BEYROUTH : La 11e rencontre entre le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné Najib Mikati mardi s'est révélée prometteuse pour éliminer les obstacles entravant la formation tant attendue d'un gouvernement au Liban.
À l'issue de la réunion, Mikati a déclaré : «Il nous reste encore quelques mètres pour la fin de la course, et j'espère que nous pourrons éliminer les obstacles restants d'une manière décente qui convient à tout le monde».
«Tout le monde veut qu’un gouvernement soit formé, car si nous ne le faisons pas, ce serait un acte immoral contre la nation».
Il a ajouté : «La discussion a été positive et nous espérons qu'un gouvernement verra le jour bientôt. Nous travaillons dur pour éliminer tous les obstacles. La formation d'un gouvernement au Liban ressemble beaucoup à un problème mathématique compliqué qui commence par le calcul de la représentation des confessions religieuses, des régions et des partis politiques et se termine par les allégeances des gens».
Mikati a affirmé avoir reçu le soutien d'anciens Premiers ministres, dont Saad Hariri, qui a récemment démissionné, après neuf mois d'efforts infructueux pour former un nouveau conseil des ministres.
Mikati a révélé lundi que les discussions avec Aoun «se sont concentrés principalement sur la nomination des ministres».
Les pourparlers entre Aoun et Mikati sont alimentés par la pression américaine et française et les conditions suffocantes dans lesquelles vivent les Libanais.
Ailleurs, mardi, une dispute dans une station-service à Al-Kafaàt, dans la banlieue sud de Beyrouth, s'est transformée en une violente fusillade.
L'armée libanaise est intervenue, arrêtant plusieurs tireurs et réglant le différend.
La station- service a été incendiée après qu'une grenade propulsée par fusée B7 a été tirée sur elle par des membres de la famille Zeaiter, qui sont protégés par les forces dominantes de la région et soutenus par le Hezbollah et le mouvement Amal.
Alors que les querelles sur l'approvisionnement limité en carburant éclatent, l'armée a mené des raids à la recherche d'essence et de diesel subventionnés que les distributeurs ont stockés en vue d’être passés en contrebande en Syrie ou vendus sur le marché noir.
L'armée a fait une descente dans un dépôt de la ville industrielle de Zouk Mosbeh et a saisi 65 000 litres de diesel et 48 000 litres d'essence. Le carburant a ensuite été distribué gratuitement aux hôpitaux et aux boulangeries de la région.
Un camion-citerne a également été perquisitionné à Wadi Hunin, dans le sud du Liban, où l'armée a saisi plus de 47 000 litres d'essence.
Les forces de sécurité ont aussi saisi plus de 70 000 litres d'essence, cachés dans des réservoirs et des citernes dans une zone abandonnée sur la route menant à l'aéroport, en plus d'autres quantités qui étaient cachées à l'intérieur d'un terrain de sable dans la même zone. Le carburant saisi a été distribué aux hôpitaux et aux propriétaires de groupes électrogènes privés.
La crise de l'électricité s'est aggravée au milieu des pénuries alarmantes d'essence, obligeant des dizaines de propriétaires de générateurs privés à réduire ou à couper complètement leurs approvisionnements, la compagnie d'électricité publique libanaise fournissant de l’électricité pour moins d'une heure par jour.
La plupart des régions ont plongé dans l'obscurité et les hôpitaux ont intensifié leurs appels à l'approvisionnement en diesel afin de pouvoir continuer à fonctionner.
Le président du Syndicat des propriétaires d'hôpitaux privés, Souleimane Haroun, a déclaré que «le carburant saisi distribué aux hôpitaux n'est pas suffisant car les hôpitaux ont besoin de 350 000 litres de diesel par jour pour rester fonctionnels».
Toutefois, des signes positifs concernant le problème des importations de diesel sont apparus mardi, où il a été signalé que la banque centrale du Liban avait approuvé le financement de deux cargaisons de carburant au taux subventionné de 3 900 LL pour $1. Les deux cargaisons contiennent 80 millions de litres de diesel qui devront suffire au besoin du marché pendant seulement cinq à six jours.
Le parlement libanais se réunira vendredi pour discuter d'une stratégie dans le but de faire face à la crise du carburant.
Le président du parlement Nabih Berri a convoqué la session pour discuter des «mesures appropriées» face aux pénuries paralysantes du carburant.
La semaine dernière, la banque centrale a annoncé qu'elle ne pouvait plus financer les importations d'essence et de diesel à des taux de change fortement réduits, mettant ainsi fin au programme de subventions, laissant les Libanais confrontés à une forte augmentation des prix.
Le gouverneur de la banque centrale, Riad Salameh, est en désaccord avec le gouvernement à propos de cette décision, affirmant que cela n'aurait dû être fait qu'après la fourniture de cartes de paiement prépayées aux pauvres.
Salameh a soutenu qu'il ne pouvait reprendre les subventions aux importations que si une loi lui permettait de puiser dans les réserves obligatoires.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com