Privé de l'arme militaire, Washington doit réinventer sa relation aux talibans

Jadis insurgés, les talibans sont désormais les nouveaux maîtres du pays, et les Etats-Unis doivent utiliser la pression économique et la négociation dans leurs rapports avec la milice islamiste. (Photo, AFP)
Jadis insurgés, les talibans sont désormais les nouveaux maîtres du pays, et les Etats-Unis doivent utiliser la pression économique et la négociation dans leurs rapports avec la milice islamiste. (Photo, AFP)
Jadis insurgés, les talibans sont désormais les nouveaux maîtres du pays, et les Etats-Unis doivent utiliser la pression économique et la négociation dans leurs rapports avec la milice islamiste. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 01 septembre 2021

Privé de l'arme militaire, Washington doit réinventer sa relation aux talibans

  • «L'aide économique est désormais la seule flèche à l'arc des USA», d'autant que les Etats-Unis possèdent les clés d'accès aux $9 milliards en réserves de l'Afghanistan
  • D'autres puissances, comme la Chine, «ne demanderont pas aux talibans de garanties ayant rapport avec les droits humains pour leur octroyer une assistance financière»

WASHINGTON : Les Etats-Unis, qui n'ont plus que l'aide économique pour faire pression sur les talibans, vont devoir inventer une nouvelle relation avec l'Afghanistan pour tenter de défendre leurs intérêts après avoir mis fin à vingt ans de présence militaire.

L'armée américaine est définitivement partie lundi. Mais Washington ne peut pas se désintéresser d'un pays d'où ont été orchestrés par Al-Qaïda, sous le précédent règne des talibans, les attentats du 11 septembre 2001.

"Nous avons des moyens de pression pour nous assurer que les engagements" des nouveaux maîtres islamistes de Kaboul "sont respectés", a martelé mardi le président américain Joe Biden.

Le secrétaire d'Etat Antony Blinken a assuré que l'Afghanistan redeviendrait un "Etat paria", comme lorsqu'ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001, s'ils remettaient en cause les avancées en matière de droits des femmes ou s'ils transformaient à nouveau leur pays en sanctuaire pour le jihadisme international.

Mardi, le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, s'est montré plus explicite encore: "Nous allons attendre de voir leurs actes avant de décider de l'avenir de l'aide économique et au développement".

Selon Michael Kugelman, du cercle de réflexion Wilson Center, "l'aide économique est désormais la seule flèche à l'arc de Washington", d'autant que les Etats-Unis possèdent les clés d'accès aux neuf milliards de dollars en réserves en devises étrangères de l'Afghanistan, actuellement gelés.

L'aide internationale représentait, en 2019, 75% de la dépense publique de ce pays parmi les plus pauvres au monde, et les Américains, d'après certaines estimations, contribuaient pour plus de la moitié aux salaires des fonctionnaires, jusqu'à la chute du gouvernement pro-occidental.

Or aujourd'hui, le pays est menacé par "un effondrement total des services de base", a prévenu mardi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Pour autant, la "flèche" économique est émoussée. Car d'autres puissances, à commencer par la Chine, "ne demanderont pas autant de garanties aux talibans pour leur octroyer reconnaissance et assistance financière", dit à l'AFP Michael Kugelman.

"Les diplomates occidentaux sont obsédés par les moyens de pression", mais la réalité c'est que "nous avons perdu la guerre", balaye Graeme Smith, consultant pour l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group.

Il prédit une relation "donnant-donnant", faite de "marchandage et non de coercition".

Dans l'immédiat, le gouvernement américain a une priorité: permettre le départ d'Afghanistan de ses ressortissants toujours coincés sur place, et faciliter celui des autres étrangers et des Afghans qui ont travaillé avec l'US Army mais n'ont pu être évacués à temps.

Crise humanitaire

Pour l'instant, le département d'Etat mise sur la pression diplomatique.

Les ex-insurgés "sont soumis aujourd'hui aux mêmes sanctions qu'hier, et je m'attends à ce que cela reste le cas demain et dans un avenir proche", a déclaré mardi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, soulignant que leur éventuelle levée dépendra de leur attitude.

Des sanctions, il pourrait toutefois être question beaucoup plus rapidement.

Graeme Smith, comme plusieurs organisations, juge nécessaire une dérogation pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et éviter une crise de grande ampleur qui "déstabiliserait" la région et "engendrerait des vagues migratoires sans précédent".

Sur le plus long terme, les intérêts américains portent avant tout sur la lutte contre le terrorisme.

Joe Biden a affirmé que l'Amérique avait atteint son objectif initial en Afghanistan, à savoir éviter que ce pays lointain serve à nouveau de "rampe de lancement" pour des attaques sur son sol. Il doit maintenant s'assurer de ne pas être contredit.

Sur toutes ces questions, les Etats-Unis peuvent paradoxalement compter sur le dialogue qu'ils ont instauré, au cours de longs mois de négociations au Qatar mais aussi à la faveur de la crise des derniers jours, avec leurs ennemis jurés des vingt dernières années.

"Ils ont commencé à apprendre à se connaître", dit Graeme Smith.

Depuis mi-août, militaires et diplomates américains ont multiplié les commentaires positifs au sujet des nouveaux dirigeants afghans, alors que leurs intérêts convergeaient de manière spectaculaire. Les Américains voulaient partir, les talibans voulaient les voir partir -- et tous voulaient éviter les attaques de l'ennemi commun, le groupe jihadiste Etat islamique.

Pour l'ex-diplomate Elizabeth Threlkeld, chercheuse au think tank Stimson Center, c'est d'ailleurs sur les garanties antiterroristes, et peut-être sur la formation d'un gouvernement "inclusif", que la pression américaine peut avoir un certain "succès". Des concessions "à la marge", donc, plutôt que "sur les questions au coeur de l'idéologie des talibans", comme la place des femmes dans la société ou les droits humains en général.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.