Afghanistan: avant-dernier jour de présence américaine sous tension maximale

Environ 114 400 personnes dont près de 5 500 citoyens américains ont été évacuées d'Afghanistan par un gigantesque pont aérien depuis le 14 août, à la veille de la prise de Kaboul par les talibans. (Photo, AFP)
Environ 114 400 personnes dont près de 5 500 citoyens américains ont été évacuées d'Afghanistan par un gigantesque pont aérien depuis le 14 août, à la veille de la prise de Kaboul par les talibans. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 30 août 2021

Afghanistan: avant-dernier jour de présence américaine sous tension maximale

  • Les pays occidentaux ont mis fin ces derniers jours à leurs évacuations, mais il reste des personnes en Afghanistan qui peuvent encore y prétendre
  • Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image d'ouverture et de modération, qui laisse néanmoins sceptique de nombreux pays et observateurs.

KABOUL : Au lendemain d'une frappe préventive à Kaboul et à la veille de son ultime jour de présence en Afghanistan, l'armée américaine procède à ses dernières évacuations dans un climat extrêmement tendu, lundi, journée à intense activité diplomatique.

Il reste 300 Américains au plus à évacuer du pays, a déclaré dimanche le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. "Nous travaillons sans relâche ces heures-ci et ces jours-ci pour les sortir de là", a-t-il dit sur la chaîne ABC, à 48 heures de la date butoir du retrait américain.

Environ 114 400 personnes dont près de 5 500 citoyens américains ont été évacuées d'Afghanistan par un gigantesque pont aérien depuis le 14 août, à la veille de la prise de Kaboul par les talibans.

La dernière phase des opérations d'évacuations a été alourdie par l'attentat de jeudi aux abords de l'aéroport de la capitale afghane, revendiqué par l'Etat islamique au Khorasan (EI-K), qui a fait une centaine de morts, dont 13 militaires américains et deux britanniques.

Joe Biden a accueilli dimanche les dépouilles des 13 défunts sur le tarmac de la base militaire de Dover, dans le Delaware. Le président américain est sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise afghane.

Frappes américaines

En représailles à l'attaque de jeudi, les Etats-Unis ont effectué samedi une frappe de drone dans l'est de l'Afghanistan, tuant deux membres "de haut niveau" de la branche afghane de l'EI et en blessant un troisième, et affirmé que ce ne serait pas "la dernière".

Dimanche, ils ont détruit un véhicule chargé d'explosifs, afin de "supprimer une menace imminente" de l'EI-K contre l'aéroport. Un porte-parole des talibans a confirmé qu'un véhicule piégé avait été détruit alors qu'il se dirigeait vers l'aéroport, et ajouté qu'une probable deuxième frappe avait atteint une maison située à proximité.

Y a-t-il eu des victimes civiles? "Nous savons qu'il y a eu des explosions importantes et puissantes à la suite de la destruction du véhicule, indiquant la présence d'une grande quantité de matière explosive à l'intérieur, ce qui a pu causer des pertes supplémentaires", a déclaré le Commandement central de l'armée américaine (Centcom) dimanche soir. "Ce qui s'est passé n'est pas clair, et nous continuons d'enquêter".

Avant la publication de ce communiqué, la chaîne américaine CNN avait affirmé que neuf membres d'une famille, dont six enfants, avaient été tués dans la frappe de dimanche dans la capitale surpeuplée, où des milliers d'Afghans tentent toujours de fuir les talibans. L'AFP n'était pas en mesure de confirmer ce bilan, mais des médias locaux ont aussi annoncé des victimes civiles.

Que se passera-t-il après la date butoir du mardi 31 août? Washington réunit lundi en visio-conférence ses "partenaires clés" (France, Canada, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni, Turquie, Qatar, Union européenne et Otan), afin de discuter "d'une approche alignée" pour la suite, a avancé le département d'Etat dimanche dans un communiqué.

Antony Blinken s'exprimera après la réunion pour faire le point sur les actions récentes des Etats-Unis en Afghanistan.

Lundi également se tiendra à l'ONU une réunion des membres permanents du Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan. La France et le Royaume-Uni vont y plaider en faveur de la création à Kaboul d'une "zone protégée" pour mener des opérations humanitaires, a déclaré le président français, Emmanuel Macron, à l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche.

Les pays occidentaux ont mis fin ces derniers jours à leurs évacuations, mais il reste des personnes en Afghanistan qui peuvent encore y prétendre.

A ce sujet, une centaine de pays, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont annoncé dimanche dans un communiqué avoir reçu l'engagement de la part des talibans qu'ils laisseraient partir tous les étrangers et ressortissants afghans disposant d'un permis de s'installer ailleurs, même après le retrait des troupes américaines prévu mardi.

Le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a estimé que jusqu'à 1 100 Afghans éligibles à un départ pour la Grande-Bretagne étaient restés sur place. Londres les accueillera s'ils parviennent à quitter le pays par un autre moyen après la date butoir.

 

Les Etats-Unis enquêtent sur d'éventuelles victimes civiles après leur frappe à Kaboul

Les Etats-Unis enquêtent sur de possibles victimes civiles dans la frappe aérienne ayant détruit une voiture chargée d'explosifs dans la capitale afghane Kaboul, a annoncé dimanche un porte-parole du Commandement central de l'armée américaine (Centcom).

"Nous sommes au courant que des victimes civiles ont été annoncées à la suite de notre frappe sur un véhicule à Kaboul aujourd'hui", a expliqué le capitaine Bill Urban, porte-parole du Centcom, dans un communiqué.

"Nous sommes toujours en train d'évaluer les résultats de cette frappe, qui, nous le savons, a enrayé une menace imminente de l'EI-K (l'Etat islamique au Khorasan, ndlr) contre l'aéroport", a poursuivi le Centcom en référence au groupe terroriste ayant revendiqué l'attentat de jeudi.

Avant la publication de ce communiqué, la chaîne américaine CNN avait affirmé que neuf membres d'une famille, dont six enfants, avaient été tués dans la frappe de dimanche dans la capitale surpeuplée, où des milliers d'Afghans tentent toujours de fuir les talibans.

L'AFP n'était pas en mesure de confirmer ce bilan, mais des médias locaux ont aussi annoncé des victimes civiles.

"Nous savons qu'il y a eu des explosions importantes et puissantes à la suite de la destruction du véhicule, indiquant la présence d'une grande quantité de matière explosive à l'intérieur, ce qui a pu causer des pertes supplémentaires", a souligné le capitaine Urban. "Ce qui s'est passé n'est pas clair, et nous continuons d'enquêter".

"Nous serions profondément attristés par toute perte potentielle de vie innocente", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis ont mené une frappe aérienne dimanche, quelques jours après un attentat suicide contre des civiles et les troupes américaines filtrant l'immense foule qui essayait de pénétrer dans l'aéroport de Kaboul pour fuir le nouveau régime taliban.

Une centaine de personnes ont été tuées dans l'attaque, dont treize soldats américains et deux britanniques.

Le N.1 taliban «apparaîtra bientôt»

Emmanuel Macron, qui avait affirmé samedi que son pays menait "des discussions" avec les talibans et le Qatar pour poursuivre l'évacuation d'Afghans menacés, a relevé que cela n'impliquait pas une reconnaissance ultérieure de leur gouvernement. "Ceux qui ont le contrôle de Kaboul et du territoire (afghan) sont les talibans, donc de manière opérationnelle, (...) nous devons avoir ces discussions", mais "cela ne préjuge pas d'une reconnaissance, parce que nous avons posé des conditions", a-t-il déclaré dimanche soir à l'antenne de la chaîne TFI depuis l'Irak.

Les talibans ont donné dimanche des précisions sur leur chef suprême, Hibatullah Akhundzada, qui n'est jamais apparu en public. "Il est à Kandahar (sud). Il vit là depuis le début", a déclaré leur porte-parole, Zabihullah Mujahid. "Il apparaîtra bientôt en public", a ajouté le porte-parole adjoint Bilal Karimi.

L'attentat de jeudi a poussé talibans et Américains à collaborer plus étroitement. Si les premiers ont bouclé les routes menant à l'aéroport, ils laissent passer les bus transportant des passagers dont les noms figurent sur des listes donnés par les Américains, a expliqué un responsable taliban.

Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image d'ouverture et de modération, qui laisse néanmoins sceptique de nombreux pays et observateurs.

Le ministre par intérim de l'enseignement supérieur du gouvernement taliban, Abdul Baqi Hazzani, a assuré dimanche que les Afghanes pourraient étudier à l'université, mais dans des classes non mixtes, le nouveau régime affichant également son intention d'y proposer un programme d'enseignement "islamique et raisonnable".


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.