Le transport aérien mise sur la réduction de l’équipage pour réduire les coûts

​​​​​​​Sans chercher à éradiquer complètement l'équipage du cockpit, Project Connect et d'autres systèmes pourraient en réduire le nombre. (Photo, Archives/AFP)
​​​​​​​Sans chercher à éradiquer complètement l'équipage du cockpit, Project Connect et d'autres systèmes pourraient en réduire le nombre. (Photo, Archives/AFP)
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Publié le Mardi 31 août 2021

Le transport aérien mise sur la réduction de l’équipage pour réduire les coûts

  • Les ingénieurs poussent les limites de l’automatisation, alors que l’industrie aérienne est touchée par les retombées de la pandémie
  • «La question de la sécurité constitue l’obstacle principal qui, jusqu’à ce jour, est assurée par le biais de formations professionnelles des pilotes»

DUBAI: Les machines ont révolutionné l’expérience du consommateur dans les banques ainsi que dans toutes sortes d’affaires financières, dans les supermarchés où on trouve des caisses et des magasins automatisés, mais aussi dans les salles d’opération, partout dans le monde, où les ordinateurs et les robots aident les chirurgiens à exécuter des interventions délicates.

Par conséquent, une question s’impose : est-ce qu’un ordinateur serait-il capable de transporter des centaines de passagers dans un avion, à une altitude de 10 000 mètres, pendant des heures, et de se charger du décollage et de l’atterrissage ?

Les ordinateurs ont toujours servi d’aide aux pilotes, à travers leurs technologies sophistiquées de pilotage automatique et de navigation. Cependant, les pilotes font face à de nombreux défis et restent en état d’alerte tout au long du vol.

Bien que le sujet soit surtout axé sur les conséquences et la sécurité de voitures et de camions automatisés, des études sont en cours pour savoir si les machines pourront un jour remplacer les pilotes dans les airs. 

Pour être plus précis, ces études n’envisagent pas l’absence totale des pilotes, mais essayent plutôt d’estimer le nombre de membres d’équipage requis pour un vol long-courrier.

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Des membres d’équipage de Cathay Pacific Airways, portant des masques de protection, venus de Hong Kong, traversent l’aérogare internationale de l’aéroport international de Los Angeles, le 28 février 2020. (Photo AFP)

Selon Nadine Itani, consultante en stratégie aérienne et directrice du centre de recherche d’aviation du Moyen-Orient : «Les longs vols durent généralement plus que 6 heures. D’habitude, ils imposent une escale dans un certain pays. Deux points sont ainsi reliés, à travers un transit ou une escale.»

Airbus et Cathay Pacific, basée à Hong Kong, évaluent un nouveau système connu sous le nom de «Project Connect» qui consiste à effectuer un vol de longue durée avec deux pilotes uniquement. Au lieu d’avoir trois ou quatre pilotes présents lors de tous les vols commerciaux, comme il se passe actuellement, un seul pilote occuperait le poste de pilotage alors que les deux autres se relaient pour se reposer. 

La compagnie Cathay Pacific, dont Swire Group et Air China sont les actionnaires principaux, a confirmé qu’elle menait des études pour évaluer la possibilité d’avoir un équipage réduit. Toutefois, elle a avoué qu’elle n’avait pas l’intention d’être la première à lancer un programme pareil.

La compagnie allemande Lufthansa a également révélé qu’elle réfléchissait à ce programme mais qu’elle n’avait pas de plans pour l’introduire, pour le moment.

Itani a indiqué que le pilotage solitaire se fait déjà dans de petits avions avec un maximum de 9 passagers et dans des avions privés ou militaires. On étudie actuellement la possibilité d’adopter cette même démarche dans de gros avions commerciaux et pour des vols qui durent plus que 6 ou 7 heures. Elle a ensuite précisé que la technologie informatique requise n’est pas encore prête pour garantir la sécurité du vol.

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Environ 25 000 pilotes ont été mis à pied à cause de la pandémie, mais 75% d’entre eux se sont remis à travailler, étant donné que les activités aériennes ont repris, ces derniers mois. (Photo AFP)

 «Les machines peuvent se tromper et cela pourrait aboutir à des accidents, ce qui met la sécurité des passagers à risque», a ajouté Itani.

 «C’est ce défi majeur qui ralentit le projet. Jusqu’à ce jour, les recherches montrent qu’il n’existe pas d’avions automatisés complètement sécurisés.»

L’idée de l’équipage réduit doit d’ailleurs être validée par un grand nombre d’autorités réglementaires. L’Organisation de l’aviation civile internationale, l’Administration fédérale de l’aviation aux États-Unis et l’Agence européenne de la sécurité aérienne, entre autres, devraient y consentir, a poursuivi Itani.

D’autres experts trouvent que le pilotage solitaire n’est pas très adéquat.

Michael Wette, partenaire et chef du transport et des services de l’Inde, du Moyen-Orient et de l’Afrique à Oliver Wyman – cabinet de conseil possédant des bureaux à Dubai et dans d’autres villes et des clients à Riyad et Jeddah – a dit à Arab News: «La plupart des pilotes, des organisations et des directeurs de compagnies aériennes avec lesquels nous nous entretenons sont très sceptiques face à ces machines indépendantes.»

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Les ordinateurs ont toujours servi d’aide aux pilotes, à travers leurs technologies sophistiquées de pilotage automatique et de navigation. Cependant, les pilotes font face à de nombreux défis et restent en état d’alerte tout au long du vol. (Photo AFP)

«La question de la sécurité constitue l’obstacle principal. En effet, la sécurité des passagers est, jusqu’à ce jour, assurée par le biais de formations professionnelles et des expériences des pilotes, surtout lorsqu’il s’agit de situations atypiques», a-t-il dit.

Alors qu’on se retrouve face à un surplus de pilotes, on s’attend à ce qu’il y ait bientôt un manque. D’après Wette, des études techniques, comme «Project Connect», seront probablement menées jusqu’au bout, puisqu’elles ont été lancées depuis un certain moment.

Il a ensuite ajouté qu’environ 25 000 pilotes avaient été mis à pied à cause de la pandémie du coronavirus mais que 75% d’entre eux avaient repris le travail, étant donné que les activités aériennes ont repris depuis quelques mois. Cependant, d’autres pilotes demeurent en congé prolongé, sans oublier que 10 000 pilotes ont opté pour les programmes de retraite anticipée et ont quitté le marché du travail à cause de la crise sanitaire mondiale.

L’initiative de «Project Connect» n’est pas nouvelle. Itani raconte que lAdministration nationale de l'aéronautique et de l'espace (NASA) a commencé à étudier l’idée du pilotage solitaire dans les avions commerciaux en 2012. Toutefois, les pressions qui s’exercent pour réduire les coûts se sont intensifiées au cours des dernières années.

Dans les circonstances les plus favorables, l’industrie aérienne a travaillé avec de très faibles marges de profit. Elle essayait continuellement de trouver des idées pour réduire les coûts des avions opérationnels en réduisant les salaires et les logements de l’équipage, les formations et les frais d’embauche.

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Nadine Itani, consultante en stratégie aérienne et directrice du centre de recherche d’aviation du Moyen-Orient, et Michael Wette (à droite), partenaire et chef du transport et des services de l’Inde, du Moyen-Orient et de l’Afrique à Oliver Wyman. (Photo fournie)

Les frais d’équipage étaient estimés aux alentours de 25% du montant total et constituaient les frais les plus élevés après ceux du carburant, a dit Itani.

L’idée de l’équipage réduit a été encore plus favorisée depuis le début de la pandémie qui a gravement affecté l’industrie aérienne. De nombreux avions de passagers ont été interdits de vol, des dizaines de compagnies aériennes ont fait faillite et des milliers de pilotes semblent avoir été licenciés.

L’activité aérienne n’est pas encore retournée à ce qu’elle était avant la pandémie. Aujourd’hui, le nombre moyen d’heures de vol est approximativement à 65% de ce qu’il était avant la Covid-19, et ce pourcentage inclut la région du Golfe, confirme Wette. La plupart des voyages sont à présent effectués pour les loisirs ou les urgences familiales. Ce ne sont plus les voyages d’affaires qui priment.

Airbus a indiqué que ses études sont fondées sur un minimum de deux pilotes opérationnels par vol, et que des tests sont actuellement en cours, en collaboration avec des autorités réglementaires et des compagnies aériennes partenaires.

Un porte-parole d’Airbus a affirmé à Arab News que la question de la sécurité représentait une priorité absolue pour le géant fabricant européen d’avions et que les nouvelles technologies n’étaient «pas encore totalement prêtes». Il a ensuite déclaré que «la première application potentielle des technologies autonomes consisterait en une opération de pilotage solitaire, uniquement pendant la phase de croisière, une fois que les technologies requises seront prêtes».

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La compagnie Cathay Pacific, dont Swire Group et Air China sont les actionnaires principaux, a confirmé qu’elle menait des études pour évaluer la possibilité d’avoir un équipage réduit. Toutefois, elle a avoué qu’elle n’avait pas l’intention d’être la première à lancer un programme pareil. (Photo AFP)

 «Prônant la sécurité et l’adhésion sociale, la mission d’Airbus n’est pas de passer à l’automatisation totale des engins, mais plutôt d’explorer des technologies autonomes, aux côtés de celles des matériaux, de l’électrification, de la connectivité et autres», a mentionné le porte-parole.

Il y a aussi la question de l’infrastructure. Les pilotes qui sont seuls dans les cabines de pilotage ont besoin de communiquer avec la terre, dans les situations d’urgence et de dangers pour la sécurité. De plus, les aéroports doivent moderniser leurs radiocommunications ainsi que leurs opérations sur le terrain, a évoqué Itani.

Normalement, les décisions sont prises collectivement par les pilotes dans la cabine. Mais, quand il n’y a qu’un seul pilote en charge, celui-ci a besoin de quelqu’un avec qui communiquer, à part la machine.

Aucune compagnie arabe et aucun transporteur aérien du Moyen-Orient n’ont rejoint le projet Connect. Mais, en tant qu’opérateurs internationaux importants, ils semblent suivre l’affaire de près. Pour le moment, les systèmes des opérations à pilote solitaire sont testés sur les jets A350 d’Airbus.

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Aucune compagnie arabe et aucun transporteur aérien du Moyen-Orient n’ont rejoint le projet Connect. Mais, en tant qu’opérateurs internationaux importants, ils semblent suivre l’affaire de près.

Qatar Airways a été le client de lancement de l’Airbus A350 et prévoit une importante expansion. La compagnie fait également partie de l’alliance Oneworld dont Cathay Pacific est membre. Cependant, Singapore Airlines est actuellement le principal client des avions A350, en termes de flotte.

 «Les transporteurs aériens et les aéroports du Moyen-Orient jouent un rôle primordial quand il s’agit de relier l’Est à l’Ouest à travers des aéroports comme ceux de Doha, Dubai et, très prochainement, Madinah et Jeddah», a annoncé Itani.

Si les opérations de pilotage solitaire sont validées, et si le feu vert est donné par les différentes autorités concernées, les transporteurs aériens et les aéroports du Moyen-Orient auront «un rôle important à assumer», a-t-elle conclu.


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.