Après la victoire des talibans, Washington pourrait reprendre ses distances avec le Pakistan

Des manifestants pakistanais dénoncent la décision de Trump de mettre fin à l'aide militaire US à Islamabad, en 2018. (Photo, AFP)
Des manifestants pakistanais dénoncent la décision de Trump de mettre fin à l'aide militaire US à Islamabad, en 2018. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 21 août 2021

Après la victoire des talibans, Washington pourrait reprendre ses distances avec le Pakistan

  • Le conflit long de deux décennies en Afghanistan a été accompagné d'une relation à hautes turbulences entre Washington et Islamabad
  • Les soupçons que les Pakistanais jouaient un double jeu ont éclaté au grand jour quand Ben Laden avait été trouvé et tué par les USA au Pakistan en 2011

WASHINGTON : Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient lancé un ultimatum sévère au Pakistan, l'exhortant à couper ses relations avec les talibans. Islamabad avait semblé acquiescer, mais en exigeant de ne pas être mis sur la touche par Washington comme dans les années 1990.

Vingt ans plus tard, les talibans ont repris Kaboul des mains d'un gouvernement soutenu par les Etats-Unis, et il est probable que s'élargisse à nouveau le fossé entre le Pakistan et les Etats-Unis.

"Le Pakistan est trop important pour être ignoré de manière permanente par les Etats-Unis, mais cette fois-ci les Américains prendront davantage leur temps pour déterminer la profondeur de leur relation avec le Pakistan", affirme Husain Haqqani, ancien ambassadeur du Pakistan à Washington.

Le conflit long de deux décennies en Afghanistan a été accompagné d'une relation à hautes turbulences entre les Etats-Unis et le Pakistan, alors que le dirigeant pakistanais au moment du 11 septembre 2001, le général Pervez Musharraf, avait promis "un soutien indéfectible" après les attentats.

Dans l'espoir de rallier une population pakistanaise sceptique envers les Etats-Unis, John Kerry, qui était alors sénateur, avait mené les efforts en 2009 pour mettre en place une campagne d'aides pour le Pakistan à hauteur de 1,5 milliard de dollars par an.

Mais les soupçons américains que les forces armées et les services de renseignement pakistanais, très influents, jouaient un double jeu ont éclaté au grand jour quand l'homme le plus recherché au monde, Oussama ben Laden, avait été trouvé et tué par un commando américain au Pakistan en 2011.

Et, en 2018, les Etats-Unis de Donald Trump ont mis fin à leurs aides militaires à Islamabad.

Hussain Haqqani, désormais chercheur à l'institut Hudson, affirme que le Pakistan a cherché à obtenir une certaine reconnaissance de la part des Etats-Unis pour avoir amené les talibans à la table des négociations avec le gouvernement afghan, dans le cadre du retrait des forces américaines.

Mais, dans les cercles de Washington, "ce dont tout le monde se souvient, c'est ce que les Américains considèrent comme le rôle du Pakistan dans le fait d'avoir permis aux talibans de survivre au revers infligé par les Américains après le 11-Septembre", affirme M. Haqqani.

Tandis que beaucoup de Pakistanais estiment servir de "boucs émissaires", M. Haqqani souligne que le Pakistan n'a pas vraiment aidé son cas avec le "triomphalisme" affiché par certains, dont le Premier ministre Imran Khan qui a déclaré que les talibans avaient "brisé les chaînes de l'esclavage".

Le Pakistan, allié des Etats-Unis depuis la Guerre froide, a travaillé avec Washington dans les années 1980 pour soutenir les guérillas islamistes combattant les troupes soviétiques.

Au fur et à mesure que l'intérêt de Washington s'amenuisait, l'Afghanistan restait embourbé dans la guerre et le Pakistan soutint ouvertement les talibans et leur version rigoriste de l'islam pendant leur période au pouvoir entre 1996 et 2001.

Islamabad a longtemps vu le dossier afghan à travers un prisme indien, le rival historique du Pakistan ayant injecté 3 milliards de dollars d'aides en Afghanistan depuis 2001 pour lutter contre l'influence des talibans, féroces partisans de militants anti-indiens.

Madiha Afzal, chercheuse à la Brookings Institution, estime que les élites au Pakistan ne souhaitaient néanmoins pas une victoire totale des talibans.

"Ce genre de victoire militaire totale met le Pakistan dans une position où il sera probablement moins capable de contrôler les talibans car ceux-ci se sentent victorieux", affirme-t-elle.

Islamabad a la crainte également en privé de "terribles conséquences sécuritaires", la victoire en Afghanistan pouvant donner des ailes aux talibans du Pakistan dans leur propre campagne de violences, souligne la chercheuse.

Le président Joe Biden a confirmé le retrait des troupes américaines d'Afghanistan en partie car le conflit englué représentait selon lui un détournement de ressources face à un défi bien plus grand avec la montée des ambitions de la Chine.

Au moment où une rivalité évocatrice de la Guerre froide semble émerger entre les deux plus grandes économies du monde, le Pakistan s'est révélé comme l'un des alliés les plus proches de Pékin, qui investit fortement dans un "couloir économique" avec le Pakistan, alors que Washington considère l'Inde comme un partenaire de premier plan.

Selon Madiha Afzal, la Chine sera également tributaire des liens du Pakistan avec les talibans tandis qu'elle cherche à tirer profit des richesses souterraines de l'Afghanistan, notamment en lithium, utilisé dans les véhicules électriques.

Michael Kugelman, expert sur l'Asie du Sud au Woodrow Wilson International Center for Scholars, affirme que les Etats-Unis pourraient toujours décider que le Pakistan représente la bonne option pour influencer les talibans ou, si Islamabad est d'accord, que le pays serve de base aux opérations antiterroristes.

En visite à Washington peu avant la prise du pouvoir par les talibans, le conseiller à la sécurité nationale pakistanais Moeed Yusuf a appelé à une relation de long terme avec les Etats-Unis, qui irait au-delà d'une question unique.

Mais alors même que le Pakistan possède la cinquième population la plus nombreuse au monde, le pays ne figurait qu'à la 56e place des échanges commerciaux avec les Etats-Unis en 2019.

Pour la chercheuse Mahadi Afizal, un repli de Washington dans ses relations avec Islamabad "ne ferait que confirmer l'idée existante au Pakistan que les Etats-Unis n'utilisent le Pakistan que de manière opportuniste, quand ils en ont besoin".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.