Nigeria: après la déradicalisation, la désillusion des repentis de Boko Haram 

Dans cette région ravagée par le conflit, où 4,3 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire selon l’ONU, les millions de dollars investis pour réhabiliter les anciens combattants sont parfois très mal vus par la population qui manque de tout. (Photo, AFP)
Dans cette région ravagée par le conflit, où 4,3 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire selon l’ONU, les millions de dollars investis pour réhabiliter les anciens combattants sont parfois très mal vus par la population qui manque de tout. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 02 septembre 2021

Nigeria: après la déradicalisation, la désillusion des repentis de Boko Haram 

  • Abubakar, 48 ans, cultivait ses champs et ne manquait de rien, jusqu’au jour où Boko Haram a envahi son village de l’Etat du Borno, épicentre de l’insurrection
  • «Malgré la peur d'être capturés par les djihadistes, rester n’était pas une option»

MAIDUGURI: Assis sur des nattes, quatre hommes aux frêles silhouettes battues par le vent du désert cousent de petits chapeaux traditionnels, histoire de rompre l’ennui. Non loin, les femmes font bouillir des marmites et les enfants jouent entre les abris de tôle érigés sur la terre sèche.


Dans le Nord-Est du Nigeria, la scène est banale. Elle se répète à l'infini dans les innombrables camps qui accueillent quelque deux millions de déplacés fuyant l'insurrection jihadiste de Boko Haram.


Mais ce n’est pas vraiment l’avenir qu’avaient imaginé Aliyu, Abubakar, Muhammad et Mallam - dont les noms ont été changés par mesure de sécurité: présentés comme d'anciens combattants du groupe islamiste Boko Haram, ils ont intégré le programme de "déradicalisation" du gouvernement nigérian.


Après des années de détention traumatisantes, selon eux, dans des cellules sales et surpeuplées, les quatre hommes ont fini par échouer dans ce camp, sans argent ni travail, bien loin du nouveau départ que leur avait promis le gouvernement.


Le Nigeria a lancé en 2016 l’Opération "Safe Corridor", offrant la possibilité de déposer les armes à ceux qui se portent volontaires. Il mène en parallèle des offensives militaires contre les insurgés de Boko Haram et de sa branche dissidente, L’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Le conflit a fait plus de 40 000 morts en 10 ans.


Mais tous ne sont pas éligibles. Les profils des combattants sont d'abord passés au peigne fin pour sélectionner ceux qui présentent une menace "faible", avant leur transfert dans un centre de déradicalisation à Mallam Sidi, une ville de l’Etat de Gombe (Nord-Est).


Pendant six mois, ils sont censés suivre des cours d’alphabétisation, une formation professionnelle et religieuse et reçoivent une aide psychosociale.


Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Grande-Bretagne ont déboursé des millions de dollars pour financer le programme, soutenu par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et coordonné par l’armée nigériane.

Détenus par «erreur»

Pour son patron, le général Mohammed Maina, "l'opération Safe Corridor a enregistré d'énormes succès".


"Plus de 800 ex-combattants repentis ont été déradicalisés, réhabilités et réintégrés avec succès", a-t-il assuré dans une réponse écrite à l'AFP début juillet.


D'autres pourraient bientôt suivre: l'armée a annoncé début août examiner les cas de 335 combattants qui se sont récemment rendus.


Pourtant, d’après les quatre hommes rencontrés, le parcours de sortie est assez éloigné de la version officielle: ils affirment avoir été détenus pendant des années sans faire l’objet de poursuites et dans des conditions très rudes, avant de pouvoir accéder au programme de réhabilitation.


Pire, deux d'entre eux, Abubakar et Mallam se présentent comme des cultivateurs n’ayant jamais collaboré avec les jihadistes et détenus à tort avec beaucoup d’autres citoyens ordinaires, y compris des enfants.


Leurs parcours individuels sont difficiles à vérifier, mais ces dernières années, plusieurs rapports, notamment de l’Agence américaine de développement (Usaid) et de l'ONG Amnesty International, ont documenté des centaines de témoignages similaires.


Dans un rapport publié cette année, le think-tank International Crisis Group (ICG) rapporte que, selon les personnes ayant suivi le programme qu’il a interrogées, pas plus d’un quart des pensionnaires du centre de réhabilitation étaient réellement membres de Boko Haram


"La plupart des autres (...) sont des civils ayant fui les zones contrôlées par Boko Haram, que les autorités ont considéré à tort comme des jihadistes et détenus avant de les inclure dans Safe Corridor", affirme le rapport.


Des allégations démenties par le général Maina: "les ex-combattants sont sélectionnés après un profilage et une enquête approfondis".


Par ailleurs, selon une source très bien informée et ayant requis l'anonymat, plusieurs dizaines d’ex-combattants de haut rang -- dont des commandants -- sont également passés par le centre de déradicalisation de Gombe, dans le cadre d'un programme différent.

«Pris au piège»

Abubakar, 48 ans, cultivait ses champs et ne manquait de rien, jusqu’au jour où Boko Haram a envahi son village de l’Etat du Borno, épicentre de l’insurrection.


A partir de ce jour-là, "mes revenus ont commencé à diminuer parce qu'ils prenaient nos récoltes (...) même la nourriture que nous préparions", raconte ce père de trois enfants.


"Ils nous observaient, nous surveillaient (...) nous étions pris au piège. Nous n’avions pas le choix, ils avaient des armes."


Mallam, 52 ans, cultivait du sorgho et des haricots dans un autre village du Borno.


Quand ils sont arrivés, les jihadistes ont ordonné aux hommes de laisser pousser leur barbe et aux femmes de rester à la maison. Il raconte avoir une fois reçu 80 coups de fouet pour avoir acheté des cigarettes.


Les deux agriculteurs ont décidé de s'échapper avec leurs familles.


"Nous sommes partis au milieu de la nuit (...) Nous étions une centaine", affirme Abubakar qui avait entendu à la radio le gouvernement appeler les civils à quitter les zones occupées par Boko Haram.


Malgré la peur d'être capturés par les djihadistes, rester n’était pas une option.


"Nous savions qu'un jour ils nous tueraient parce que nous ne les acceptions pas", explique Mallam, qui a cinq enfants.


Mais une fois en territoire contrôlé par l'armée, les deux agriculteurs affirment avoir été arrêtés. Soupçonnés de soutenir les insurgés, ils ont été emmenés à la caserne de Giwa, aux conditions de détention tristement célèbres, à Maiduguri, la capitale du Borno.


Ce ne serait que la première étape d'un long parcours carcéral.

«Pas de nourriture, pas de toilettes»

Abubakar et Mallam assurent y avoir passé respectivement huit et quatre mois.


"Il n'y avait pas de nourriture, pas de toilettes, des parasites partout (...) les gens mouraient tous les jours", raconte Mallam.


Abubakar et son fils de 13 ans occupaient une cellule avec 450 personnes. "Nous devions tous nous tenir debout tellement c'était plein", se souvient-il.


Puis ils ont été séparés. Mallam assure avoir appris la libération de son fils au bout de quelques mois à Giwa, seulement six ans plus tard, à sa sortie du programme.


En 2016, Amnesty avait accusé l'armée de détenir en masse et sans "aucune preuve" des membres et sympathisants présumés de Boko Haram sur des sites militaires, tels que Giwa.


"Ils ont dû être impliqués, volontairement ou non", a réagi le porte-parole de l'armée, Onyema Nwachukwu, à propos des agriculteurs Mallam et Abubakar. "Nous ne détenons pas les gens de manière arbitraire", a-t-il déclaré à l'AFP.


Pour les militaires, tout activité consistant à fournir des vivres, du carburant ou des médicaments à Boko Haram, même sous la contrainte, suffit à rendre quiconque suspect.


D’après M. Nwachukwu, l’armée "n'arrête pas les enfants" mais les femmes détenues après avoir rejoint les rangs de Boko Haram demandent parfois à garder leurs enfants avec elles.

«Se battre était notre devoir»

Les anciens combattants Aliyu et Muhammad ont eux aussi séjourné à la caserne de Giwa après leur rédition, et en gardent un souvenir amer.


"Ils nous ont dit que nous allions passer deux à trois mois à Giwa (…) mais cela s'est transformé en 18 mois", a déclaré Muhammad. "C'était vraiment horrible".


Aliyu avait 18 ans lorsqu’un voisin a commencé à lui parler du "gouvernement corrompu", à lui enseigner sa vision de l’islam et à lui donner de l’argent. C'est comme ça qu’il s’est "radicalisé".


Un jour, il a quitté village et parents, jusqu’à la forêt de Sambisa, principal fief de Boko Haram.


Après avoir étudié le Coran et s’être formé au maniement des armes, Aliyu, aujourd'hui âgé de 28 ans, est devenu trafiquant d'armes, puis combattant, prenant part à de "grandes attaques".


"Nous l'avons fait à cause de la religion", assure-t-il. "C'était notre devoir".


Muhammad, 25 ans, était encore enfant et mendiait dans la rue quand il a rencontré un prédicateur qui lui a parlé de Mohammed Yusuf, le fondateur de Boko Haram.


L'homme, devenu son mentor, l'a envoyé dans une école religieuse à "Fallujah" - les jihadistes nigérians donnent souvent aux lieux des surnoms irakiens ou afghans – avant de partir pour le "jihad".


"J'étais impatient de me battre", raconte Muhammad, alors analphabète.  "Je comprenais que nous étions en guerre contre le gouvernement. On nous enseignait que c’était la bonne voie."


Tous deux disent avoir fait partie de Boko Haram pendant environ six ans, mais peu à peu, l‘engouement du début a fait place au doute face à l’attitude de leurs compagnons d’armes.


"Ils faisaient des choses sans raison (...) tuer, voler, ce qui est contraire aux enseignements religieux. Et j’en ai vu certains prendre de la drogue", raconte Muhammad.


À l'époque, la contre-offensive de l’armée nigériane, grâce au soutien militaire des pays voisins comme le Tchad et le Cameroun, lui permet de reprendre certains pans de territoire occupés par les insurgés.


Quand les deux apprenti-jihadistes entendent parler de l’opération "Safe corridor", et de la possibilité de suivre une formation professionnelle, ils décident de franchir le pas.


Mais ils devront attendre près de deux ans avant de pouvoir rejoindre le programme de déradicalisation.

«Alternatives viables»

Le porte-parole de l'armée, M. Nwachukwu, reconnaît que le processus n’est "pas automatique", estimant qu’il faut du temps "pour s’assurer qu'ils ont véritablement abandonné la lutte".


Les donateurs et partenaires internationaux ont émis de nombreuses critiques sur le "profilage" qui vise aussi à repérer les suspects de plus grande envergure en vue d'éventuelles poursuites.


Cela "reste opaque, sans supervision indépendante, sans archivage ni définition publique des critères de sélection", a souligné l'Usaid dans un rapport.


Les repentis Muhammad et Aliyu disent que l'essentiel de leurs codétenus n'étaient pas des jihadistes.


"Dans ma cellule de 260 personnes, nous étions 12 vrais Boko Haram", assure Aliyu.


"C'est franchement de l'injustice", renchérit Muhammad. Parmi ses 300 co-détenus, "les vrais Boko Haram n’étaient pas plus de 20".


L’AFP n’a pas pu vérifier ces chiffres. Le directeur du programme, M. Maina, assure que le processus de vérification à Giwa "est peut-être imparfait, mais il est toujours très minutieux".


Dans des documents officiels consultés par l'AFP, le gouvernement nigérian reconnaît que certains "collaborateurs"  – volontaires ou contraints- de Boko Haram sont victimes de l'insurrection, mais affirme que Safe Corridor leur offre des "alternatives viables".


Après Giwa, pour la deuxième phase de leur détention, les agriculteurs Abubakar et Mallam ont été transférés à la prison de haute sécurité de Maiduguri, où ils ont passé trois années de plus sans être inculpés.


"J'espérais que les militaires me protègent, mais ça a été le contraire", dit aujourd’hui Abubakar.


Aliyu, Muhammad, Abubakar et Mallam sont finalement arrivés à leur destination: le centre de réhabilitation de Gombe. Pendant un an, ils ont pu apprendre à lire et écrire, la menuiserie et la soudure ou encore s'entretenir avec des éducateurs sociaux.


"Nous pouvions dormir, nous avions des moustiquaires, des oreillers", explique Abubakar.


Ils ont lu des textes qui contredisent le discours jihadiste. Les deux ex-combattants admettent que le programme a modifié leur point de vue.


"Aujourd'hui, si quelqu'un voulait partir faire le jihad, je lui dirais +suis ta propre religion chez toi, mais ne va pas te battre+", a déclaré Aliyu.


"Ils (Boko Haram) ont trahi ma compréhension du jihad pour servir leurs intérêts personnels", assène Muhammad.


Mais pour les deux agriculteurs, Abubakar et Mallam, le séjour à Gombe n'était qu'une détention prolongée de plus: "nous avons été envoyés là-bas pour souffrir", s'insurge Mallam.

Pas de travail 

Quel avenir attendait finalement ces hommes après toutes ces années passées derrière les barreaux et au centre de déradicalisation?


Après avoir prêté allégeance à l'Etat nigérian et promis de ne pas retourner combattre, les pensionnaires de Gombe reçoivent généralement 20 000 nairas chacun (environ 42 euros) et sont envoyés dans un centre de transit avant d'être libérés.


"Des liens sont établis avec les communautés" pour préparer leur retour et les autorités locales sont chargées d’assurer leur réintégration, selon M. Nwachukwu.


Lorsque Mallam a retrouvé sa femme après presque cinq ans de détention, la faim l'avait complètement transformée.


"Elle avait vécu dans un camp où il n'y a pas de nourriture (...) Mes parents sont morts et tous nos enfants souffrent de malnutrition."


Même les anciens combattants Aliyu et Muhammad, qui répondaient aux critères d’anciens combattants à "faible risque" et ont bénéficié d’une amnistie, remettent en cause la réussite du programme.


Ils vivent désormais comme des parias et gagnent à peine un euro par jour dans un camp de déplacés, sans perspective d’avenir, stigmatisés par leur communauté.


"Ils nous ont parlé d'emploi, mais au final, il n'y a pas d'emploi", regrette Muhammad. "Quel type de vie est-ce là ? Je regrette de m'être rendu".


Dans cette région ravagée par le conflit, où 4,3 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire selon l’ONU, les millions de dollars investis pour réhabiliter les anciens combattants sont parfois très mal vus par la population qui manque de tout.


"Les efforts de réintégration sont louables (...) mais il y a beaucoup d'animosité, les gens sont en colère", explique Mariam Oyiza qui dirige une association soutenant les femmes victimes de violences.


Malgré tout, alors que des centaines de défections ont été enregistrées ces derniers mois, le gouvernement fédéral et les donateurs espèrent que le programme encouragera des milliers d'autres insurgés à déposer les armes.


Pour cela, les autorités nigérianes doivent montrer qu'elles "sont capables d’accompagner les détenus jusqu'à l'obtention de leur diplôme et de les réintégrer dans la société en toute sécurité", estime l'ICG. "À ce jour, Safe Corridor n'est pas en mesure d'offrir ce type d'assurances".


Meta accepte de payer 25 millions de dollars à Trump après sa plainte sur la suspension de ses comptes

Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg (C), assiste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis dans la rotonde du Capitole à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (AP)
Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg (C), assiste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump en tant que 47e président des États-Unis dans la rotonde du Capitole à Washington, DC, le 20 janvier 2025. (AP)
Short Url
  • Meta a accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram
  • Le président américain avait porté plainte contre Meta et son fondateur, Mark Zuckerberg, en estimant être victime de censure après avoir été exclu de Facebook et d'Instagram le 7 janvier 2021

WASHINGTON: Meta a accepté de payer 25 millions de dollars de dédommagements à Donald Trump pour mettre fin à ses poursuites engagées après la suspension en 2021 de ses comptes Facebook et Instagram, a annoncé mercredi à l'AFP un porte-parole du groupe.

Le président américain avait porté plainte contre Meta et son fondateur, Mark Zuckerberg, en estimant être victime de censure après avoir été exclu de Facebook et d'Instagram le 7 janvier 2021, lors de son premier mandat, pour avoir encouragé ses partisans lors de l'assaut du Capitole à Washington la veille.

Le Wall Street Journal a été le premier à faire état de cet accord, dont un porte-parole de Meta a ensuite confirmé la teneur à l'AFP.

La décision sans précédent de Meta avait été imitée à l'époque par la plupart des réseaux sociaux grand public, dont Twitter.

Meta avait annoncé deux ans plus tard mettre fin à la suspension des comptes de Donald Trump.

Depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, le républicain a beaucoup misé sur les magnats de la technologie, oubliant sa rancune à l'égard de Mark Zuckerberg, qui a assisté à sa cérémonie d'ouverture.

Le patron du groupe californien a multiplié les annonces ce mois-ci pour aligner sa société avec la nouvelle administration américaine.

Il a nommé plusieurs alliés du président à des postes clefs et mis fin à des programmes (anti-désinformation, pro-diversité, pro-modération des contenus) très critiqués par les conservateurs.


Suède: l'homme ayant brûlé des exemplaires du Coran en 2023 tué par balles

Salwan Momika, un Irakien de 38 ans qui avait organisé plusieurs incendies et profanations de Coran en Suède, a été tué lors d'une fusillade. (FILE/AFP)
Salwan Momika, un Irakien de 38 ans qui avait organisé plusieurs incendies et profanations de Coran en Suède, a été tué lors d'une fusillade. (FILE/AFP)
Short Url
  • Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi
  • Une enquête pour meurtre a été ouverte et la police a annoncé en milieu de matinée que cinq personnes avaient été arrêtées

STOCKHOLM: Salwan Momika, qui avait déclenché des manifestations de colère dans des pays musulmans en 2023 en brûlant des exemplaires du Coran en Suède, a été tué par balles au sud-ouest de Stockholm dans la nuit de mercredi à jeudi.

Un tribunal de Stockholm devait rendre son jugement jeudi sur les accusations d'incitation à la haine portées contre lui. Il a indiqué avoir reporté sa décision au 3 février "suite à la confirmation du décès de M. Momika".

La police a expliqué avoir été appelée pour des tirs mercredi soir dans un immeuble d'habitation à Sodertälje, à 40 km au sud-ouest de Stockholm, où vivait cet Irakien de confession chrétienne.

A son arrivée dans l'immeuble, elle a trouvé "un homme touché par balles qui a été emmené à l'hôpital", avant d'indiquer plus tard qu'il était mort, sans citer son nom.

Une enquête pour meurtre a été ouverte et la police a annoncé en milieu de matinée que cinq personnes avaient été arrêtées.

"Je peux confirmer que nous enquêtons sur le meurtre de Salwan Momika", a dit de son côté le procureur Rasmus Öman à l'AFP.

"Nous n'en sommes qu'au stade initial, cela ne fait même pas 24 heures. Il y a donc beaucoup d'informations à recueillir. Cinq personnes soupçonnées d'être impliquées dans cette affaire ont été arrêtées", a-t-il ajouté.

Selon plusieurs médias, Momika était en direct sur les réseaux sociaux et son meurtre a peut-être été filmé. Le quotidien Aftonbladet affirme que le meurtrier a pu s'infiltrer dans l'immeuble par le toit.

En août, Momika, ainsi qu'un autre homme, Salwan Najem, ont été renvoyés en jugement pour "agitation contre un groupe ethnique" à quatre reprises au cours de l'été 2023.

Selon l'acte d'accusation, le duo a profané le Coran, y compris en le brûlant tout en faisant des remarques désobligeantes sur les musulmans, notamment une fois à l'extérieur d'une mosquée de Stockholm.

"Je suis le prochain sur la liste", a dit Salwan Najem sur X après la mort de Momika.

-Permis de séjour révoqué-

En mars 2023, Momika s'était rendu en Norvège après la révocation de son permis de séjour suédois mais il avait été expulsé du pays et était revenu en Suède.

L'agence suédoise des Migrations avait révoqué le permis de séjour de Momika, disant qu'il leur avait fourni de fausses informations lors de sa demande d'asile. Un permis temporaire lui avait cependant été octroyé, faute de pouvoir le renvoyer en Irak.

Les relations entre la Suède et plusieurs pays du Moyen-Orient se sont déteriorées à l'été 2003 en raison des actes de profanation du Coran perpétrés par les deux hommes.

En juillet 2023, des manifestants irakiens ont pris d'assaut l'ambassade de Suède à Bagdad à deux reprises, déclenchant la seconde fois des incendies dans l'enceinte de la représentation diplomatique.

En août de la même année, le service de renseignement suédois Sapo avait relevé son niveau de menace à quatre sur une échelle de cinq, les profanations du Coran ayant fait du pays une "cible prioritaire".

Le gouvernement suédois a condamné ces profanations tout en rappelant que la liberté d'expression et de réunion était protégée par la Constitution.

En octobre 2023, un tribunal suédois a reconnu un homme coupable d'incitation à la haine pour avoir brûlé le Coran en 2020, première condamnation de ce type.

Auparavant, la justice estimait qu'un tel geste était protégé par la liberté d'expression mais depuis lors, il peut également être considéré comme une "agitation contre un groupe ethnique".

Le meurtre de Momika intervient en pleine vague de violence en Suède, marquée par une recrudescence d'attaques à l'explosif. Plus de 30 attaques à l'engin explosif ont été commises depuis le début de l'année, liées selon la police à des tentatives d'extorsion et d'intimidation.


Un avion avec 64 personnes et un hélicoptère s'écrasent dans un fleuve à Washington

Un témoin cité par CNN, Ari Schulman, a déclaré qu'il "pens(ait) avoir vu la collision", avec une "lumière jaune très brillante" -- ressemblant au flash d'une explosion -- lorsqu'il roulait en voiture sur une voie rapide qui sillonne le long du Potomac, entre Washington et la Virginie. (AFP)
Un témoin cité par CNN, Ari Schulman, a déclaré qu'il "pens(ait) avoir vu la collision", avec une "lumière jaune très brillante" -- ressemblant au flash d'une explosion -- lorsqu'il roulait en voiture sur une voie rapide qui sillonne le long du Potomac, entre Washington et la Virginie. (AFP)
Short Url
  • Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs heures après la pire catastrophe aérienne aux Etats-Unis depuis plus d'une décennie, les autorités n'ont fourni aucun bilan humain
  • Dans un message sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a jugé que l'accident sans précédent à Washington "aurait dû être évité", si l'hélicoptère avait manœuvré, sous la direction des contrôleurs aériens

WASHINGTON: Un avion d'American Airlines avec 64 personnes à bord et un hélicoptère militaire se sont écrasés mercredi soir dans le fleuve Potomac après une collision au-dessus de Washington, déclenchant une opération de recherches "extrêmement difficiles".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs heures après la pire catastrophe aérienne aux Etats-Unis depuis plus d'une décennie, les autorités n'ont fourni aucun bilan humain.

Dans un message sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a jugé que l'accident sans précédent à Washington "aurait dû être évité", si l'hélicoptère avait manœuvré, sous la direction des contrôleurs aériens, pour ne pas se trouver dans la "trajectoire d'approche parfaite" de l'avion.

La capitale fédérale est sans cesse survolée par des avions et hélicoptères à très basse altitude, avec son aéroport Ronald-Reagan au bord du Potomac, fleuve qui sépare la ville de l'Etat de Virginie à l'est.

"Profond chagrin" 

"Les deux appareils sont dans l'eau", a dit lors d'une conférence de presse depuis l'aéroport la maire de Washington Muriel Bowser.

Transportant 60 passagers et quatre membres d'équipage, l'avion appartient à la compagnie PSA, une filiale régionale d'American Airlines.

Son patron, Robert Isom, a exprimé dans une vidéo son "profond chagrin".

La police de Washington a souligné qu'il n'y avait "à ce stade aucune information confirmée sur des victimes".

Une très vaste opération de recherche et de secours avec policiers, pompiers, et garde-côtes est en cours sur les lieux de l'accident, dans les eaux glaciales et boueuses du Potomac, par une nuit noire.

"Les conditions sont extrêmement difficiles" pour les secouristes, dont des plongeurs, a reconnu John Donnelly, chef des pompiers de la ville.

Il a évoqué le "froid", un "vent fort" et de "la glace" sur le Potomac, les températures ayant chuté fin janvier jusqu'à -12°C.

Le Washington Post a évoqué plusieurs personnes sorties de l'eau sans que l'on sache si elles étaient vivantes ou décédées.

Depuis l'accident, des hélicoptères survolent le fleuve, balayant les eaux avec des faisceaux lumineux. Autour de l'aéroport, des dizaines de gyrophares sont visibles depuis les rives du Potomac, à Washington et en Virginie, selon des journalistes de l'AFP.

On voit aussi dans la nuit des dizaines de camions de pompiers dont certains avec des remorques tirant des canots pneumatiques à proximité de l'aéroport, dont les pistes sont au bord du fleuve.

"Lumière jaune très brillante" 

Un témoin cité par CNN, Ari Schulman, a déclaré qu'il "pens(ait) avoir vu la collision", avec une "lumière jaune très brillante" -- ressemblant au flash d'une explosion -- lorsqu'il roulait en voiture sur une voie rapide qui sillonne le long du Potomac, entre Washington et la Virginie.

Le régulateur américain de l'aviation (FAA) a donné les premiers éléments sur les deux appareils impliqués dans l'accident: un avion du constructeur Bombardier exploité par PSA "entré en collision à altitude moyenne" avec un hélicoptère Sikorsky H-60 au moment de l'approche pour atterrir à l'aéroport Ronald-Reagan.

L'avion venait de Wichita, au Kansas, et devait atterrir à Washington à 21H00 (02H00 GMT jeudi).

Un responsable du Pentagone a précisé que trois militaires étaient à bord de l'hélicoptère et une porte-parole de l'armée a confirmé que l'appareil effectuait "un vol d'entraînement", selon un message relayé sur les réseaux sociaux par le nouveau ministre de la Défense Pete Hegseth.

Evoquant un "incident aérien" sur son compte X, l'aéroport Ronald-Reagan a annoncé avoir "suspendu" tous les décollages et atterrissages jusqu'au moins jeudi matin.

Tout près de l'accident de mercredi soir, un Boeing 737-222 d'Air Florida avait percuté un pont enjambant le Potomac pendant une tempête de neige et s'y était abîmé, le 13 janvier 1982. L'accident avait fait 78 morts, dont quatre automobilistes qui se trouvaient sur le pont.