PARIS: Le maire de Nice, Christian Estrosi, a tenu des propos sans ambages, en évoquant l’accueil par sa ville de réfugiés afghans. «Non, je ne veux pas recevoir de réfugiés chez nous, c'est clair». Le maire, au micro de RTL, a fait un lien direct entre les attentats de Nice du 14 juillet 2016, et la politique migratoire de la France.
«Notre ville a été victime ces dernières années du terrorisme de manière considérable avec l'attentat du 14-juillet sur la promenade des Anglais et celui de la basilique Notre-Dame», a-t-il rappelé.
Pour répondre à la venue probable d’Afghans, après la prise de pouvoir des talibans dans leur pays, Estrosi propose d’instaurer une politique d’asile restreinte par des quotas, «comme cela avait été fait lorsque nous étions au pouvoir avec Nicolas Sarkozy».
«Nous sommes la patrie des droits de l’homme»
Sur Twitter, sa déclaration a notamment été commentée par Thomas Portes, porte-parole de la candidate à la primaire écologiste Sandrine Rousseau, qui a jugé "insupportable" cette "rhétorique qui tend à faire croire que les réfugiés sont des terroristes".
Plusieurs élus écologistes se sont eux dits prêts à accueillir des Afghans évacués de Kaboul, notamment le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, qui a dit mercredi avoir écrit au ministère des Affaires étrangères pour faire part de son engagement.
Le candidat à la primaire écolo, maire de Grenoble, Eric Piolle, et le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, se sont aussi dit prêts à ouvrir les portes de leurs villes à ceux cherchant de l'aide.
«Nous sommes la patrie des droits de l'homme. (...) La France a toujours su accueillir les réfugiés du monde entier», a expliqué mercredi M. Piolle sur RFI, citant notamment l'accueil de réfugiés espagnols, chiliens et arméniens dans le passé.
«La France prendra sa part»
De son côté, mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a assuré que «la France accueillera, comme chaque année, plusieurs milliers d'Afghans», et a regretté «l'instrumentalisation politique» des propos d'Emmanuel Macron sur d'éventuels «flux migratoires irréguliers».
«La France prendra sa part, et accueillera comme elle le fait déjà. Chaque année, plusieurs milliers d'Afghans reçoivent l'asile dans notre pays parce qu'ils fuient les persécutions et la guerre», a affirmé M. Attal lors d'un déplacement à Brignoles (Var).
La France a évacué vers Abu Dhabi dans la nuit de mardi à mercredi de Kaboul 216 personnes dont 184 Afghans «de la société civile en besoin de protection», attendus à Paris dans la journée.
Depuis 2018, la France reçoit quelque 10 000 demandes d'asile d'Afghans pour un total d'environ 50 000 pour l'ensemble des pays de l'Union européenne (UE). L'Ofpra (l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides), qui a traité 8 200 dossiers depuis le début de l'année, accorde une protection dans 64% des cas, un chiffre qui atteint 89,9% après examen des recours, contre une moyenne de 63% sur l'ensemble de l'UE, selon les chiffres fournis par la présidence française.
(Avec AFP).