Les talibans accusés de s'en prendre aux Afghans ayant aidé les forces étrangères

Un imam s'exprime à côté d'un combattant taliban armé lors de la prière du vendredi à la mosquée Abdul Rahman de Kaboul le 20 août 2021, à la suite de la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans. (Hoshang Hashimi/AFP)
Un imam s'exprime à côté d'un combattant taliban armé lors de la prière du vendredi à la mosquée Abdul Rahman de Kaboul le 20 août 2021, à la suite de la prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans. (Hoshang Hashimi/AFP)
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Publié le Vendredi 20 août 2021

Les talibans accusés de s'en prendre aux Afghans ayant aidé les forces étrangères

  • Le groupe d'experts d'évaluation des risques pour les Nations unies affirme que les talibans possèdent des "listes prioritaires" de personnes qu'ils souhaitent arrêter
  • Depuis qu'ils ont pris le pouvoir dimanche, les talibans ont tenté de convaincre le monde et les Afghans qu'ils ne chercheraient pas à se venger de leurs anciens ennemis

KABOUL, Afghanistan : La crainte grandit vendredi que les promesses des talibans de se montrer cléments et tolérants ne soient sans lendemain, après la publication d'un document confidentiel de l'ONU démontrant qu'ils ont intensifié leur traque des Afghans ayant travaillé avec les forces étrangères.

Le groupe d'experts d'évaluation des risques pour les Nations unies qui a rédigé rapport, que l'AFP a consulté jeudi, affirme que les talibans possèdent des "listes prioritaires" de personnes qu'ils souhaitent arrêter.

Les plus à risque sont ceux qui occupaient des postes à responsabilité au sein des forces armées afghanes, de la police et des unités de renseignement, selon le document.

Depuis qu'ils ont pris le pouvoir dimanche, après une campagne militaire fulgurante, les talibans ont tenté de convaincre le monde et les Afghans qu'ils ne chercheraient pas à se venger de leurs anciens ennemis.

Ils ont promis qu'il y aurait de "nombreuses différences" dans leur manière de gouverner par rapport à leur précédent règne, entre 1996 et 2001, quand ils avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique qui empêchait les femmes de travailler ou étudier et punissait de terribles châtiments les voleurs et les meurtriers.

Mais le rapport de l'ONU montre qu'ils effectuent des "visites ciblées porte-à-porte" chez les individus qu'ils veulent arrêter ainsi que chez les membres de leur famille. Ils filtrent aussi les personnes souhaitant accéder à l'aéroport de Kaboul et ont mis en place des points de contrôle dans les plus grandes villes.

"Nous nous attendons à ce que les individus ayant travaillé pour les forces américaines et de l'Otan et leurs alliés, ainsi que les membres de leurs familles, soient menacés de tortures et d'exécutions", a déclaré à l'AFP Christian Nellemann, le directeur de ce groupe d'experts, le Centre norvégien d'analyses globales.

Des talibans à la recherche d'un journaliste travaillant pour Deutsche Welle (DW) et désormais installé en Allemagne ont ainsi tué mercredi par balle un membre de sa famille et en ont grièvement blessé un autre, a signalé ce média allemand.

"Ils pourchassent activement pour se venger, particulièrement les officiers de sécurité et du renseignement national, c'est ce que j'entends dire", a affirmé l'ex-ministre afghan de l'Intérieur Masoud Andarabi à la radio britannique Times.

- Insécurité alimentaire -

"Ils ont étendu et accentué leurs recherches ces dernières 24 heures", a ajouté M. Andarabi, qui s'exprimait d'un lieu non spécifié. Il a expliqué que son propre domicile avait été fouillé trois fois ces quatre derniers jours.

Les talibans n'ont cessé de répéter que leurs hommes n'étaient pas autorisés à entrer dans les maisons des gens sans en avoir reçu l'ordre.

Un de leurs hauts responsables, Nazar Mohammad Mutmaeen, a assuré que ces consignes restaient d'actualité. "Certaines personnes le font encore, peut-être par ignorance (...) Nous avons honte", a-t-il écrit sur Twitter.

Les talibans ont dit vouloir établir de "bonnes relations diplomatiques" avec tous les pays, mais prévenu qu'ils ne feraient aucun compromis sur leurs principes religieux. La Chine, la Russie, la Turquie et l'Iran ont émis des signaux d'ouverture, les pays occidentaux jugeront quant à eux "sur les actes".

L'économie afghane, sinistrée, dépend pour beaucoup de l'aide internationale et les talibans sont contraints d'en tenir compte. "Une personne sur trois" est ainsi en situation d'insécurité alimentaire dans le pays, confronté à un second épisode de sécheresse sévère en trois ans, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

"La situation est désastreuse. Les dernières analyses indiquent que 14 millions de personnes sont déjà confrontées à un risque de faim sévère ou aigüe, c'est une personne sur trois. Et deux millions d'enfants sont confrontés à un risque de malnutrition", s'est alarmée Mary-Ellen McGroarty, la représentante du PAM en Afghanistan, dans un entretien téléphonique, de Kaboul, avec l'AFP vendredi.

"La démocratie a échoué en Afghanistan. Il faudra attendre de voir si (les talibans) peuvent nourrir les gens et leur amener le calme et la paix. S'ils le font, les gens commenceront à les aimer, sinon ils échoueront eux aussi", a estimé Reza, un habitant de la capitale afghane.

Les talibans avaient demandé aux imams de prêcher l'unité et d'appeler les personnes éduquées à ne pas quitter l'Afghanistan dans leur sermon à la prière du vendredi, la première depuis que les islamistes ont accédé au pouvoir.

"Ceux dont la foi est faible courent après ou s'accrochent aux avions américains. Ce ne sont pas de bonnes personnes, elles devraient rester et bâtir leur pays", a déclaré un imam dans une mosquée du centre de Kaboul.

- Coincés à l'aéroport -

Quelques signes isolés de résistance aux talibans ont commencé à émerger. A Asadabad (est) et dans plusieurs endroits de la capitale, des manifestants ont défilé jeudi dans les rues en brandissant le drapeau national, plutôt que le drapeau blanc des islamistes, le jour du 102e anniversaire de l'indépendance.

"Ma demande à la communauté internationale (...), c'est qu'elle tourne son attention vers l'Afghanistan et ne permette pas que ce qui a été accompli ces 20 dernières années l'ait été en vain", a déclaré un manifestant.

Ahmad Massoud, dont le père, le commandant Ahmed Shah Massoud - assassiné le 9 septembre 2001 par Al-Qaïda -, était le plus célèbre adversaire des talibans et des Soviétiques, a appelé avec l'ancien vice-président Amrullah Saleh à la résistance, de la vallée du Panchir au nord-est de Kaboul, la dernière région à ne pas être contrôlée par les talibans

Des dizaines de milliers d'Afghans se sont précipités dès lundi à l'aéroport de Kaboul pour essayer de fuir leur pays. Ils sont encore très nombreux coincés entre les postes de contrôle talibans et les barbelés posés par l'armée américaine, dans l'attente désespérée d'un vol.

De nombreux Afghans se trouvent aussi près des ambassades dans l'espoir d'être évacués, mais ils ne peuvent y entrer.

Le G7 et plusieurs agences de l'ONU ont appelé les talibans à laisser passer en toute sécurité les Afghans et les étrangers voulant partir. Le département d’État américain a relayé le même message, mais le Pentagone a laissé entendre que la situation s'améliorait.

Les États-Unis ont déployé 6.000 militaires pour sécuriser l'aéroport de la capitale afghane et exfiltrer quelque 30.000 Américains et Afghans. Ils ont évacué plus de 7.000 personnes depuis samedi, selon le Pentagone.

De nombreux autres pays, dont beaucoup d'européens (Espagne, France, Royaume-Uni...), procèdent aussi à des évacuations.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.