Lee «Scratch» Perry, gourou du reggae, est mort à 85 ans

Lee «Scratch» Perry, gourou du reggae, décédé à 85 ans. (Photo, AFP)
Lee «Scratch» Perry, gourou du reggae, décédé à 85 ans. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 30 août 2021

Lee «Scratch» Perry, gourou du reggae, est mort à 85 ans

  • Né en 1936 à Kendal, en Jamaïque, Rainford Hugh «Lee» Perry avait quitté l'école à 15 ans avant de s'installer à Kingston dans les années 1960
  • «Sorcier du reggae», «Salvador Dali du dub» (prolongement du reggae basé sur des échos), «The Upsetter» («L'emmerdeur»): les surnoms ne manquent pas pour cette figure insaisissable et marquante dans l'histoire de la musique

PARIS : "Avant d'être humain, j'étais un poisson": mystique et excentrique, Lee "Scratch" Perry, décédé dimanche en Jamaïque, est le producteur qui a permis au reggae de conquérir le monde en guidant Bob Marley.

"Lee 'Scratch' Perry est mort ce matin alors qu'il se trouvait à l'hôpital Noel Holmes. Il avait 85 ans", a annoncé le Premier ministre de Jamaïque Andrew Holness sur son compte twitter.

Né en 1936 à Kendal, en Jamaïque, Rainford Hugh "Lee" Perry avait quitté l'école à 15 ans avant de s'installer à Kingston dans les années 1960.

"Mon père travaillait à la rue, ma mère dans les champs. Nous étions très pauvres", a-t-il dit en 1984 au magazine de rock britannique New Musicalm Express (NME). "Je n'ai rien appris à l'école. J'ai tout appris dans la rue".

"Sorcier du reggae", "Salvador Dali du dub" (prolongement du reggae basé sur des échos), "The Upsetter" ("L'emmerdeur"): les surnoms ne manquent pas pour cette figure insaisissable et marquante dans l'histoire de la musique. 

Il est donc celui qui poussa Marley en studio à sortir de sa gangue pour se hisser aux sommets. "Sans lui, Bob Marley serait peut-être resté une flèche orpheline de son arc", écrivit Francis Dordor, spécialiste du bonhomme, dans les Inrockuptibles. Perry "réintroduisit l'Afrique dans la musique jamaïcaine. Non seulement la pluralité rythmique mais aussi la résonance culturelle et philosophique". 

Mais il ne faudrait pas réduire le chamane jamaïcain à ce fait de gloire. Cette frêle silhouette soufflant de la ganja sur son micro pour en chasser les mauvais esprits avant ses performances-expériences sur scène, a insufflé nombre de motifs musicaux. 

"C'est le son de Perry et celui des +toasters+ (DJ qui prend le micro, ndlr) jamaïcains qui nous ont inspirés au début du hip-hop" a admis Afrika Bambaataa, pionnier du rap US, dans Rolling Stone. 

Et certaines des boucles hypnotiques jaillies des consoles de mixages - élevées au rang d'instruments à part entière - de Perry s'entendent dans la techno. 

L'homme ne nourrira d'ailleurs aucune rancœur à entendre ses signatures ici et là. "Si je frappe mes ennemis, ils continuent de vivre. Parce que je les frappe d'amour", avait-il dit dans une formule cryptique dont il avait le secret, lancée au Temps, journal suisse, pays où il avait fini par s'installer à la fin des années 1990.

«Vainc les vampires»

D'autres artistes ont collaboré au grand jour avec la légende, de The Clash aux Beastie Boys en passant par Moby, cerveau-électro assurant les choeurs - aux côtés d'une ex-star du porno, Sasha Grey - pour une de ses œuvres.

Il fallait voir le phénomène parler à une vache dans les environs d'Einsiedeln - son point de chute helvète, haut-lieu de pèlerinage pour sa Vierge Noire - dans le documentaire "Lee Scratch Perry's vision of paradise" signé Volker Schaner. 

Pourquoi les Alpes suisses? Pour suivre sa dernière épouse, une Suisse, ancienne dominatrice et ex-"patronne de maison close", "experte du fouet qui s'appelait Madame Devil" ("Madame Démoniaque") comme l'expose Le Temps.

Le film de Volker Schaner est riche en scènes étonnantes. On y entend le sculpteur de sons dire qu'il fut poisson avant d'être humain, ou répéter qu'il "vainc les vampires". 

On y admire ses différentes coiffes, des plumes d'indien façon far-west, des algues fraîchement sorties des flots ou des casquettes surchargées de breloques ou miroirs. 

Etincelles et flammes

Ses chaussures arborent sur un côté un portrait de l'empereur éthiopien Hailé Sélassié - considéré par les rastafari comme un messie - et recèlent dans une semelle un croquis, soigneusement protégé, de la Reine d'Angleterre.  

Tout un univers, né de son esprit labyrinthique, souvent comparé à celui du Facteur Cheval. Un décorum-fatras qui s'est retrouvé dans son mythique studio à Kingston, le "Black Ark". 

Qu'est-ce qui l'a conduit derrière des pupitres à façonner des sons ? La légende lui prête mille vies - conducteur de bulldozer, danseur professionnel, joueur de dominos... - avant qu'il ne devienne petite main dans des studios d'enregistrement de la capitale jamaïcaine puis fonde son label "Upsetter". 

Un studio qui finira dans les flammes au début des années 1980 sans que l'origine de l'incendie ne soit jamais établie. Et dans les années 2010, c'est son nouvel antre-atelier, en Suisse, qui connaîtra le même sort. 

Perry dira alors sur ses réseaux sociaux qu'il avait oublié d'éteindre une bougie. Lui qui a provoqué tant d'étincelles dans la musique.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.