« La faim » comme perspective: l'éprouvant retour des migrants vénézuéliens en pleine pandémie

Le cuisinier vénézuélien Carlos, 31 ans, revenu de Colombie au milieu de la pandémie de Covid-19, le 28 août 2020. (Carlos EDUARDO RAMIREZ / AFP)
Le cuisinier vénézuélien Carlos, 31 ans, revenu de Colombie au milieu de la pandémie de Covid-19, le 28 août 2020. (Carlos EDUARDO RAMIREZ / AFP)
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Publié le Mardi 08 septembre 2020

« La faim » comme perspective: l'éprouvant retour des migrants vénézuéliens en pleine pandémie

  • Privé de travail en Colombie à cause de la pandémie, Carlos est rentré chez lui, au Venezuela
  • Le président socialiste Nicolas Maduro s'en est même pris au président colombien Ivan Duque, l'accusant de vouloir utiliser les Vénézuéliens qui empruntent les « trochas » pour « contaminer » le Venezuela

SAN CRISTOBAL : Privé de travail en Colombie à cause de la pandémie, Carlos est rentré chez lui, au Venezuela. Mais une fois la frontière passée, il a été forcé d'observer une quatorzaine dans un « centre d'accueil » insalubre avec « la faim » au ventre.

Avant que le nouveau coronavirus ne déferle sur l'Amérique latine, Carlos, un nom d'emprunt choisi par peur de représailles, se débrouillait bien à Bogota. Son travail dans une pizzeria lui permettait des rentrées d'argent régulières. 

Comme cinq millions de ses compatriotes, il avait émigré en 2017 pour échapper à la crise économique qui secoue son pays. 

Mais sa situation a changé du tout au tout il y a un peu moins de six mois avec le virus et les mesures de confinement dans la capitale colombienne. « Les ventes ont commencé à baisser et la pizzeria ne vendait plus assez pour nous payer », raconte Carlos, 31 ans.

Il décide alors de rentrer au Venezuela avec sa femme. 

Une fois la frontière terrestre passée, son calvaire commence. Les autorités vénézuéliennes de l'Etat de Tachira (ouest) l'obligent à observer une quatorzaine pour s'assurer qu'il n'est pas porteur du Covid-19. 

Mais en fait de deux semaines, Carlos doit rester tout un mois dans un gymnase transformé en « centre d'accueil » car les retards dans le traitement des tests s'accumulent.

Son test est négatif mais il a « perdu un mois de vie » et a « eu faim, très faim ».

« Le matin, on avait droit à un +pancake+ (sorte de crêpe, ndlr). Au déjeuner c'était à chaque fois du riz et des lentilles, parfois avec un peu de manioc et quelques morceaux de lard », énumère Carlos. Et le soir, exactement le même menu qu'à midi.

A cause de cette diète, Carlos dit être tombé malade, traversé par des « douleurs à l'estomac ». Pendant ces 31 jours d'enfermement, Carlos et sa femme ont perdu chacun dix kilos.

Difficile aussi de dormir dans ce gymnase où des dizaines de personnes s'entassaient sur des matelas posés à même le sol. « On devait se laver tous les jours, ils (les autorités, ndlr) nous donnaient du chlore et du savon », relate Carlos. 

Dans ce centre surveillé par des soldats « il n'y avait pas grand chose à faire, on ne sortait que pour aller se laver », dit-il.

« Bioterroristes »

Le président socialiste Nicolas Maduro et son gouvernement ont toujours défendu la gestion des centres d'accueil destinés aux Vénézuéliens rentrés au pays et baptisés Points d'assistance sociale et intégrale (PASI). 

Mais certains d'entre eux sont à ce point insalubres que la Commission interaméricaine des Droits de l'homme (CIDH) a fait part de son « inquiétude ». 

L'histoire de Carlos n'est pas un cas isolé. Mais, si lui a choisi de repasser légalement la frontière, d'autres préfèrent les « trochas », ces sentiers qui permettent de passer illégalement d'un pays à l'autre en traversant une rivière ou une forêt sans avoir à observer de quarantaine dans un « centre d'accueil". Et c'est à ces derniers que Nicolas Maduro en veut. 

Il les accuse d'être responsables de l' « augmentation des cas » de coronavirus dont 53.000 ont été officiellement recensés pour quelque 430 décès liés à la maladie.

M. Maduro s'en est même pris au président colombien Ivan Duque, l'accusant de vouloir utiliser les Vénézuéliens qui empruntent les « trochas » pour « contaminer » le Venezuela. 

Le Centre stratégique opérationnel des Forces armées a, lui, appelé les Vénézuéliens à « dénoncer » leurs compatriotes rentrés clandestinement, les taxant de « bioterroristes ». Un responsable de l'Etat de Zulia (ouest) les a lui qualifiés d' « armes biologiques ».

Face à la vague d'indignation, Nicolas Maduro a présenté ses « excuses » à « quiconque s'est senti offensé par telle ou telle expression ».

Si le passage -- légal ou illégal -- de la frontière terrestre relève de l'expérience traumatisante pour beaucoup, d'autres ont eu la chance de pouvoir rentrer par les airs.

Valeria (prénom modifié) a emprunté un vol humanitaire et a atterri à l'aéroport de Caracas, fermé aux vols commerciaux depuis la mi-mars. 

« J'ai été bien traitée », dit Valeria. Elle a dû passer quelques jours à l'isolement dans un complexe touristique désaffecté, mais « nous avons eu droit à trois repas par jour, toujours variés, et nos proches pouvaient nous faire parvenir des biens essentiels ».


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.