Pourquoi Biden n'a-t-il pas laissé 2500 soldats en Afghanistan?

Les 2500 soldats et 16000 auxiliaires civils de l'armée américaine semblaient suffisants pour maintenir le gouvernement afghan au pouvoir depuis la signature de l'accord du 29 février 2020 entre les Etats-Unis et les talibans, qui prévoyait initialement un retrait américain avant le 1er mai. (Photo, AFP)
Les 2500 soldats et 16000 auxiliaires civils de l'armée américaine semblaient suffisants pour maintenir le gouvernement afghan au pouvoir depuis la signature de l'accord du 29 février 2020 entre les Etats-Unis et les talibans, qui prévoyait initialement un retrait américain avant le 1er mai. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 21 août 2021

Pourquoi Biden n'a-t-il pas laissé 2500 soldats en Afghanistan?

  • Selon les opposants au président, le soutien d'une force résiduelle aurait permis au gouvernement afghan de résister à l'avancée des talibans
  • Mais pour le démocrate et ses alliés, cela ne justifiait pas le coût humain et matériel d'un soutien à un gouvernement afghan corrompu et inefficace

WASHINGTON : La fulgurante victoire des talibans qui a suivi la décision de Joe Biden de quitter l'Afghanistan avant le 31 août a amené les détracteurs du président américain à demander pourquoi il n'avait pas laissé une force résiduelle de 2500 soldats dans le pays pour soutenir le gouvernement afghan.

C'est le nombre de soldats américains qui restaient en Afghanistan lorsque M. Biden est arrivé à la Maison Blanche en janvier, son prédécesseur Donald Trump ayant largement réduit la présence militaire américaine dans le pays, après l'avoir portée au début de son mandat à 15000 soldats.

Les 2500 soldats et 16000 auxiliaires civils de l'armée américaine semblaient suffisants pour maintenir le gouvernement afghan au pouvoir depuis la signature de l'accord du 29 février 2020 entre les Etats-Unis et les talibans, qui prévoyait initialement un retrait américain avant le 1er mai.

Pendant plus d'un an, les talibans ont multiplié leurs attaques contre les forces afghanes mais leurs gains sont restés limités à des zones rurales, non-stratégiques.

Conformément à l'accord avec Washington, les attaques contre les forces de l'Otan se sont raréfiées. Aucun soldat américain n'a été tué en Afghanistan depuis février 2020.

Selon les opposants à Joe Biden, c'est la preuve qu'avec le soutien d'une force résiduelle, le gouvernement afghan pouvait résister à l'avancée des talibans.

"Nous n'avions que 2500 hommes là-bas, une présence légère, pas de chaos, pas un seul soldat tué pendant une année de combat", a souligné cette semaine le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell.

Il a pressé Joe Biden d'accroître la présence militaire américaine plutôt que de partir. "Si nous laissons les talibans dominer l'Afghanistan et Al-Qaïda y retourner, ça va électriser les jihadistes du monde entier", a-t-il ajouté.

Joe Biden, qui plaide depuis longtemps pour le retrait d'Afghanistan, s'était donné le temps de la réflexion au début de son mandat, puis il a annoncé à la mi-avril que les Etats-Unis quitteraient bien l'Afghanistan mais trois mois plus tard que prévu par Donald Trump.

L'alternative, a-t-il expliqué cette semaine, "était soit de respecter cet accord, soit d'être prêt à combattre à nouveau les talibans".

Sans date-butoir, les talibans auraient repris leurs attaques contre les soldats américains, a-t-il expliqué. "Il n'y aurait pas eu de statu quo stable sans morts américains après le 1er mai."

L'impact de la décision de Joe Biden a été saisissant. Les talibans ont accéléré leur campagne militaire, les soldats afghans ont arrêté de se battre et les responsables locaux ont livré leurs villes aux talibans sans résister, jusqu'à la chute de Kaboul le 15 août.

Dans une tribune publiée par le Washington Post, l'historien militaire Max Boot a rendu M. Biden responsable de la désintégration de l'armée afghane.

Si "beaucoup disent que 2500 hommes n'auraient pas suffi à faire une différence", écrit-il, "les événements des derniers mois réfutent cet argument: l'offensive finale des talibans n'a commencé que lorsque le retrait des forces américaines était quasiment achevé".

Si les Etats-Unis avaient maintenu ces soldats dans le pays et le soutien aérien aux forces afghanes, "cela aurait été suffisant pour maintenir un équilibre précaire, avec des talibans progressant dans les campagnes mais toutes les grandes villes dans les mains du gouvernement", ajoute-t-il.

Joe Biden et ses opposants sont d'accord sur une chose: le gouvernement et l'armée afghans étaient profondément dépendants des Etats-Unis. Et lorsque le soutien militaire et technique, ainsi que l'argent des Etats-Unis leur ont été retirés, le pays s'est effondré.

Les critiques soulignent que les Etats-Unis maintiennent 2500 soldats en Irak, sans compter les dizaines de milliers de militaires déployés en Allemagne, en Corée du Sud et au Japon depuis la Guerre froide.

Un tel investissement en Afghanistan aurait pu empêcher un retour au pouvoir d'un régime ami d'Al-Qaïda, arguent-ils.

Mais pour le président américain et ses alliés, cela ne justifiait pas le coût humain et matériel d'un soutien à un gouvernement afghan corrompu et inefficace. Le résultat aurait été le même cinq ans plus tard, a estimé Joe Biden.

Son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a en outre souligné que l'armée afghane perdait déjà du terrain quand Donald Trump a porté en 2017 les effectifs militaires américains en Afghanistan à 15000 hommes.

"Ce qui s'est passé ces dernières semaines a prouvé sans conteste qu'il aurait fallu une présence militaire importante, bien supérieure à celle qui a été laissée au président Biden, pour stopper l'assaut des talibans", a-t-il dit. "Et nous aurions eu des morts."

 

 

 


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.