Elections allemandes: le candidat du parti de Merkel passe à l'offensive

Armin Laschet, Premier ministre de la Rhénanie du Nord-Westphalie et candidat de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à la chancelier assiste à un débat télévisé sur les élections à Berlin le 29 août 2021, avant les élections générales qui auront lieu le 26 septembre 2021. (Photo AFP)
Armin Laschet, Premier ministre de la Rhénanie du Nord-Westphalie et candidat de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à la chancelier assiste à un débat télévisé sur les élections à Berlin le 29 août 2021, avant les élections générales qui auront lieu le 26 septembre 2021. (Photo AFP)
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Publié le Lundi 30 août 2021

Elections allemandes: le candidat du parti de Merkel passe à l'offensive

  • Ce qui semblait impensable il y a encore quelques semaines est en effet désormais une possibilité: le parti de droite de la chancelière, CDU, et son allié bavarois CSU, risquent de devoir retourner dans l'opposition pour la première fois depuis 2002
  • Un sondage publié dimanche par le quotidien Bild donne ce mouvement à seulement 21%, contre 34% en début d'année, devancé par le parti social-démocrate d'Olaf Scholz (24%) et devant les Verts d'Annalena Baerbock (17%)

BERLIN : Le prétendant à la succession d'Angela Merkel dans le camp conservateur, Armin Laschet, est passé à l'offensive dimanche soir lors d'un débat télévisé, pour tenter d'inverser les sondages qui le donnent battu lors des législatives allemandes de fin septembre.


Ce qui semblait impensable il y a encore quelques semaines est en effet désormais une possibilité: le parti de droite de la chancelière, CDU, et son allié bavarois CSU, risquent de devoir retourner dans l'opposition pour la première fois depuis 2002.


Un sondage publié dimanche par le quotidien Bild donne ce mouvement à seulement 21%, contre 34% en début d'année, devancé par le parti social-démocrate d'Olaf Scholz (24%) et devant les Verts d'Annalena Baerbock (17%).


Panique

Le journal parle "d'un état de panique" dans le camp conservateur, qui domine la vie politique allemande depuis 1949.


Peu populaire, Armin Laschet a reconnu sans fard ses difficultés lors du premier grand débat télévisé de la campagne. 


"J'ai toujours eu à faire face à des vents contraires, aujourd'hui aussi", a-t-il admis. Tout en assurant avoir toujours réussi à rebondir, grâce à sa "fermeté" et sa "fiabilité".


Réputé d'ordinaire pour sa modération et sa jovialité, le dirigeant de la région allemande la plus peuplée - la Rhénanie du Nord-Westphalie - n'a eu d'autre choix que de se faire violence en passant à l'offensive lors de cette joute retransmise sur la chaîne privée RTL.


Il n'a ainsi pas hésité à vilipender la politique en Afghanistan de l'actuel gouvernement de coalition- pourtant dirigé par son propre parti - et dont Olaf Scholz est ministre des Finances.


Le retrait précipité des forces de l'Otan du pays constitue "un désastre pour l'Occident, et également pour le gouvernement fédéral" allemand, a-t-il tancé, en tentant d'apparaître comme l'homme du changement.

Gouvernement de gauche?

Armin Laschet a surtout agité le spectre d'un gouvernement purement de gauche en Allemagne après les législatives du 26 septembre, à l'issue desquelles Angela Merkel prendra sa retraite après 16 ans de pouvoir.


Les enquêtes d'opinion n'excluent pas en effet la possibilité d'une coalition inédite associant sociaux-démocrates du SPD, écologistes et gauche radicale Die Linke.


"Je ne comprends pas pourquoi il vous est si difficile d'exclure de vous allier dans un gouvernement avec Die Linke!", a lancé M. Laschet à Olaf Scholz, qui est resté vague sur le sujet.


Cela suffira-t-il à inverser la situation pour le parti d'Angela Merkel?


Pas sûr. Selon un premier sondage de l'institut Forsa diffusé par RTL dans la soirée, Olaf Scholz est ressorti vainqueur du débat, se montrant le plus convaincant pour 36% des personnes interrogées, devant la candidate Verte à 30% et seulement 25% pour Armin Laschet.


Or, ce dernier avait besoin de l'emporter dimanche soir pour espérer repartir de l'avant. Le candidat du SPD est aussi jugé le plus sympathique pour 38%, contre seulement 22% pour Armin Laschet.


La peur de la défaite est telle à droite, que la stratégie électorale pour la dernière ligne droite de la campagne est en passe d'être modifiée.


Faute d'avoir réussi à s'imposer, le candidat Armin Laschet doit être mis en retrait, au profit d'autres personnalités du mouvement.


Armin Laschet l'a lui-même reconnu lors du débat en indiquant qu'il n'était que le représentant "de l'équipe CDU".


Sans susciter d'enthousiasme, Olaf Scholz a pour lui d'inspirer la confiance dans l'opinion en raison de son expérience gouvernementale, qui manque à ses deux rivaux. 


"Olaf Scholz s'est merkelisé", constate Der Spiegel. Ce social-démocrate tendance centriste tente d'apparaître comme le seul véritable héritier de la chancelière, allant même jusqu'à reprendre son tic favori: mettre les mains devant lui en losange.


Il a en outre jusqu'ici fait un sans-faute lors de la campagne, alors que les candidats de la droite et des Verts ont multiplié les bévues.


Quelle que soit l'issue du scrutin, le prochain gouvernement pourrait s'avérer très compliqué à former, avec une multitude de coalitions possibles et - pour la première fois depuis les années 1950 - un gouvernement à trois partis.


Cela pourrait constituer un facteur d'instabilité dans la vie politique du pays.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.