En Israël, quand les ultra-orthodoxes tentent de s'adapter aux mesures anti-coronavirus

A Bnei Brak, les mesures de prévention face au coronavirus se font désormais ressentir jusque dans la prière (Photo, Menahem KAHANA/AFP).
A Bnei Brak, les mesures de prévention face au coronavirus se font désormais ressentir jusque dans la prière (Photo, Menahem KAHANA/AFP).
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Publié le Mardi 08 septembre 2020

En Israël, quand les ultra-orthodoxes tentent de s'adapter aux mesures anti-coronavirus

  • Bnei Brak a été pointée du doigt en mars, poussant le gouvernement à envoyer l'armée pour aider la police à y faire respecter les mesures de confinement
  • « Ce devrait être dans l'ensemble du pays, pas seulement nous », lance Avraham, rescapé de la Shoah. « Pourquoi nous ? »

BNEI BRAK : « C'est clair ! Nous sommes ciblés » par les nouvelles restrictions, peste Yonathan, masque bleu dévorant sa barbe hirsute, sur un trottoir de Bnei Brak, ville ultra-orthodoxe d'Israël faisant partie des secteurs où un confinement partiel a été rétabli pour juguler une nouvelle vague de cas de coronavirus.

Dans cette ville-faubourg de Tel-Aviv, des hommes en redingote noire pressaient le pas au petit matin lundi, soulevant dans leur sillage un mince filet de poussière, traversé par les premiers rayons du soleil. Certains tournicotant leurs papillotes en marchant. 

Masque bleu, masque blanc, masque improvisé : le masque sanitaire est sur toutes les bouches ou presque, un contraste saisissant avec les premiers jours de la pandémie.

Bnei Brak a été pointée du doigt en mars comme étant la ville des enfants terribles du nouveau coronavirus, poussant le gouvernement à envoyer l'armée pour aider la police à y faire respecter les mesures de confinement.

Mais après des taux de contamination records à travers le pays depuis août, Israël a décidé de réimposer un confinement, partiel. Prévu initialement à partir de lundi soir dans une quarantaine de villes dont des secteurs arabes du nord et l'ultra-orthodoxe Bnei Brak, il a été reporté à mardi soir, a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué lundi.

« Ce devrait être dans l'ensemble du pays, pas seulement nous », lance Avraham, rescapé de la Shoah aux yeux bleus perçants regardant au-dessus de ses lunettes rectangulaires. « Pourquoi nous ? ».

Mariage avancé

Cet ancien professeur de lycée octogénaire part réciter le Talmud dans une petite synagogue de quartier. A l'intérieur, les hommes sont séparés par des bâches de plastique transparent, une nouveauté due à la pandémie.

A la synagogue, il n'y a actuellement que des doyens. Les cadets, explique-t-il, sont dans des yeshivas, écoles talmudiques, hors de Bnei Brak pour séparer les jeunes des plus vieux, plus à risque.

Tandis que la rumeur d'un nouveau confinement gonflait ces derniers jours, un mariage dans sa famille avait été avancé à dimanche pour éviter les restrictions. C'est ce même jour que les autorités ont décidé de remettre en place à compter du lendemain plusieurs mesures, dont une interdiction des rassemblements de plus de dix personnes à l'intérieur et de 20 à l'extérieur.

« Les plus vieux, nous y étions jusqu'à 21h, puis les jeunes sont arrivés. Nous avons aménagé les horaires pour éviter de propager le virus et de contaminer les seniors, plus fragiles face au coronavirus », raconte-t-il. « Ma femme a porté son masque toute la soirée et a même préféré ne pas manger pour ne pas avoir à le retirer. » 

Un peu plus loin, Chanoch Vexler prie au premier étage d'un immeuble beige, en regardant en contrebas par sa fenêtre une vingtaine de ses proches prier dans la cour, dans le bruit incessant de la rue d'où s'élève un concert de klaxons.

Synagogue extérieure

Pour protéger cet homme à la santé fragile tout en restant à ses côtés, cette synagogue extérieure a été improvisée devant l'immeuble. Des ventilateurs brassent l'air, faisant parfois tourner les pages des livres de prière.

Le déploiement de rouleaux de la Torah manque de faire tomber une bouteille de gel hydroalcoolique posée sur le coin de la table.

« C'est une adaptation au coronavirus », lance Yaacov, 72 ans, qui a porté son masque sanitaire pendant les quelque 50 minutes de prière tout en étant relié par des tubes à son concentrateur d'oxygène car il souffre de problèmes pulmonaires.

Les partis religieux, membres du gouvernement d'union de Benjamin Netanyahu ont exhorté ces derniers jours le Premier ministre d'opter pour un nouveau confinement moins strict.

« A cause de la résistance des religieux, Netanyahou a décidé d'un couvre-feu la nuit (de 19h à 05h, NDLR) et non d'un confinement total » dans les villes ciblées, se félicite Yaacov, qui aime bien prier en extérieur.

Ce nouveau confinement prévoit la fermeture des écoles aussi, ce que Yonathan ignorait...

« Il y a plein d'informations qui ne nous parviennent pas. Nous portons le masque, nous faisons tout ce qu'il faut » contre le coronavirus, relève-t-il.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.