En Suède, des patients choisissent l'ethnicité de leur médecin

Un personnel médical du laboratoire de l'hôpital Karolinska utilise une machine utilisée dans le processus de test PCR pour les personnes qui pensent être infectées par le nouveau coronavirus (Covid-19), le 7 décembre 2020 à Solna près de Stockholm. (Jonathan Nackstrand/AFP)
Un personnel médical du laboratoire de l'hôpital Karolinska utilise une machine utilisée dans le processus de test PCR pour les personnes qui pensent être infectées par le nouveau coronavirus (Covid-19), le 7 décembre 2020 à Solna près de Stockholm. (Jonathan Nackstrand/AFP)
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Publié le Samedi 28 août 2021

En Suède, des patients choisissent l'ethnicité de leur médecin

  • A l'heure où les tensions liées à l'immigration croissent dans une Suède traditionnellement homogène, la réforme a permis aux patients de refuser d'être traités par des Suédois d'origine étrangère
  • Pour Makih Fatelahi, médecin à Kronoberg (sud), dont l'identité a également été modifiée à sa demande, certains patients craignent de ne pas se faire comprendre

STOCKHOLM, Suède : Se faire soigner par un blanc ? Aucun problème, il suffit de demander. En Suède, nombreux sont les établissements de soins à accepter que les patients choisissent la couleur de peau de leur docteur.

La réforme du système de santé, adoptée en 2010 et permettant aux patients de choisir leur propre médecin, a conduit de manière inattendue à une discrimination des médecins d'origine étrangère.

"Quand je travaillais en psychiatrie, un patient a annulé trois fois son rendez-vous avec moi, car il ne voulait pas être examiné par un +médecin étranger+", explique Navid Ghan, 30 ans.

"Finalement, il n'a pas eu le choix, j'étais le seul médecin sur place. Pendant la consultation, même s'il voyait que je parlais suédois sans aucun accent, il me disait +vous, les étrangers, vous ne comprenez rien+", raconte, un brin désabusé, le trentenaire, qui a grandi et étudié en Suède.

A sa demande, le nom et le prénom de ce généraliste agréé a été changé.

"Maintenant, avec mes collègues, on en rit dans la salle de déjeuner. Les infirmières (qui s'occupent de la prise de rendez-vous, ndlr) débarquent en disant +ils ont encore annulé en voyant ton nom+".

Depuis 2010, les patients, qui auparavant se voyaient attribuer d'office un centre de soins selon leur domicile, choisissent eux-mêmes leur clinique.

A l'heure où les tensions liées à l'immigration croissent dans une Suède traditionnellement homogène, la réforme a permis aux patients de refuser d'être traités par des Suédois d'origine étrangère.

- "Peau claire" -

Fin mars, 1.011 médecins et étudiants avaient signé une tribune dans le tabloïd Expressen appelant "les autorités responsables à agir contre le racisme".

Pendant l'été, le quotidien de référence Dagens Nyheter a publié une enquête dévoilant l'ampleur du phénomène.

En se faisant passer pour des patients déménageant, les journalistes ont appelé 120 établissements de santé en demandant que leur nouveau médecin traitant soit d'éthnicité suédoise. 

51 acceptent, 40 refusent. Une poignée souligne l'impossibilité de satisfaire ce genre de demande qui enfreint la loi contre la discrimination.

"Nous avons Maria, Sanna et Elsa. Trois femmes à la peau claire", a pourtant répondu un secrétariat médical.

"Une pratique inacceptable", a dénoncé la ministre de l'Egalité, Märta Stenevi, interrogée par l'AFP.

Pour Madeleine Liljegren, responsable de l'association des jeunes médecins, elle s'explique notamment par "une situation de concurrence entre les établissements de soins pour obtenir les patients, et donc la rémunération", les centres de soin obtenant un financement selon le nombre de malades.

- "Développement inquiétant" -

"Les soignants se disent sans doute +je vais satisfaire sa demande+, bien que choquante, pour pouvoir garder le patient", dénonce-t-elle, d'autant que certains centres manquent de malades. 

Ils sont pourtant obligés de respecter la législation anti-discrimination, que ces pratiques violent.

Pour Makih Fatelahi, médecin à Kronoberg (sud), dont l'identité a également été modifiée à sa demande, certains patients craignent de ne pas se faire comprendre.

"Le problème c'est qu'ils ne voient que ton nom lors de la prise de rendez-vous, tu n'as pas le temps d'établir un contact humain avant de te faire évincer", soupire le praticien hospitalier de 28 ans.

Pour l'Ombudsman de l'Egalité (DO), une agence publique de lutte contre les discriminations, Lars Arrhenius, choisir son médecin en fonction de sa couleur de peau est le signe d'un "développement inquiétant" dans la société suédoise.

"Tout est très polarisé, et de plus en plus dûr quand on parle de ces questions", constate-il à l'heure où l'extrême-droite des Démocrates de Suède, jouit de plus de 20% des intentions de vote.

En 2020, DO a reçu un peu plus de 3.500 plaintes de discrimination, 1.146 concernait l'"ethnicité" dans un pays traditionnellement homogène, qui a vu sa population immigrée doubler en vingt ans.

Navid Ghan confie ne pas s'être senti soutenu par sa hiérarchie qui observe pourtant le racisme de plusieurs patients.

Et il n'est pas le seul à pointer l'absence de consignes internes pour affronter ce type de comportement. 

"On finit par ne plus y faire attention. Personnellement, pour ne pas laisser mes émotions prendrent le dessus, j'agis selon un algorithme mental: est-ce que ce patient a vraiment besoin de mon aide? Si oui, je le prends en charge sans faire attention aux commentaires. Si non, je demande à un collègue de prendre ma place", raconte-t-il.    


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.