France Télévisions met le cap sur la présidentielle 2022

La saison marquera le grand retour de Thierry Ardisson sur le service public sur France 3 avec "l'Hôtel du temps", une émission dans laquelle il interrogera des personnalités... défuntes, comme Jean Gabin ou François Mitterrand. Et ce grâce à l'intelligence artificielle et un "travail documentaire rigoureux" pour "collecter uniquement des propos avérés". (Photo, AFP)
La saison marquera le grand retour de Thierry Ardisson sur le service public sur France 3 avec "l'Hôtel du temps", une émission dans laquelle il interrogera des personnalités... défuntes, comme Jean Gabin ou François Mitterrand. Et ce grâce à l'intelligence artificielle et un "travail documentaire rigoureux" pour "collecter uniquement des propos avérés". (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 25 août 2021

France Télévisions met le cap sur la présidentielle 2022

  • Le groupe audiovisuel public fait le «triple pari de la transparence (...) de l'innovation et du débat», a déclaré sa présidente, Delphine Ernotte
  • France Télévisions continuera de se rendre «sur le terrain» pour «rétablir le dialogue», a insisté Laurent Guimier, son directeur de l'information

PARIS: Programmes politiques, lutte contre la désinformation, mais aussi télé-crochet inédit pour Nagui, retour de Thierry Ardisson et flopée de nouvelles fictions... France Télévisions met le cap sur la présidentielle 2022, tout en concoctant de nombreux temps de "respiration" aux téléspectateurs.

Pour cette année électorale, le groupe audiovisuel public fait le "triple pari de la transparence (...) de l'innovation et du débat", a déclaré sa présidente, Delphine Ernotte, lors d'une conférence de presse sur la grille 2021-2022.  

"Assez inquiète face à la défiance très forte vis-à-vis des médias", elle a "réprouvé" au passage les agressions ayant visé des journalistes lors des manifestations contre le pass sanitaire.

France Télévisions continuera de se rendre "sur le terrain" pour "rétablir le dialogue", a insisté Laurent Guimier, son directeur de l'information. 

Succédant à "Vous avez la parole", "Élysée 2022" sera le grand rendez-vous politique de France 2 un jeudi par mois, toujours sous la houlette du duo Léa Salamé-Thomas Sotto.  

S'y ajoutera le "20H22", une grande interview dans le prolongement du 20h, menée par Anne-Sophie Lapix, avec Nathalie Saint-Cricq et le jeune Mohamed Bouhafsi, ancien journaliste vedette du foot de RMC.

Autre nouveauté, toujours sur France 2, "J'ai une idée pour la France", une émission animée par Julian Bugier où des propositions venues de l'étranger ou bien expérimentée en régions seront débattues par un jury citoyen et soumises au vote des téléspectateurs.

La jeunesse visée

La chaîne franceinfo (canal 27) qui fête ses 5 ans le 1er septembre se mettra aussi en ordre de bataille, promettant de privilégier "les faits, le décryptage et l'interactivité avec les Français" à l'heure où le modèle du média d'opinion porté par CNews infuse dans l'audiovisuel. 

Avec 0,7% de part d'audience sur la saison 2020-2021, la chaîne progresse mais reste derrière LCI, CNews et BFMTV.

Autre terrain d'action, le web et les réseaux sociaux, avec notamment "La République, c'est toi", un format à destination des jeunes utilisateurs de Tik Tok éloignés des médias traditionnels.

Ou encore le lancement fin août, en partenariat avec la chaîne allemande WDR, de l'offre numérique NOWU proposant "aux jeunes Européens" d'agir "face à l'urgence environnementale".

Sur France 5, le talk-show quotidien "C à vous" sera allongé de 40 minutes et accueillera Mohamed Bouhafsi et l'ex-matinalier d'Europe 1 Matthieu Belliard. Débarquée comme lui de la station, Pascale Clark animera quant à elle "Revu", une déclinaison dominicale du zapping de l'actualité "Vu".

Pour permettre aux téléspectateurs de "respirer un peu", selon le numéro 2 de France télé, Stéphane Sitbon-Gomez, le groupe dégainera aussi de nouveaux divertissements, magazines et autres fictions. 

Futur rival de "The Voice All Stars" (TF1), Nagui animera chaque semaine "The Artist", un télé-crochet en direct dédié aux auteurs-compositeurs-interprètes pour lesquels le public pourra voter gratuitement. Une déclinaison quotidienne sera présentée par Leïla Kaddour-Boudadi sur France 4.

Adaptations littéraires

La saison marquera aussi le grand retour de Thierry Ardisson sur le service public sur France 3 avec "l'Hôtel du temps", une émission dans laquelle il interrogera des personnalités... défuntes, comme Jean Gabin ou François Mitterrand. Et ce grâce à l'intelligence artificielle et un "travail documentaire rigoureux" pour "collecter uniquement des propos avérés", selon le dossier de presse.

Faustine Bollaert animera de son côté "Les temps changent", un programme de témoignages dans la veine de "Ça se discute" de Jean-Luc Delarue.

Côté séries, la part belle sera donnée aux adaptations d'œuvres littéraires telles que "Germinal" d'Emile Zola, "Le Tour du monde en 80 jours" de Jules Verne, "Les particules élémentaires" de Michel Houellebecq ou encore "l'Ile au trente cercueils" de Maurice Leblanc.

Sur le numérique, outre de nouvelles fictions comme "Or de lui" avec Ramzy Bedia, le groupe public entend aussi renforcer la "présence de films de cinéma" sur son offre gratuite france.tv, a insisté Delphine Ernotte.

Enfin, le sport restera aussi à l'honneur avec les Jeux de Pékin 2022, un divertissement prévu à 1 000 jours des Jeux de Paris 2024 ou encore la retransmission du Tour de France Femmes l'été prochain.


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ». 


La question se pose : comment le blé français a-t-il perdu le chemin de l'Algérie ?

Champ de blé (Photo iStock)
Champ de blé (Photo iStock)
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  • Longtemps premier acheteur du blé français, l'Algérie boude désormais les chargements de la céréale du pain exportée par l'ancienne puissance coloniale
  • « l'origine du changement d'approvisionnement de la part de l'Algérie n'est pas politique », estime Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés.

PARIS : Longtemps premier acheteur du blé français, l'Algérie boude désormais les chargements de la céréale du pain exportée par l'ancienne puissance coloniale, un désamour antérieur à la récente crise diplomatique entre Paris et Alger, expliquent des acteurs du marché.

Il fut un temps où les courtiers racontaient que « les meuniers algériens écrasaient plus de blé français que les meuniers français », relate Arthur Portier, analyste du marché céréalier chez Argus Media France.

« La France a exporté jusqu'à 5 millions de tonnes de blé tendre par campagne à destination de l'Algérie, soit la moitié de ses exportations hors Union européenne », explique-t-il.

Des échanges importants, nourris par la proximité géographique des deux pays, leurs liens historiques et l'augmentation des besoins alimentaires d'une population algérienne ayant quadruplé depuis l'indépendance.

La France, premier producteur et exportateur européen de blé tendre, y trouvait un débouché naturel. « Il y avait un vieil accord tacite : nous achetions du gaz algérien et l'Algérie du blé français. Ça a bien marché pendant 50 ans », affirme un opérateur actif sur le marché européen.

En 2018, les exportations de blé français vers l'Algérie représentaient plus de 5,4 millions de tonnes ; en 2023, ce chiffre était tombé à moins d'un million de tonnes, selon les données des douanes françaises consultées par l'AFP.

Entre juillet et décembre 2024, seul un bateau transportant 31 500 tonnes de blé tendre a pris la direction de l'Algérie, selon la même source.

Ce tarissement des échanges intervient en pleine crise diplomatique : les tensions entre Paris et Alger se sont brutalement aggravées après la décision, cet été, du président français Emmanuel Macron de reconnaître la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental — alors qu'Alger soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario depuis plus d'un demi-siècle.

En octobre dernier, les acteurs français du marché ont même discrètement exprimé leur étonnement de ne pas avoir reçu d'appel d'offres de l'office public algérien des céréales (OAIC), pourtant envoyé à tous les autres acteurs habituels.

Le ministère algérien de l'Agriculture avait alors démenti l'exclusion volontaire d'un de ses « partenaires européens habituels » et évoqué une « consultation restreinte (...) régie par des critères techniques spécifiques », dans un communiqué consulté par l'AFP.

- « Grains punaisés » -

Si, selon toute personne interrogée, la crise actuelle n'arrange pas les choses, « l'origine du changement d'approvisionnement de la part de l'Algérie n'est pas politique », estime Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés.

« À un moment donné, la France n'a pas pu servir le marché algérien, qui s'est tourné vers la mer Noire. Les meuniers ont apprécié la qualité des grains russes », explique-t-il.

C'est en effet en 2016, année pluvieuse où la production de blé a chuté de 20 % en France, que l'Algérie a importé pour la première fois de blé russe, selon un acteur européen du marché.

Cette année-là, la Russie, qui a massivement investi dans sa production céréalière, est devenue le premier exportateur mondial de blé. En mars 2024, les céréaliers français réunis à Paris s'inquiètent de voir la Russie « envahir le terrain de jeu des acheteurs de céréales dans le monde et principalement en Afrique », selon l'expression de Jean-François Loiseau, président de l'interprofession.

Les importations algériennes de grains russes, modestes à l'origine, augmentent considérablement à partir de 2022-2023, essentiellement au détriment des blés français, mais aussi allemands ou argentins.

Ce gonflement des achats à la Russie est rendu possible par un changement majeur : l'OAIC a modifié son cahier des charges en 2021, augmentant son taux acceptable de grains punaisés, jusqu'à tolérer 0,5 % de grains endommagés par des insectes contre 0,2 % auparavant, afin de correspondre aux qualités du blé de la mer Noire, explique Edward de Saint-Denis.

L'Algérie s'est donc mise à acheter régulièrement du blé russe, moins cher que le blé français et dont la caractéristique est aussi un taux de protéine plus élevé, ce qui lui confère une qualité de panification appréciée par les meuniers algériens.

Peu dommageable en 2024, car la France a peu à vendre après une récolte de blé médiocre, l'absence d'Algérie sur le marché français risque toutefois de devenir problématique, car cette absence, que les opérateurs espèrent « temporaire », n'est pas compensée par l'augmentation des importations du Maroc ni par la Chine, « actuellement aux abonnés absents », relève Arthur Portier.