Nigeria: la reddition de djihadistes fait débat sur la stratégie de guerre

Les forces de sécurité au Nigeria sur le site d'une attaque imputée au groupe djihadiste Boko Haram en périphérie de Maiduguri, le 12 février 2021. (Archives AFP)
Les forces de sécurité au Nigeria sur le site d'une attaque imputée au groupe djihadiste Boko Haram en périphérie de Maiduguri, le 12 février 2021. (Archives AFP)
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Publié le Samedi 28 août 2021

Nigeria: la reddition de djihadistes fait débat sur la stratégie de guerre

  • L'armée nigériane affirme que les défections massives des insurgés sont le résultat de l'intensification d'une campagne contre leurs camps
  • Mais ces redditions sont probablement davantage liées aux pertes récentes de Boko Haram dans ses luttes contre des djihadistes rivaux

MAIDUGURI, NIGERIA : La diffusion d'images de djihadistes défaits et leurs familles se rendant à l'armée a provoqué un vif débat au Nigeria sur les véritables succès de l'armée dans sa longue guerre et sa stratégie face à des insurgés quittant la brousse.

Des dizaines de membres de Boko Haram ont été montrés sur des images de l'armée, en août, en train de se rendre à des soldats dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria. Certains tenaient des pancartes écrites à la main pour demander pardon aux Nigérians.

L'armée nigériane affirme que les défections massives des insurgés sont le résultat de l'intensification d'une campagne contre les camps de djihadistes pour mettre fin à un conflit vieux de 12 ans. Cette guerre a fait 40.000 morts et deux millions de personnes déplacées.

Mais selon des analystes et des sources sécuritaires, ces redditions sont probablement davantage liées aux pertes récentes de Boko Haram dans ses luttes contre des djihadistes rivaux du groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest, l'Iswap.

L'insurrection djihadiste qui a commencé en 2009 avec les attaques du groupe Boko Haram, est désormais presque exclusivement menée par l'Iswap.

Depuis mai et la mort du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, lors d'affrontements avec des combattants de l'Iswap, ces derniers ont consolidé leur contrôle sur les territoires du nord-est. 

L'armée nigériane a affirmé qu'environ mille membres repentis de Boko Haram se sont récemment rendus avec leurs familles, principalement dans l'État de Borno, au cœur du conflit.

Les défections de djihadistes ne sont pas rares au Nigeria. Mais pour l'armée, la récente vague de redditions est une preuve de ses succès militaires.

"Nous progressons et nous obtenons des résultats, et si nous continuons, et nous devrions le faire, nous pourrions conclure cet épisode dans le nord-est", a récemment déclaré le lieutenant-général Farouk Yahaya.

"Nous appelons les autres (djihadistes) qui se cachent dans la brousse à se rendre et à déposer les armes comme leurs collègues", a-t-il dit.

L'Iswap tue ceux qui résistent

Pour Vincent Foucher, chercheur au Centre national français de recherche scientifique (CNRS), la montée de l'Iswap après la mort de Shekau constitue la clé des défections, y compris pour les civils contraints de vivre sous Boko Haram et leurs combattants. 

"Ils ont perdu le pouvoir face à l'Iswap et ils sentent qu'ils ne peuvent pas continuer à vivre comme avant sous le contrôle de l'Iswap", a-t-il déclaré. "Il est possible que certains commandants supérieurs se soient rendus, car ce sont eux qui ont le plus à perdre sous l'Iswap".

Le conflit au Nigeria a fluctué depuis son apparition en 2009. Boko Haram contrôlait certaines villes et de larges portions rurales du nord-est en 2014 avant d'en être chassé par les forces tchadiennes. 

Une scission au sein de Boko Haram sur la stratégie menée par Shekau a conduit à l'émergence de l'Iswap. Mais la mort du chef de Boko Haram semble avoir été un tournant majeur dans le conflit.

Selon des sources sécuritaires, des chefs de l'Iswap éliminent régulièrement des factions de Boko Haram, tuent ceux qui résistent et offrent à ceux qui restent le choix de vivre sous l'Iswap ou de partir.

Goût amer 

Les redditions de djihadistes de Boko Haram mettent également à l'épreuve le gouverneur de l'Etat de Borno, Babanaga Umara Zulum, alors que la colère gronde à Maiduguri, sa capitale, où des milliers de personnes déplacées par les violences vivent dans des camps.

De nombreux habitants redoutent également que d'ex-djihadistes puissent réintégrer la société. 

"Nous devons choisir entre une guerre sans fin ou accepter prudemment des terroristes qui se sont rendus, ce qui est vraiment douloureux et difficile pour tous ceux qui ont perdu des êtres chers", a déclaré M. Zulum dans un communiqué. 

Le Nigeria a mis en place un programme, "Safe Corridor", qui vise à réhabiliter d'anciens djihadistes pour les inciter à rendre les armes. 

Selon M. Zulum, parmi les personnes qui se sont rendues récemment, nombreuses étaient celles qui ont été enrôlées contre leur gré. 

"À moins que nous ne voulions continuer une guerre sans fin, je ne vois aucune raison pour laquelle nous devrions rejeter ceux qui souhaitent se rendre", a-t-il déclaré aux journalistes.

Mais pour de nombreux habitants de Maiduguri, cette situation laisse un goût amer. 

"Ils vont réhabiliter ces terroristes, ils vont leur donner (...) une certaine somme d'argent pour recommencer leur vie. Nous sommes diplômés et qu'a fait le gouvernement pour nous ?", lance un habitant de Maiduguri, Guru.

"Vous ne pouvez pas tuer mon père, tuer ma mère, tuer mon frère, et (ensuite entendre) le gouvernement dire on vous pardonne et vous pourrez venir vous réinstaller dans la ville. Vous ne pouvez pas réhabiliter un terroriste en seulement six mois."


Meta accepte de payer 25 millions de dollars à Trump après sa plainte sur la suspension de ses comptes

Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg (C), assiste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis dans la rotonde du Capitole à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (AP)
Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg (C), assiste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis dans la rotonde du Capitole à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (AP)
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  • Meta a accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram
  • Le président américain avait porté plainte contre Meta et son fondateur, Mark Zuckerberg, en estimant être victime de censure après avoir été exclu de Facebook et d'Instagram le 7 janvier 2021

WASHINGTON: Meta a accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram, a annoncé mercredi à l'AFP un porte-parole du groupe.

Le président américain avait porté plainte contre Meta et son fondateur, Mark Zuckerberg, en estimant être victime de censure après avoir été exclu de Facebook et d'Instagram le 7 janvier 2021, lors de son premier mandat, pour avoir encouragé ses partisans lors de l'assaut du Capitole à Washington la veille.

Le Wall Street Journal a été le premier à faire état de cet accord, dont un porte-parole de Meta a ensuite confirmé la teneur à l'AFP.

La décision sans précédent de Meta avait été imitée à l'époque par la plupart des réseaux sociaux grand public, dont Twitter.

Meta avait annoncé deux ans plus tard mettre fin à la suspension des comptes de Donald Trump.

Depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, le républicain a beaucoup misé sur les magnats de la technologie, oubliant sa rancune à l'égard de Mark Zuckerberg, qui a assisté à sa cérémonie d'ouverture.

Le patron du groupe californien a multiplié les annonces ce mois-ci pour aligner sa société avec la nouvelle administration américaine.

Il a nommé plusieurs alliés du président à des postes clefs et mis fin à des programmes (anti-désinformation, pro-diversité, pro-modération des contenus) très critiqués par les conservateurs.


Suède: l'homme ayant brûlé des exemplaires du Coran en 2023 tué par balles

Salwan Momika, un Irakien de 38 ans qui avait organisé plusieurs incendies et profanations de Coran en Suède, a été tué lors d'une fusillade. (FILE/AFP)
Salwan Momika, un Irakien de 38 ans qui avait organisé plusieurs incendies et profanations de Coran en Suède, a été tué lors d'une fusillade. (FILE/AFP)
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  • Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi
  • Une enquête pour meurtre a été ouverte et la police a annoncé en milieu de matinée que cinq personnes avaient été arrêtées

STOCKHOLM: Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi.

Un tribunal de Stockholm devait rendre son jugement jeudi sur les accusations d'incitation à la haine portées contre lui. Il a indiqué avoir reporté sa décision au 3 février "suite à la confirmation du décès de M. Momika".

La police a expliqué avoir été appelée pour des tirs mercredi soir dans un immeuble d'habitation à Sodertälje, à 40 km au sud-ouest de Stockholm, où vivait cet Irakien de confession chrétienne.

A son arrivée dans l'immeuble, elle a trouvé "un homme touché par balles qui a été emmené à l'hôpital", avant d'indiquer plus tard qu'il était mort, sans citer son nom.

Une enquête pour meurtre a été ouverte et la police a annoncé en milieu de matinée que cinq personnes avaient été arrêtées.

"Je peux confirmer que nous enquêtons sur le meurtre de Salwan Momika", a dit de son côté le procureur Rasmus Öman à l'AFP.

"Nous n'en sommes qu'au stade initial, cela ne fait même pas 24 heures. Il y a donc beaucoup d'informations à recueillir. Cinq personnes soupçonnées d'être impliquées dans cette affaire ont été arrêtées", a-t-il ajouté.

Selon plusieurs médias, Momika était en direct sur les réseaux sociaux et son meurtre a peut-être été filmé. Le quotidien Aftonbladet affirme que le meurtrier a pu s'infiltrer dans l'immeuble par le toit.

En août, Momika, ainsi qu'un autre homme, Salwan Najem, ont été renvoyés en jugement pour "agitation contre un groupe ethnique" à quatre reprises au cours de l'été 2023.

Selon l'acte d'accusation, le duo a profané le Coran, y compris en le brûlant tout en faisant des remarques désobligeantes sur les musulmans, notamment une fois à l'extérieur d'une mosquée de Stockholm.

"Je suis le prochain sur la liste", a dit Salwan Najem sur X après la mort de Momika.

-Permis de séjour révoqué-

En mars 2023, Momika s'était rendu en Norvège après la révocation de son permis de séjour suédois mais il avait été expulsé du pays et était revenu en Suède.

L'agence suédoise des Migrations avait révoqué le permis de séjour de Momika, disant qu'il leur avait fourni de fausses informations lors de sa demande d'asile. Un permis temporaire lui avait cependant été octroyé, faute de pouvoir le renvoyer en Irak.

Les relations entre la Suède et plusieurs pays du Moyen-Orient se sont déteriorées à l'été 2003 en raison des actes de profanation du Coran perpétrés par les deux hommes.

En juillet 2023, des manifestants irakiens ont pris d'assaut l'ambassade de Suède à Bagdad à deux reprises, déclenchant la seconde fois des incendies dans l'enceinte de la représentation diplomatique.

En août de la même année, le service de renseignement suédois Sapo avait relevé son niveau de menace à quatre sur une échelle de cinq, les profanations du Coran ayant fait du pays une "cible prioritaire".

Le gouvernement suédois a condamné ces profanations tout en rappelant que la liberté d'expression et de réunion était protégée par la Constitution.

En octobre 2023, un tribunal suédois a reconnu un homme coupable d'incitation à la haine pour avoir brûlé le Coran en 2020, première condamnation de ce type.

Auparavant, la justice estimait qu'un tel geste était protégé par la liberté d'expression mais depuis lors, il peut également être considéré comme une "agitation contre un groupe ethnique".

Le meurtre de Momika intervient en pleine vague de violence en Suède, marquée par une recrudescence d'attaques à l'explosif. Plus de 30 attaques à l'engin explosif ont été commises depuis le début de l'année, liées selon la police à des tentatives d'extorsion et d'intimidation.


Un avion avec 64 personnes et un hélicoptère s'écrasent dans un fleuve à Washington

Un témoin cité par CNN, Ari Schulman, a déclaré qu'il "pens(ait) avoir vu la collision", avec une "lumière jaune très brillante" -- ressemblant au flash d'une explosion -- lorsqu'il roulait en voiture sur une voie rapide qui sillonne le long du Potomac, entre Washington et la Virginie. (AFP)
Un témoin cité par CNN, Ari Schulman, a déclaré qu'il "pens(ait) avoir vu la collision", avec une "lumière jaune très brillante" -- ressemblant au flash d'une explosion -- lorsqu'il roulait en voiture sur une voie rapide qui sillonne le long du Potomac, entre Washington et la Virginie. (AFP)
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  • Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs heures après la pire catastrophe aérienne aux Etats-Unis depuis plus d'une décennie, les autorités n'ont fourni aucun bilan humain
  • Dans un message sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a jugé que l'accident sans précédent à Washington "aurait dû être évité", si l'hélicoptère avait manœuvré, sous la direction des contrôleurs aériens

WASHINGTON: Un avion d'American Airlines avec 64 personnes à bord et un hélicoptère militaire se sont écrasés mercredi soir dans le fleuve Potomac après une collision au-dessus de Washington, déclenchant une opération de recherches "extrêmement difficiles".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs heures après la pire catastrophe aérienne aux Etats-Unis depuis plus d'une décennie, les autorités n'ont fourni aucun bilan humain.

Dans un message sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a jugé que l'accident sans précédent à Washington "aurait dû être évité", si l'hélicoptère avait manœuvré, sous la direction des contrôleurs aériens, pour ne pas se trouver dans la "trajectoire d'approche parfaite" de l'avion.

La capitale fédérale est sans cesse survolée par des avions et hélicoptères à très basse altitude, avec son aéroport Ronald-Reagan au bord du Potomac, fleuve qui sépare la ville de l'Etat de Virginie à l'est.

"Profond chagrin" 

"Les deux appareils sont dans l'eau", a dit lors d'une conférence de presse depuis l'aéroport la maire de Washington Muriel Bowser.

Transportant 60 passagers et quatre membres d'équipage, l'avion appartient à la compagnie PSA, une filiale régionale d'American Airlines.

Son patron, Robert Isom, a exprimé dans une vidéo son "profond chagrin".

La police de Washington a souligné qu'il n'y avait "à ce stade aucune information confirmée sur des victimes".

Une très vaste opération de recherche et de secours avec policiers, pompiers, et garde-côtes est en cours sur les lieux de l'accident, dans les eaux glaciales et boueuses du Potomac, par une nuit noire.

"Les conditions sont extrêmement difficiles" pour les secouristes, dont des plongeurs, a reconnu John Donnelly, chef des pompiers de la ville.

Il a évoqué le "froid", un "vent fort" et de "la glace" sur le Potomac, les températures ayant chuté fin janvier jusqu'à -12°C.

Le Washington Post a évoqué plusieurs personnes sorties de l'eau sans que l'on sache si elles étaient vivantes ou décédées.

Depuis l'accident, des hélicoptères survolent le fleuve, balayant les eaux avec des faisceaux lumineux. Autour de l'aéroport, des dizaines de gyrophares sont visibles depuis les rives du Potomac, à Washington et en Virginie, selon des journalistes de l'AFP.

On voit aussi dans la nuit des dizaines de camions de pompiers dont certains avec des remorques tirant des canots pneumatiques à proximité de l'aéroport, dont les pistes sont au bord du fleuve.

"Lumière jaune très brillante" 

Un témoin cité par CNN, Ari Schulman, a déclaré qu'il "pens(ait) avoir vu la collision", avec une "lumière jaune très brillante" -- ressemblant au flash d'une explosion -- lorsqu'il roulait en voiture sur une voie rapide qui sillonne le long du Potomac, entre Washington et la Virginie.

Le régulateur américain de l'aviation (FAA) a donné les premiers éléments sur les deux appareils impliqués dans l'accident: un avion du constructeur Bombardier exploité par PSA "entré en collision à altitude moyenne" avec un hélicoptère Sikorsky H-60 au moment de l'approche pour atterrir à l'aéroport Ronald-Reagan.

L'avion venait de Wichita, au Kansas, et devait atterrir à Washington à 21H00 (02H00 GMT jeudi).

Un responsable du Pentagone a précisé que trois militaires étaient à bord de l'hélicoptère et une porte-parole de l'armée a confirmé que l'appareil effectuait "un vol d'entraînement", selon un message relayé sur les réseaux sociaux par le nouveau ministre de la Défense Pete Hegseth.

Evoquant un "incident aérien" sur son compte X, l'aéroport Ronald-Reagan a annoncé avoir "suspendu" tous les décollages et atterrissages jusqu'au moins jeudi matin.

Tout près de l'accident de mercredi soir, un Boeing 737-222 d'Air Florida avait percuté un pont enjambant le Potomac pendant une tempête de neige et s'y était abîmé, le 13 janvier 1982. L'accident avait fait 78 morts, dont quatre automobilistes qui se trouvaient sur le pont.