Les Talibans encerclent le Panchir et mettent en garde les Etats-Unis contre tout report du départ de leurs soldats

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Publié le Mardi 24 août 2021

Les Talibans encerclent le Panchir et mettent en garde les Etats-Unis contre tout report du départ de leurs soldats

  • «Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan»
  • La vice-présidente Kamala Harris estime que les Etats-Unis ont tout le temps pour analyser le contexte du retrait d'Afghanistan, pour elle l'heure est avant tout aux évacuations

BERLIN: Les talibans ont mis en garde lundi les Etats-Unis contre le maintien envisagé de forces américaines en Afghanistan au-delà de la date prévue du 31 août, prévenant qu'ils n'annonceraient la constitution d'aucun gouvernement avant leur départ.

A Kaboul, la situation restait chaotique et tendue autour de l'aéroport, où des milliers d'Afghans effrayés par le retour des islamistes au pouvoir attendent d'être en mesure de quitter leur pays à bord des avions affrétés par les Occidentaux. Des échanges de tirs y ont eu lieu dans la matinée entre militaires américains et allemands d'un côté et assaillants non identifiés de l'autre.

Le président Joe Biden a évoqué ce week-end la possibilité de prolonger au-delà du 31 août la présence américaine à l'aéroport de Kaboul, où sont retranchées les derniers soldats et diplomates occidentaux qui coordonnent les évacuations. Il avait auparavant fixé cette date pour l'achèvement du retrait des forces américaines d'Afghanistan et donc la fin d'une guerre de 20 ans, la plus longue qu'aient connue les Etats-Unis.

Mais les talibans ont haussé le ton lundi contre un possible allongement de ce délai. "La réponse est non", sinon "il y aura des conséquences", a réagi un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, auprès de la chaîne de télévision britannique Sky News.

Deux sources au sein du nouveau régime ont ensuite dit à l'AFP que les talibans n'annonceraient pas la constitution d'un gouvernement tant qu'il resterait des militaires américains en Afghanistan.

Joe Biden avait souligné dimanche soir ne pas exclure de repousser l'échéance du 31 août de quelques jours pour finir d'évacuer les milliers de personnes qui veulent quitter à tout prix ce pays.

Un garde afghan a été tué lors d'un échange de tirs tôt lundi matin à l'aéroport de Kaboul, entraînant l'intervention des forces allemandes et américaines, a annoncé l'armée allemande.


"Ce matin à 04H13 (dimanche à 2H43 GMT, ndlr), il y a eu un échange de coups de feu entre des gardes afghans et des assaillants non identifiés à la porte Nord de l'aéroport de Kaboul. Un garde afghan a été tué et trois autres blessés", a indiqué l'armée allemande sur son compte Twitter.

Des soldats allemands et américains ont pris part à "des échanges de tirs ultérieurs", a ajouté l'armée allemande en précisant qu'aucun soldat allemand n'avait été blessé.

Face à cette situation, le ministre britannique des Forces armées, James Heappey, a déclaré que les forces et les ressortissants britanniques n'avaient pas été impliqués dans une fusillade à l'aéroport de Kaboul lundi.

Heappey a déclaré à la BBC que l'affrontement s'était produit dans une zone de l'aéroport où les forces britanniques ne se trouvaient pas.

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Un jeune afghan vend des drapeaux des Talibans à Kaboul. (AFP).

 

Londres va plaider pour une extension des opérations d'évacuation au G7

Le Royaume-Uni va plaider auprès des Etats-Unis pour une prolongation des opérations d'évacuation à Kaboul au-delà de la date limite du 31 août, lors d'un sommet virtuel du G7 mardi consacré à l'Afghanistan, a indiqué le gouvernement britannique lundi.


"Pouvoir persuader ou non les Etats-Unis de rester  est une question relevant du Premier ministre (britannique Boris Johnson) demain à la réunion du G7", a déclaré le secrétaire d'Etat chargé des Forces armées, James Heappey, sur Sky News.


Il a toutefois souligné que la décision ne relevait pas uniquement de Washington, et que les talibans avaient également leur mot à dire. 


"Une conversation avec les talibans s'ensuivra alors, et les talibans auront le choix entre chercher à collaborer avec la communauté internationale et montrer qu'ils veulent faire partie du système international" ou "dire qu'il n'y pas d'opportunité de prolonger" la présence américaine, a ajouté M. Heappey.


Boris Johnson, dont le pays assure actuellement la présidence du G7, a annoncé dimanche que les dirigeants du groupe des grandes puissances  (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se réuniraient virtuellement mardi pour des "discussions urgentes" sur la situation en Afghanistan.


Depuis la prise de pouvoir des talibans mi-août, des milliers de familles se massent près de l'aéroport international de Kaboul pour tenter d'évacuer le pays avant le 31 août, date fixée par l'administration américaine pour le retrait définitif de ses forces d'Afghanistan. 


Face au chaos des évacuations et sous pression de ses alliés, Joe Biden a ouvert la porte à un maintien des soldats sur place au-delà de cette date butoir, en évoquant "des discussions en cours" côté américain à ce sujet.


L'armée britannique a indiqué dimanche soir avoir évacué 5.725 personnes d'Afghanistan depuis le 13 août, dont 3.100 Afghans, et assuré que l'opération se poursuivrait "tant que la situation sécuritaire le permet", sans qu'aucune "date ferme" n'ait été fixée pour le dernier vol.

La réaction des Talibans à cette requête n'a toutefois pas tardé. Ils ont fait savoir qu'il n'accepteront aucune extension à la date limite du 31 août pour le départ des forces occidentales d'Afghanistan, selon des sources du groupe extrémistes à Reuters.

De plus, les talibans n'annonceront pas la constitution d'un gouvernement en Afghanistan tant qu'il restera des soldats américains sur son sol, ont déclaré lundi à l'AFP deux sources au sein de ce mouvement islamiste.

"Il a été décidé que la formation du gouvernement (...) ne serait pas annoncée tant qu'un seul soldat américain serait présent en Afghanistan", a dit l'une de ces sources. L'information a été confirmée par une deuxième.

La vice-présidente Kamala Harris a estimé pour sa part que les Etats-Unis ont tout le temps pour analyser le contexte du retrait d'Afghanistan. Pour elle l'heure est actuellement et avant tout, aux évacuations.

De son côté, le Premier ministre singapourien Lee Hsien Loong dit espérer que l'Afghanistan ne redevienne pas un foyer d'extrémisme. "Singapour a offert son soutien pour les évacuations en Afghanstan", a-t-il ajouté.

Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août, l'aéroport de Kaboul est le théâtre de scènes chaotiques, dans lesquelles sept personnes ont trouvé la mort a annoncé dimanche le ministère britannique de la Défense. Des dizaines de milliers d'Afghans désespérés affluent à l'aéroport pour tenter d'être évacués.

Les islamistes tentent de convaincre la population qu’ils ont changé, affirmant que leur politique sera moins brutale que lorsqu’ils étaient à la tête du pays de 1996 à 2001. Mais cela n’endigue pas le flot de ceux qui ne croient pas en leurs promesses et veulent désespérément partir.

Un haut responsable taliban, Amir Khan Mutaqi, a toutefois fait reposer dimanche la responsabilité du chaos à l'aéroport sur les États-Unis et prévenu que cela ne pourrait durer très longtemps. 

« L’Amérique, avec toute sa puissance et ses équipements (...), a échoué à ramener l’ordre à l’aéroport. Il y a la paix et le calme dans tout le pays, mais il n’y a que le chaos à l’aéroport de Kaboul (...) Cela doit cesser le plus tôt possible », a-t-il déclaré.


Dans les rues de Kaboul, la situation est en effet restée plutôt calme, des combattants talibans en armes patrouillant les rues de la capitale et tenant des postes de contrôle.


Si aucun gouvernement n'a encore été instauré, les discussions se poursuivant avec des personnalités afghanes pour le rendre "inclusif", les talibans ont tout de même tenté d'affirmer leur autorité.

Face à l'étendard des talibans, le drapeau national devient symbole de résistance

De retour au pouvoir après deux décennies de guerre, les talibans tentent d'affirmer leur autorité avec tous les outils à leur disposition, y compris le drapeau.


Depuis leur entrée dans Kaboul le 15 août, à l'issue d'une fulgurante victoire militaire, les islamistes ont imposé leur drapeau sur tous les bâtiments gouvernementaux, les postes de police et les installations militaires.


Ils ont même été accusés d'avoir puni des gens qui agitaient le drapeau national noir, rouge et vert, et orné de l'emblème national, même s'ils ne se sont livrés à aucune communication officielle sur le sujet.


Dimanche, à un carrefour de la capitale, des vendeurs proposaient leur drapeau, blanc orné en noir d'une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d'Afghanistan.


"Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan", a déclaré à l'AFP l'un des vendeurs Ahmad Shakib, un étudiant en économie, sans dire s'il était ou non un partisan des talibans.


La vue des talibans juchés sur leurs véhicules et portant leur étendard a terrorisé la population afghane ces dernières semaines, au fur et à mesure de leur avancée dans les zones rurales puis sur les centres urbains.


Dès qu'ils prenaient le contrôle d'une nouvelle zone, l'un de leurs premiers réflexes était de remplacer le drapeau national par le leur.


Mais pour la partie de la population qui n'a pas oublié le brutal régime taliban entre 1996 et 2001 et s'inquiète de les voir à nouveau au pouvoir, brandir le drapeau national est devenu un acte de résistance.


De nombreux Afghans se sont risqués dans les rues de Kaboul et de quelques grandes villes, le drapeau en mains, ces derniers jours, en particulier jeudi, jour du 102e anniversaire de l'indépendance du pays, parfois au vu et au su des talibans.


Dans la capitale, des gens ont fait flotter au vent le drapeau national dans un convoi de voitures klaxonnant à tout-va. Ailleurs, des hommes et des femmes rassemblés en bord de route agitaient la bannière tricolore.


Sur les réseaux sociaux aussi, des images du drapeau national ont été postées en masse, par des personnalités publiques, comme des sportifs, mais aussi par de simples citoyens.


Mercredi, des talibans avaient tiré en l'air dans la ville de Jalalabad (est) pour disperser des dizaines de personnes qui protestaient contre le retrait du drapeau national, selon des médias locaux.


"Mon cœur est ici, avec ce drapeau (...) Je ne laisserai jamais ce drapeau", a déclaré un habitant de Jalalabad. "Tuez-nous, tirez-nous dessus (...) Mais nous ne laisserons jamais ce drapeau".

Les talibans ont annoncé lundi avoir encerclé les combattants de la résistance autoproclamée à leur pouvoir dans le Panchir, une province enclavée au nord-est de Kaboul, tout en ajoutant vouloir négocier avec eux plutôt que combattre.


Dans la nuit, des informations non confirmées ont fait état de heurts aux abords de la vallée du Panchir, où le vice-président du régime renversé par les talibans, Amrullah Saleh, s'est réfugié et a décrété la résistance aux nouveaux maîtres du pays.


"Nos combattants sont stationnés près du Panchir" qu'ils encerclent, a déclaré sur Twitter un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, tout en ajoutant que son régime "tente de résoudre cette affaire pacifiquement".


Sur les réseaux sociaux, des comptes pro-résistance niaient toute avancée des talibans, affirmant que ces derniers avaient été stoppés par des embuscades.


Ces annonces et informations restaient difficiles à confirmer de manière indépendante, la région étant enclavée et peu accessible ces jours-ci.


Le Panchir est connu de longue date comme un bastion anti-taliban. La résistance y a repris ces dernières semaines, alors que les talibans finissaient de prendre le reste du pays, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaïda, et d'Amrullah Saleh.


L'entrée principale de la vallée est une gorge étroite qui rend son invasion extrêmement difficile par des forces extérieures, à la merci des tirs de combattants positionnés sur les hauteurs alentours.


Un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a déclaré ce weekend que le Front se préparait à "un conflit de longue durée" avec les talibans, si un compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé garantissant "la justice sociale, l’égalité des droits et la liberté pour tous". 


Une semaine après avoir conquis Kaboul et le pouvoir lors d'une offensive éclair, les talibans poursuivent leurs discussions avec des personnalités afghanes, en vue de former un gouvernement qu'ils disent vouloir ouvrir à d'autres factions.

Poche de résistance 
Ils ont ainsi remplacé sur tous les bâtiments publics le drapeau national tricolore par leur drapeau blanc, orné en noir d'une profession de foi islamique et du nom officiel de leur régime: l’Émirat islamique d'Afghanistan.

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Des combattants talibans voyagent à bord d'un véhicule arborant le drapeau taliban dans la région de Karte Mamorin à Kaboul le 22 août 2021. (AFP)


"Notre but c'est de diffuser le drapeau de l'Émirat islamique partout en Afghanistan", a déclaré ce weekend Ahmad Shakib, un étudiant en économie qui vendait des drapeaux talibans à un carrefour de Kaboul.


Les talibans sont entrés le 15 août à Kaboul sans rencontrer de résistance, à l'issue d'une offensive éclair entamée en mai à la faveur du début du retrait des forces américaines et de l'Otan.


Mais une poche de résistance s'est formée dans la vallée du Panchir, au nord-est de Kaboul, longtemps connue comme un bastion anti-taliban, autour du Front national de résistance (FNR), emmené par Ahmad Massoud, fils du commandant Ahmed Shah Massoud assassiné en 2001 par Al-Qaïda.

Afghanistan: une mosaïque ethnique dans un pays fragmenté

La diversité ethnique en Afghanistan est une donnée centrale de la vie politique et des conflits dans ce pays depuis plus d'un siècle, et devrait jouer un rôle dans la formation d'un nouveau gouvernement par les talibans.


Aucun groupe ethnique ne dispose à lui seul d'une majorité absolue parmi les quelque 40 millions d'habitants du pays, dont la fragmentation contribue à l'instabilité.


Voici un aperçu de la mosaïque ethnique afghane:

- Les Pachtounes -

Ethnie majoritaire d'Afghanistan (avec plus de 40% de la population), les Pachtounes sont pour la plupart des musulmans sunnites et parlent le pachto. Depuis le 18e siècle, ils ont régulièrement contrôlé l'Etat et l'armée.


Les talibans, qui ont pris le pouvoir pour la deuxième fois après la période 1996-2001, sont un groupe à dominante pachtoune. Et les deux présidents du précédent régime soutenu par les Etats-Unis, Hamid Karzai et Ashraf Ghani, étaient également issus de cette ethnie.


La position dominante des Pachtounes, qui sont répartis dans une zone en arc de cercle s'étendant de la frontière pakistanaise à la frontière iranienne (est et sud du pays), a souvent provoqué le ressentiment des autres groupes ethniques, s'estimant marginalisés sur les plans politique, économique et culturel.

- Les Tadjiks -

Deuxième groupe ethnique du pays, représentant environ un quart de la population, les Tadjiks parlent le dari (farsi en persan).


Ils sont principalement répartis dans le nord et l'ouest du pays, avec des bastions dans la vallée du Panchir, la ville occidentale de Herat et certaines provinces du nord. 


La vallée du Panchir est connue pour avoir résisté à l'occupation de l'armée soviétique dans les années 1980, mais aussi au premier régime taliban.


Elle a été le fief du Tadjik le plus célèbre, le commandant Ahmed Shah Massoud, héros de la résistance antisoviétique et de la lutte contre les talibans, tué le 9 septembre 2001 dans un attentat suicide attribué à Al-Qaïda.


Le Tadjik Burhanuddin Rabbani a été président de l'Afghanistan de 1992 à 1996, avant que Kaboul ne tombe aux mains des talibans. Abdullah Abdullah, ancien vice-président et négociateur en chef de l'ex-gouvernement dans les pourparlers avec les talibans, est d'ethnie mixte pachtoune-tadjik, mais il est considéré comme appartenant à la seconde.

- Les Hazaras - 

Les Hazaras, qui représentent autour de 10% de la population afghane et parlent un dialecte dari, sont considérés comme originaires d'Asie Centrale et de peuples turcs, et se trouvent principalement dans le centre du pays. 


Il s'agit d'une minorité chiite, violemment persécutée depuis des siècles, notamment par les talibans qui les considèrent comme des hérétiques.


Les Hazaras ont également été la cible d'attaques à la bombe meurtrières du groupe Etat islamique.

- Les Ouzbeks - 

La minorité ouzbèke, qui représente autour de 10% de la population, est essentiellement installée dans le nord du pays chevauchant la frontière avec l'Ouzbékistan.


Ses liens notamment linguistiques et culturels sont forts avec la Turquie et les Ouzbeks sont principalement des musulmans sunnites.


Le sulfureux chef de guerre Abdul Rachid Dostom, issu de cette ethnie, est soupçonné d'avoir fait massacrer en 2001 des centaines, voire des milliers, de prisonniers talibans.

- Autres ethnies -

Parmi les autres ethnies peuplant l'Afghanistan, et au rôle plus marginal, on compte des Turkmènes, des Kirghizes, des Kazakhs, des Baloutches, et des Nouristanis, jadis appelés Kafir (infidèles) jusqu'à leur conversion forcée au 19e siècle.

Dimanche, des comptes Twitter pro-talibans ont annoncé que "des centaines de moudjahidine de l’Émirat islamique" se dirigent vers le Panchir, seule zone échappant encore à leur contrôle, "après que des responsables locaux ont refusé de le remettre de façon pacifique".


Les islamistes "ont massé des forces près de l'entrée du Panchir", a confirmé sur Twitter Amrullah Saleh, vice-président sous le précédent gouvernement, qui s'est lui aussi réfugié dans la vallée pour les combattre.


De son côté, un porte-parole du FNR, Ali Maisam Nazary, a déclaré à l'AFP que le Front se préparait à "un conflit de longue durée" avec les talibans, si un compromis ne pouvait être trouvé avec eux sur un système de gouvernement décentralisé. 


Selon lui, des milliers d'Afghans ont rejoint le Panchir pour combattre le nouveau régime ou simplement pour y trouver refuge. "Nous sommes prêts à défendre l'Afghanistan et nous mettons en garde contre un bain de sang", a déclaré dimanche M. Massoud à la chaîne Al-Arabiya.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.