Panique totale à l'aéroport de Kaboul, l'attaque la plus meurtrière depuis 2011: 85 morts

Des Afghans pleurent la mort d'un proche dans la double explosion de l'aéroport de Kaboul. (AFP).
Des Afghans pleurent la mort d'un proche dans la double explosion de l'aéroport de Kaboul. (AFP).
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Publié le Vendredi 27 août 2021

Panique totale à l'aéroport de Kaboul, l'attaque la plus meurtrière depuis 2011: 85 morts

  • La "panique totale" a saisi jeudi les Afghans rassemblés près de l'aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions
  • L'attentat qui a tué au moins 13 militaires américains jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul est l'attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan

KABOUL: La "panique totale" a saisi jeudi les Afghans rassemblés près de l'aéroport de Kaboul, frappé par deux explosions meurtrières, ont raconté des témoins, quelques heures après que des pays occidentaux eurent mis en garde contre le fort risque d'attentat.

Le bilan de la double attaque suicide perpétrée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) à l'aéroport de Kaboul est monté vendredi à 85 morts, dont treize soldats américains, dans une atmosphère tendue à quelques jours de la fin prévue des évacuations des étrangers et afghans qui cherchent à fuir le nouveau régime taliban. 160 personnes ont été blessées.


A quelques jours de l'échéance du 31 août fixée par le président américain Joe Biden pour retirer les troupes étrangères d'Afghanistan et achever l'évacuation de ceux qui veulent fuir le pays, désormais aux mains des talibans, des milliers de candidats au départ étaient encore massés jeudi près de l'aéroport.

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Ils avaient ignoré les avertissements occidentaux lancés depuis la veille et faisant état de menaces crédibles d'attentats-suicides autour du complexe, où un gigantesque pont aérien est organisé par les Occidentaux depuis la soudaine reprise du pouvoir par les talibans à la mi-août.


Mais alors que le soleil commençait à se coucher sur la capitale afghane, deux explosions ont retenti. 


Ces attentats ont fait "au moins" 13 à 20 morts et 52 blessés, a indiqué  le principal porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid.


Des photos publiées sur les réseaux sociaux montraient des personnes ensanglantées emmenées sur des brouettes, ou un enfant agrippant le bras d'un homme souffrant d'une blessure à la tête.


D'autres images montraient des corps éparpillés dans l'eau d'un canal de drainage alors que des survivants se relevaient. 


Des appels à l'aide désespérés étaient entendus alors que des personnes recherchaient leurs proches après les explosions. "Il y a des morts étendus ici", criait une personne hors caméra.

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Une fumée épaisse s'élevait dans les airs, alors qu'hommes, femmes et enfants couraient dans tous les sens pour s'éloigner du lieu des explosions. 


Une explosion a eu lieu près d'Abbey Gate, une des portes d'accès de l'aéroport, et l'autre à proximité de l'hôtel Baron, selon le Pentagone.


"C’était une énorme explosion, au milieu de la foule qui attendait devant une des portes de l’aéroport", où étaient notamment passées ces derniers jours des personnes évacuées par les Français et les Britanniques, a déclaré un témoin, Milad.


"Il y a beaucoup de morts et de blessés", dit-il, ajoutant avoir vu "des corps et des fragments humains projetés" aux alentours.


Dans la confusion, il raconte avoir perdu les documents avec lesquels il espérait embarquer sur un vol avec sa femme et ses trois enfants. 


"Je ne veux plus jamais aller (à l'aéroport). Mort à l'Amérique, son évacuation et ses visas", dit-il.


"Quand les gens ont entendu l’explosion, ça a été la panique totale. Les talibans ont alors tiré en l’air pour disperser les gens qui attendaient devant la porte", a indiqué un autre témoin, qui a notamment vu "un homme courir avec un bébé blessé dans les bras".

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Des proches de victimes installent le cercueil d'un mort à l'arrière d'une voiture. (AFP). 

Vie meilleure 

Peu après, un photographe de l'AFP a vu arriver au moins cinq dépouilles de victimes et des dizaines de blessés dans un hôpital proche, géré par l'ONG italienne Emergency.


Akram Lubega, un Ougandais de 26 ans qui travaille à l’aéroport pour une compagnie de restauration, a indiqué avoir entendu une explosion sans savoir de quoi il s’agissait. "Bien sûr qu’on a tous peur. Tout le monde est tendu, et des soldats se déploient tout autour de l’aéroport" par crainte d'autres attaques, a-t-il ajouté.


Les mises en garde occidentales n'avaient pas dissuadé, avant l'explosion, nombre d'Afghans de continuer d'assiéger l'aéroport.
 

Les réactions dans le monde

  • L'Otan, de nombreux pays dans le monde entier et les talibans ont condamné jeudi le double attentat meurtrier à l'aéroport de Kaboul, revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) que Washington a menacé de représailles.
  • Etats-Unis -Selon le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain chargé de l'Afghanistan, il s'agit d'attentats-suicides commis par "deux jihadistes considérés comme appartenant à l'EI (...) suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires"."Si nous pouvons trouver qui est lié à cela, nous nous lancerons à leur poursuite", a déclaré le général, précisant que douze militaires américains avaient été tués et quinze blessés et que les évacuations se poursuivaient.
  • Cette attaque, qui a fait entre treize et vingt morts selon les talibans, a peu après été revendiquée par l'EI.
  • L'ancien président américain Donald Trump a dénoncé une tragédie qui "n'aurait jamais dû avoir lieu".
  • L'actuel président Joe Biden a estimé jeudi soir qu'il n'y avait pas de preuve d'une "collusion" entre les talibans et le groupe Etat islamique dans l'attaque. Il a promis d'en "pourchasser" les auteurs et de les faire "payer".
  • Talibans -Les talibans ont condamné "fermement" l'attaque, tout en soulignant qu'elle était survenue dans une zone placée sous la responsabilité de l'armée américaine. "L'explosion a eu lieu dans une zone où les forces américaines sont responsables de la sécurité", a souligné leur porte-parole Zabihullah Mujahid.
  • Otan -Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a condamné "fermement cet attentat terroriste horrible", tout en soulignant que la priorité restait "d'évacuer autant de gens que possible vers un environnement sûr, le plus rapidement possible".
  • Union européenne -Le président du Conseil européen Charles Michel a également appelé à continuer les évacuations depuis l'aéroport sécurisé par les Etats-Unis. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a condamné "les attaques lâches et inhumaines à l'aéroport de Kaboul".
  • Canada - "Nous condamnons fermement les attentats terroristes perpétrés à Kaboul. Nous sommes de tout coeur avec le peuple afghan, les proches des victimes, y compris nos alliés. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour soutenir les Afghans et accueillir les réfugiés", a tweeté le Premier ministre Justin Trudeau.
  • Allemagne -La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé un attentat "absolument ignoble". "Il s'agit d'une situation très, très tendue pour faire sortir les gens du pays", a-t-elle souligné.
  • Royaume-Uni -Le Premier ministre Boris Johnson a annoncé que les opérations d'évacuation allaient continuer malgré les attentats. "Clairement, ce que montre cette attaque, c'est l'importance de continuer ce travail de la manière la plus rapide et la plus efficace possible dans les heures qui nous restent, et c'est ce que nous allons faire", a-t-il ajouté.
  • "Le Royaume-Uni et les Etats-Unis demeurent résolus dans leur mission pour sortir le plus grand nombre de personnes possible ... Les actes des terroristes ne nous arrêteront pas", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab.
  • Russie - "Il faut que le monde entier fasse pression sur les nouvelles autorités afghanes, peu importe qu’on les reconnaisse ou pas (...) , pour exhorter ces autorités à mettre en place un dialogue inter-afghan. Un dialogue inclusif, en utilisant la terminologie occidentale, et non pas un dialogue exclusif. Les vainqueurs ont gagné la guerre mais ils ont encore à gagner la paix", a indiqué sur Facebook Konstantin Kossatchev, un vice-président du Conseil de la Fédération russe (chambre haute du Parlement).
  • Italie -"Je condamne ce vil et horrible attentat contre des personnes sans défense en quête de liberté", a réagi le Premier ministre italien Mario Draghi.
  • Espagne -Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a condamné les attentats tout en soulignant que l'Espagne oeuvrait "pour évacuer le plus grand nombre possible de personnes" d'Afghanistan.
  • France -Le président Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande fermeté les attaques terroristes". L'état-major des armées a annoncé que Paris poursuivait ses opérations d'évacuation d'Afghans craignant les représailles des talibans.
  • Pays-Bas - Le Premier ministre Mark Rutte a déploré "une terrible tragédie".
  • Norvège -La ministre norvégienne Ine Eriksen Soreide a condamné l'attaque contre "des civils innocents tentant de quitter le pays", un "acte terrible de cruauté".
  • Suède -La ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde a adressé ses condoléances aux familles des militaires américains tués dans les attentats.
  • Turquie -La Turquie a condamné "une attaque haineuse".
  • Israël -Le Premier ministre Naftali Bennett, actuellement en visite aux Etats-Unis, a exprimé le "profond chagrin" de son pays "pour la mort d'Américains à Kaboul".
  • Arabie Saoudite - L'Arabie saoudite "condamne fermement l'attaque terroriste meurtrière". "Cet acte haineux viole toutes les valeurs morales et humanitaires." 
  • Egypte -L'Egypte a condamné "la double attaque terroriste" et renouvelé "sa solidarité dans le combat contre toutes les formes de terrorisme, de violence et d'extrémisme", selon le ministère des Affaires étrangères.
  • Jordanie -La Jordanie a condamné les attentats et dénoncé le "terrorisme qui reste une menace dangereuse".
  • Qatar -Le Qatar a dénoncé l'attaque et rejeté "la violence et le terrorisme quelles que soient les motivations et les causes".
  • Pologne - Le président polonais Andrzej Duda a déclaré: "Je condamne dans les termes les plus forts les attaques haineuses à l'aéroport de Kaboul (...) Mes prières vont aux familles des victimes de cet acte lâche. La Pologne se tient aux côtés de nos amis américains et afghans".

 

Les évacuations s'achèvent « dans quelques heures »

 

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Des Afghans évacués de Kaboul par l'armée française arrivent à la base militaire d'Al-Dhafra près d'Abou Dhabiaux Emirats Arabes Unis. ( AFP PHOTO / ETAT MAJOR DES ARMEES). 

L'Espagne a annoncé vendredi matin avoir terminé ses vols d'évacuation, comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada et l'Australie avant elle. Celles des Britanniques s'achèveront "dans quelques heures", a précisé Londres vendredi matin.

Après les explosions, Paris a annoncé le rapatriement en France pour raisons de sécurité de son ambassadeur en Afghanistan David Martinon, qui se trouvait jusqu'alors à l'aéroport de Kaboul.

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Parmi les candidats à l'exil figurent beaucoup d'Afghans urbains et éduqués, qui craignent que les islamistes n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.


Y figurent aussi ceux qui ont travaillé pour les forces du gouvernement pro-occidental déchu ou pour leurs alliés des forces occidentales, ennemis des talibans pendant 20 ans, ou des sociétés étrangères, qui craignent de violentes représailles des islamistes.


La foule a également été nourrie par l'afflux d'Afghans non invités par les Occidentaux à partir, et qui tentent juste de saisir l'opportunité d'une vie meilleure en Occident.


C'est le cas d'Hamid, venu avec une partie de sa famille. Employé dans un ministère avant l'arrivée au pouvoir des talibans, il admet ne pas faire partie des catégories menacées par les nouveaux maîtres de Kaboul.


"J'ai entendu que si je pouvais rentrer dans l'aéroport, je pourrais aller en Amérique", explique-t-il, disant s'attendre à ce que les talibans lui retirent son emploi pour le donner "à des parents à eux". Dans ce cas, s'interroge-t-il, "comment prendrai-je soin de ma famille?"

 

L'attaque à Kaboul la plus meurtrière pour l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011

L'attentat qui a tué au moins 13 militaires américains jeudi à proximité de l'aéroport de Kaboul est l'attaque la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan.


"Deux jihadistes considérés comme appartenant à l'Etat islamique se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires", a annoncé le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l'Afghanistan.


Voici quelques unes des attaques les plus meurtrières contre des militaires américains depuis le début de leur intervention en Afghanistan.

Hélicoptères 

La guerre la plus longue de l'histoire des Etats-Unis a coûté la vie à plus de 1.900 militaires américains au combat.


L'attaque la plus meurtrière a eu lieu dans la nuit du 6 août 2011 lorsqu'un hélicoptère Chinook avait été abattu par les talibans dans la province de Wardak, au sud-ouest de Kaboul.


Trente militaires américains, sept soldats afghans et un interprète civil avaient été tués dans l'écrasement de l'appareil. Parmi eux, 22 Navy Seals, le corps d'élite de la Marine américaine.


Avant cela, l'événement le plus meurtrier du conflit pour la coalition remontait au 28 juin 2005, quand 16 militaires américains avaient été tués dans la chute d'un autre Chinook, touché par une roquette tirée par des talibans dans la province orientale de Kunar.

Echanges de tirs 
Neuf soldats américains ont aussi été tués en juillet 2008 dans des échanges de tirs avec des talibans à Wanat, dans la province du Nouristan.


Quinze mois plus tard, 8 Américains sont morts dans des circonstances similaires lors de tirs contre des centaines d'insurgés à Kamdesh, dans la même province.

Alliés présumés 

Plusieurs soldats américains sont aussi morts dans des attaques perpétrées par des auteurs que les Etats-Unis considéraient pourtant comme alliés.


Le 27 avril 2011, huit militaires - dont plusieurs officiers - et un civil, tous américains et chargés de la formation de l'aviation afghane, avaient été abattus sur une base de Kaboul par un ancien pilote de l'armée afghane.


Et le 30 décembre 2009, un "agent triple" que les services de renseignement américains pensaient être de leur côté a tué sept officiers et contractants de la CIA, dans un spectaculaire attentat-suicide sur la une base de l'Otan appelée Camp Chapman, dans l'est du pays.


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.