PARIS: Les prix à la pompe n'ont cessé d'augmenter depuis des mois, dans le sillage de cours du pétrole soutenus par la reprise de la demande mondiale, sous l'oeil "très vigilant" du gouvernement.
Le litre de gazole valait 1,4335 euro en moyenne la semaine dernière et celui de super sans plomb 1,5857 euros, selon les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique. Cela représente une hausse de 12% et près de 16% respectivement depuis le début de l'année.
Le gazole est aujourd'hui un peu moins cher qu'à la mi-novembre 2018 (1,4655 alors), lors du déclenchement du mouvement des "gilets jaunes", qui trouve son origine dans une protestation contre les prix du carburant. Mais le SP 95 est actuellement beaucoup plus cher qu'alors (1,4592 euros la semaine du 16 novembre 2018).
"Oh le petit plein d'essence qui me coûte une journée de taff...", se plaint Louis sur Twitter. "Vous avez vu le prix de l'essence ? Ils sont où les gilets jaunes ?", renchérit "Dinesischi", de Brest.
"Les prix des carburants ont fortement progressé en juin et en juillet, tirés par le cours du Brent qui s'est hissé à 73 puis à 74 dollars le baril, respectivement, en moyenne sur ces deux mois", souligne Alberto Balboni, économiste chez Xerfi.
Le baril de ce pétrole brut de référence, qui était passé sous la barre des 20 dollars en avril 2020 en pleine crise de la Covid-19, a été depuis tiré par la reprise de la demande de pétrole, avec l'amélioration des perspectives économiques.
Face à cette reprise, les pays producteurs de l'Opep et leurs alliés - qui avaient limité leur production pour soutenir les cours - ont pour leur part d'abord échoué à trouver une stratégie commune, avant de finir par se mettre d'accord le 18 juillet sur un calendrier de réduction de leurs quotas.
Quant à l'envolée actuelle de l'essence sans plomb, plus marquée que la hausse du gazole, elle obéit aussi à des facteurs techniques saisonniers. "L'été il y a toujours un effet de surenchérissement des sans plombs parce que c'est la période des vacances aux États-Unis, qui en sont extrêmement demandeurs", explique Francis Pousse, du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA).
Stabilisation
Ces hausses de prix pour les consommateurs, qui s'ajoutent à celles dans l'électricité et le gaz, sont surveillées de près par les pouvoirs publics.
"Le gouvernement restera très vigilant, dans les prochaines semaines, à l'évolution des prix à la consommation par rapport aux évolutions des cours du pétrole", indique l'entourage de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.
Le gouvernement met aussi en avant sa "politique volontariste pour accompagner les automobilistes touchés par la hausse des prix des carburants et permettre à tous les ménages d’accéder à des modes de transport moins polluants" (bonus écologique, prime à la conversion, aide à l’achat de véhicules électriques d’occasion...).
Aux États-Unis, le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a récemment lancé un appel aux pays producteurs, qui n'en font selon lui "pas assez" pour approvisionner le marché.
Une inquiétude que ne semblent pas partager les experts de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui viennent de revoir en baisse leurs prévisions de demande mondiale de brut pour cette année, sur fond de progression du variant Delta, et notent que la production progresse "rapidement".
"Nous voyons le cours du Brent se stabiliser autour de ce niveau (70 dollars le baril) d'ici la fin de l'année et même au-delà, car à ce prix-là, peu de producteurs sont disposés à sacrifier une partie de leur production pour pousser le cours encore plus haut, ce qui risquerait en outre de décourager la demande", indique Alberto Balboni.
"Après la flambée de juin-juillet, les prix des carburants devraient donc se stabiliser, voire reculer très légèrement, d’ici la fin de cette année", prédit l'économiste.
"Les cours, à défaut de baisser, vont se calmer", "se stabiliser", anticipe également Francis Pousse.