage" qui vise aussi à repérer les suspects de plus grande envergure en vue d'éventuelles poursuites.


Cela "reste opaque, sans supervision indépendante, sans archivage ni définition publique des critères de sélection", a souligné l'Usaid dans un rapport.


Les repentis Muhammad et Aliyu disent que l'essentiel de leurs codétenus n'étaient pas des jihadistes.


"Dans ma cellule de 260 personnes, nous étions 12 vrais Boko Haram", assure Aliyu.


"C'est franchement de l'injustice", renchérit Muhammad. Parmi ses 300 co-détenus, "les vrais Boko Haram n’étaient pas plus de 20".


L’AFP n’a pas pu vérifier ces chiffres. Le directeur du programme, M. Maina, assure que le processus de vérification à Giwa "est peut-être imparfait, mais il est toujours très minutieux".


Dans des documents officiels consultés par l'AFP, le gouvernement nigérian reconnaît que certains "collaborateurs"  – volontaires ou contraints- de Boko Haram sont victimes de l'insurrection, mais affirme que Safe Corridor leur offre des "alternatives viables".


Après Giwa, pour la deuxième phase de leur détention, les agriculteurs Abubakar et Mallam ont été transférés à la prison de haute sécurité de Maiduguri, où ils ont passé trois années de plus sans être inculpés.


"J'espérais que les militaires me protègent, mais ça a été le contraire", dit aujourd’hui Abubakar.


Aliyu, Muhammad, Abubakar et Mallam sont finalement arrivés à leur destination: le centre de réhabilitation de Gombe. Pendant un an, ils ont pu apprendre à lire et écrire, la menuiserie et la soudure ou encore s'entretenir avec des éducateurs sociaux.


"Nous pouvions dormir, nous avions des moustiquaires, des oreillers", explique Abubakar.


Ils ont lu des textes qui contredisent le discours jihadiste. Les deux ex-combattants admettent que le programme a modifié leur point de vue.


"Aujourd'hui, si quelqu'un voulait partir faire le jihad, je lui dirais +suis ta propre religion chez toi, mais ne va pas te battre+", a déclaré Aliyu.


"Ils (Boko Haram) ont trahi ma compréhension du jihad pour servir leurs intérêts personnels", assène Muhammad.


Mais pour les deux agriculteurs, Abubakar et Mallam, le séjour à Gombe n'était qu'une détention prolongée de plus: "nous avons été envoyés là-bas pour souffrir", s'insurge Mallam.

Pas de travail 

Quel avenir attendait finalement ces hommes après toutes ces années passées derrière les barreaux et au centre de déradicalisation?


Après avoir prêté allégeance à l'Etat nigérian et promis de ne pas retourner combattre, les pensionnaires de Gombe reçoivent généralement 20 000 nairas chacun (environ 42 euros) et sont envoyés dans un centre de transit avant d'être libérés.


"Des liens sont établis avec les communautés" pour préparer leur retour et les autorités locales sont chargées d’assurer leur réintégration, selon M. Nwachukwu.


Lorsque Mallam a retrouvé sa femme après presque cinq ans de détention, la faim l'avait complètement transformée.


"Elle avait vécu dans un camp où il n'y a pas de nourriture (...) Mes parents sont morts et tous nos enfants souffrent de malnutrition."


Même les anciens combattants Aliyu et Muhammad, qui répondaient aux critères d’anciens combattants à "faible risque" et ont bénéficié d’une amnistie, remettent en cause la réussite du programme.


Ils vivent désormais comme des parias et gagnent à peine un euro par jour dans un camp de déplacés, sans perspective d’avenir, stigmatisés par leur communauté.


"Ils nous ont parlé d'emploi, mais au final, il n'y a pas d'emploi", regrette Muhammad. "Quel type de vie est-ce là ? Je regrette de m'être rendu".


Dans cette région ravagée par le conflit, où 4,3 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire selon l’ONU, les millions de dollars investis pour réhabiliter les anciens combattants sont parfois très mal vus par la population qui manque de tout.


"Les efforts de réintégration sont louables (...) mais il y a beaucoup d'animosité, les gens sont en colère", explique Mariam Oyiza qui dirige une association soutenant les femmes victimes de violences.


Malgré tout, alors que des centaines de défections ont été enregistrées ces derniers mois, le gouvernement fédéral et les donateurs espèrent que le programme encouragera des milliers d'autres insurgés à déposer les armes.


Pour cela, les autorités nigérianes doivent montrer qu'elles "sont capables d’accompagner les détenus jusqu'à l'obtention de leur diplôme et de les réintégrer dans la société en toute sécurité", estime l'ICG. "À ce jour, Safe Corridor n'est pas en mesure d'offrir ce type d'assurances".


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.

 


Un pétrolier touché par un missile au large du Yémen

Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
Un missile tiré par les rebelles huthis du Yémen a touché un vraquier dans le golfe d'Aden le 6 mars 2024. L'équipage avait fait état de trois morts et d'au moins quatre blessés, selon l'armée américaine. (Photo Indian Navy AFP)
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  • Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey
  • Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden

DUBAÏ, Emirats Arabes Unis : Un pétrolier battant pavillon panaméen a été touché par un missile au large du Yémen, où les rebelles houthis multiplient les attaques contre les navires marchands, a rapporté samedi la société de sécurité maritime Ambrey.

Une communication radio «indique que le navire a été touché par un missile et qu'il y a un incendie dans le compartiment de pilotage de l'appareil», a affirmé la société britannique selon laquelle l'attaque s'est produite à environ 10 miles nautiques au sud-ouest de la ville yéménite de Mokha.

L'agence de sécurité maritime britannique UKMTO avait fait état plus tôt d'une attaque à 76 miles nautiques au sud-ouest de la ville de Hodeidah, également sur la mer Rouge, sans que l'on sache s'il s'agit du même navire.

«Un navire a subi de légers dégâts après avoir été touché par un projectile non identifié», a affirmé UKMTO sur son compte X, en précisant que l'équipage était sain et sauf et que le navire avait poursuivi sa route vers son prochain port d'escale.

Les Houthis, qui contrôlent la ville de Hodeidah ainsi que de larges pans du territoire yéménite, ont mené depuis novembre des dizaines de frappes de drones et de missiles contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique.

Alliés de l'Iran, ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, où Israël a déclenché la guerre contre le Hamas après l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien.

Face à ces attaques, les Etats-Unis, proché allié d'Israël, ont mis en place en décembre une force multinationale pour protéger la navigation en mer Rouge et lancé en janvier, avec l'aide du Royaume-Uni, des frappes au Yémen contre les rebelles qui disent depuis qu'ils ciblent aussi les navires américains et britanniques.