Panique totale à l'aéroport de Kaboul, l'attaque la plus meurtrière depuis 2011: 85 morts

Des Afghans pleurent la mort d'un proche dans la double explosion de l'aéroport de Kaboul. (AFP).
Des Afghans pleurent la mort d'un proche dans la double explosion de l'aéroport de Kaboul. (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 27 août 2021

Panique totale à l'aéroport de Kaboul, l'attaque la plus meurtrière depuis 2011: 85 morts

  • La "panique totale" a saisi jeudi les Afghans rassemblés près de l'aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions
  • L'attentat qui a tué au moins 13 militaires américains jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul est l'attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan

KABOUL: La "panique totale" a saisi jeudi les Afghans rassemblés près de l'aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions meurtrières, ont raconté des témoins, quelques heures après que des pays occidentaux eurent mis en garde contre le fort risque d'attentat.

Le bilan de la double attaque suicide perpétrée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) à l'aéroport de Kaboul est monté vendredi à 85 morts, dont treize soldats américains, dans une atmosphère tendue à quelques jours de la fin prévue des évacuations des étrangers et afghans qui cherchent à fuir le nouveau régime taliban. 160 personnes ont été blessées.


A quelques jours de l'échéance du 31 août fixée par le président américain Joe Biden pour retirer les troupes étrangères d'Afghanistan et achever l'évacuation de ceux qui veulent fuir le pays, désormais aux mains des talibans, des milliers de candidats au départ étaient encore massés jeudi près de l'aéroport.

afghanistan


Ils avaient ignoré les avertissements occidentaux lancés depuis la veille et faisant état de menaces crédibles d'attentats-suicides autour du complexe, où un gigantesque pont aérien est organisé par les Occidentaux depuis la soudaine reprise du pouvoir par les talibans à la mi-août.


Mais alors que le soleil commençait à se coucher sur la capitale afghane, deux explosions ont retenti. 


Ces attentats ont fait "au moins" 13 à 20 morts et 52 blessés, a indiqué  le principal porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid.


Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des personnes ensanglantées emmenées sur des brouettes, ou un enfant agrippant le bras d'un homme souffrant d'une blessure à la tête.


D'autres images montraient des corps éparpillés dans l'eau d'un canal de drainage alors que des survivants se relevaient. 


Des appels à l'aide désespérés étaient entendus alors que des personnes recherchaient leurs proches après les explosions. "Il y a des morts étendus ici", criait une personne hors caméra.

afghanistan


Une fumée épaisse s'élevait dans les airs, alors qu'hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions. 


Une explosion a eu lieu près d'Abbey Gate, une des portes d'accès de l'aéroport, et l'autre à proximité de l'hôtel Baron, selon le Pentagone.


"C’était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport", où étaient notamment passées ces derniers jours des personnes évacuées par les Français et les Britanniques, a déclaré un témoin, Milad.


"Il y a beaucoup de morts et de blessés", dit-il, ajoutant avoir vu "des corps et des fragments humains projetés" aux alentours.


Dans la confusion, il raconte avoir perdu les documents avec lesquels il espérait embarquer sur un vol avec sa femme et ses trois enfants. 


"Je ne veux plus jamais aller (à l'aéroport). Mort à l'Amérique, son évacuation et ses visas", dit-il.


"Quand les gens ont entendu l’explosion, ça a été la panique totale. Les talibans ont alors tiré en l’air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte", a indiqué un autre témoin, qui a notamment vu "un homme courir avec un bébé blessé dans les bras".

afghanistan
Des proches de victimes installent le cercueil d'un mort à l'arrière d'une voiture. (AFP). 

Vie meilleure 

Peu après, un photographe de l'AFP a vu arriver au moins cinq dépouilles de victimes et des dizaines de blessés dans un hôpital proche, géré par l'ONG italienne Emergency.


Akram Lubega, un Ougandais de 26 ans qui travaille à l’aéroport pour une compagnie de restauration, a indiqué avoir entendu une explosion sans savoir de quoi il s’agissait. "Bien sûr qu’on a tous peur. Tout le monde est tendu, et des soldats se déploient tout autour de l’aéroport" par crainte d'autres attaques, a-t-il ajouté.


Les mises en garde occidentales n'avaient pas dissuadé, avant l'explosion, nombre d'Afghans de continuer d'assiéger l'aéroport.
 

Les réactions dans le monde

  • L'Otan, de nombreux pays dans le monde entier et les talibans ont condamné jeudi le double attentat meurtrier à l'aéroport de Kaboul, revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) que Washington a menacé de représailles.
  • Etats-Unis -Selon le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain chargé de l'Afghanistan, il s'agit d'attentats-suicides commis par "deux jihadistes considérés comme appartenant à l'EI (...) suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires"."Si nous pouvons trouver qui est lié à cela, nous nous lancerons à leur poursuite", a déclaré le général, précisant que douze militaires américains avaient été tués et quinze blessés et que les évacuations se poursuivaient.
  • Cette attaque, qui a fait entre treize et vingt morts selon les talibans, a peu après été revendiquée par l'EI.
  • L'ancien président américain Donald Trump a dénoncé une tragédie qui "n'aurait jamais dû avoir lieu".
  • L'actuel président Joe Biden a estimé jeudi soir qu'il n'y avait pas de preuve d'une "collusion" entre les talibans et le groupe Etat islamique dans l'attaque. Il a promis d'en "pourchasser" les auteurs et de les faire "payer".
  • Talibans -Les talibans ont condamné "fermement" l'attaque, tout en soulignant qu'elle était survenue dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine. "L'explosion a eu lieu dans une zone où les forces américaines sont responsables de la sécurité", a souligné leur porte-parole Zabihullah Mujahid.
  • Otan -Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné "fermement cet attentat terroriste horrible", tout en soulignant que la priorité restait "d'évacuer autant de gens que possible vers un environnement sûr, le plus rapidement possible".
  • Union européenne -Le président du Conseil européen Charles Michel a également appelé à continuer les évacuations depuis l'aéroport sécurisé par les Etats-Unis. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné "les attaques lâches et inhumaines à l'aéroport de Kaboul".
  • Canada - "Nous condamnons fermement les attentats terroristes perpétrés à Kaboul. Nous sommes de tout coeur avec le peuple afghan, les proches des victimes, y compris nos alliés. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour soutenir les Afghans et accueillir les réfugiés", a tweeté le Premier ministre Justin Trudeau.
  • Allemagne -La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un attentat "absolument ignoble". "Il s'agit d'une situation très, très tendue pour faire sortir les gens du pays", a-t-elle souligné.
  • Royaume-Uni -Le Premier ministre Boris Johnson a annoncé que les opérations d'évacuation allaient continuer malgré les attentats. "Clairement, ce que montre cette attaque, c'est l'importance de continuer ce travail de la manière la plus rapide et la plus efficace possible dans les heures qui nous restent, et c'est ce que nous allons faire", a-t-il ajouté.
  • "Le Royaume-Uni et les Etats-Unis demeurent résolus dans leur mission pour sortir le plus grand nombre de personnes possible ... Les actes des terroristes ne nous arrêteront pas", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab.
  • Russie - "Il faut que le monde entier fasse pression sur les nouvelles autorités afghanes, peu importe qu’on les reconnaisse ou pas (...) , pour exhorter ces autorités à mettre en place un dialogue inter-afghan. Un dialogue inclusif, en utilisant la terminologie occidentale, et non pas un dialogue exclusif. Les vainqueurs ont gagné la guerre mais ils ont encore à gagner la paix", a indiqué sur Facebook Konstantin Kossatchev, un vice-président du Conseil de la Fédération russe (chambre haute du Parlement).
  • Italie -"Je condamne ce vil et horrible attentat contre des personnes sans défense en quête de liberté", a réagi le Premier ministre italien Mario Draghi.
  • Espagne -Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a condamné les attentats tout en soulignant que l'Espagne oeuvrait "pour évacuer le plus grand nombre possible de personnes" d'Afghanistan.
  • France -Le président Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques terroristes". L'état-major des armées a annoncé que Paris poursuivait ses opérations d'évacuation d'Afghans craignant les représailles des talibans.
  • Pays-Bas - Le Premier ministre Mark Rutte a déploré "une terrible tragédie".
  • Norvège -La ministre norvégienne Ine Eriksen Soreide a condamné l'attaque contre "des civils innocents tentant de quitter le pays", un "acte terrible de cruauté".
  • Suède -La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a adressé ses condoléances aux familles des militaires américains tués dans les attentats.
  • Turquie -La Turquie a condamné "une attaque haineuse".
  • Israël -Le Premier ministre Naftali Bennett, actuellement en visite aux Etats-Unis, a exprimé le "profond chagrin" de son pays "pour la mort d'Américains à Kaboul".
  • Arabie Saoudite - L'Arabie saoudite "condamne fermement l'attaque terroriste meurtrière". "Cet acte haineux viole toutes les valeurs morales et humanitaires." 
  • Egypte -L'Egypte a condamné "la double attaque terroriste" et renouvelé "sa solidarité dans le combat contre toutes les formes de terrorisme, de violence et d'extrémisme", selon le ministère des Affaires étrangères.
  • Jordanie -La Jordanie a condamné les attentats et dénoncé le "terrorisme qui reste une menace dangereuse".
  • Qatar -Le Qatar a dénoncé l'attaque et rejeté "la violence et le terrorisme quelles que soient les motivations et les causes".
  • Pologne - Le président polonais Andrzej Duda a déclaré: "Je condamne dans les termes les plus forts les attaques haineuses à l'aéroport de Kaboul (...) Mes prières vont aux familles des victimes de cet acte lâche. La Pologne se tient aux côtés de nos amis américains et afghans".

 

Les évacuations s'achèvent « dans quelques heures »

 

afghanistan
Des Afghans évacués de Kaboul par l'armée française arrivent à la base militaire d'Al-Dhafra près d'Abou Dhabiaux Emirats Arabes Unis. ( AFP PHOTO / ETAT MAJOR DES ARMEES). 

L'Espagne a annoncé vendredi matin avoir terminé ses vols d'évacuation, comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada et l'Australie avant elle. Celles des Britanniques s'achèveront "dans quelques heures", a précisé Londres vendredi matin.

Après les explosions, Paris a annoncé le rapatriement en France pour raisons de sécurité de son ambassadeur en Afghanistan David Martinon, qui se trouvait jusqu'alors à l'aéroport de Kaboul.

afghanistan

 

Parmi les candidats à l'exil figurent beaucoup d'Afghans urbains et éduqués, qui craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.


Y figurent aussi ceux qui ont travaillé pour les forces du gouvernement pro-occidental déchu ou pour leurs alliés des forces occidentales, ennemis des talibans pendant 20 ans, ou des sociétés étrangères, qui craignent de violentes représailles des islamistes.


La foule a également été nourrie par l'afflux d'Afghans non invités par les Occidentaux à partir, et qui tentent juste de saisir l'opportunité d'une vie meilleure en Occident.


C'est le cas d'Hamid, venu avec une partie de sa famille. Employé dans un ministère avant l'arrivée au pouvoir des talibans, il admet ne pas faire partie des catégories menacées par les nouveaux maîtres de Kaboul.


"J'ai entendu que si je pouvais rentrer dans l'aéroport, je pourrais aller en Amérique", explique-t-il, disant s'attendre à ce que les talibans lui retirent son emploi pour le donner "à des parents à eux". Dans ce cas, s'interroge-t-il, "comment prendrai-je soin de ma famille?"

 

L'attaque à Kaboul la plus meurtrière pour l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011

L'attentat qui a tué au moins 13 militaires américains jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul est l'attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan.


"Deux jihadistes considérés comme appartenant à l'Etat islamique se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires", a annoncé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l'Afghanistan.


Voici quelques unes des attaques les plus meurtrières contre des militaires américains depuis le début de leur intervention en Afghanistan.

Hélicoptères 

La guerre la plus longue de l'histoire des Etats-Unis a coûté la vie à plus de 1.900 militaires américains au combat.


L'attaque la plus meurtrière a eu lieu dans la nuit du 6 août 2011 lorsqu'un hélicoptère Chinook avait été abattu par les talibans dans la province de Wardak, au sud-ouest de Kaboul.


Trente militaires américains, sept soldats afghans et un interprète civil avaient été tués dans l'écrasement de l'appareil. Parmi eux, 22 Navy Seals, le corps d'élite de la Marine américaine.


Avant cela, l'événement le plus meurtrier du conflit pour la coalition remontait au 28 juin 2005, quand 16 militaires américains avaient été tués dans la chute d'un autre Chinook, touché par une roquette tirée par des talibans dans la province orientale de Kunar.

Echanges de tirs 
Neuf soldats américains ont aussi été tués en juillet 2008 dans des échanges de tirs avec des talibans à Wanat, dans la province du Nouristan.


Quinze mois plus tard, 8 Américains sont morts dans des circonstances similaires lors de tirs contre des centaines d'insurgés à Kamdesh, dans la même province.

Alliés présumés 

Plusieurs soldats américains sont aussi morts dans des attaques perpétrées par des auteurs que les Etats-Unis considéraient pourtant comme alliés.


Le 27 avril 2011, huit militaires - dont plusieurs officiers - et un civil, tous américains et chargés de la formation de l'aviation afghane, avaient été abattus sur une base de Kaboul par un ancien pilote de l'armée afghane.


Et le 30 décembre 2009, un "agent triple" que les services de renseignement américains pensaient être de leur côté a tué sept officiers et contractants de la CIA, dans un spectaculaire attentat-suicide sur la une base de l'Otan appelée Camp Chapman, dans l'est du pays.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

Short Url
  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url
  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.