BEYROUTH: Des jeunes qui fuient le Liban dans des bateaux fragiles se dirigeant vers Chypre ajoutent à la crise des réfugiés en Méditerranée orientale.
Quatre navires sont apparus au large des côtes est et sud de Chypre au cours des deux derniers jours, transportant 123 migrants libanais et syriens, a annoncé dimanche la police de l'île.
Certains ont été autorisés à entrer à Chypre, mais au moins vingt migrants sont à la dérive au large de la pointe sud-est, à bord d’un bateau dont le moteur est défectueux. Trois femmes et neuf enfants ont déjà été extraits du bateau et transférés dans un hôpital chypriote par mesure de précaution.
Plus de trente personnes, qui se trouvaient sur un bateau que la police a intercepté samedi à environ 20 km au sud de la côte, ont embarqué sur un autre navire affrété par les autorités chypriotes dans le but de les ramener au Liban.
Chypre et le Liban sont les signataires d’un accord destiné à empêcher les bateaux de migrants d'atteindre l'île. Plus de cinquante migrants en provenance du Liban ont été conduits samedi dans un centre d'accueil après que leur bateau a atteint une plage rocheuse le long de la côte est de l'île, à l'intérieur de la zone tampon contrôlée par l'ONU séparant la partie principale de Chypre et le Nord chypriote turc, non reconnu.
Les Casques bleus de l'ONU ont confié les trente-cinq hommes, les cinq femmes et les onze enfants à la garde chypriote. Dimanche, une cour a ordonné que quatre hommes, soupçonnés d’être les membres de l’équipage du bateau, restent en détention.
Vingt autres migrants syriens ont été emmenés dans un centre d'accueil après avoir été récupérés dimanche matin près de la zone tampon, à 15 km à l'ouest de la capitale, Nicosie.
Le ministre chypriote de l'Intérieur, Nicos Nouris, a déclaré qu'une réunion urgente devait se tenir afin d’évaluer la situation. Le centre d’accueil des migrants de l’île a atteint les limites de ses capacités, dans le respect des protocoles de santé pour empêcher la propagation de la Covid-19, a-t-il déclaré. Le Liban accueille 1 million de réfugiés syriens et 250 000 réfugiés palestiniens.
Le trafic de personnes a augmenté ces dernières années ; il concerne en particulier les jeunes Libanais désespérés par l'effondrement économique de leur pays.
Les mois de septembre, octobre et novembre sont une période idéale pour fuir le Liban par bateau, parce que la mer est calme, a expliqué à Arab News Mohammed Al-Sarji, chef de l'Union libanaise des plongeurs professionnels.
« Les passeurs au Liban sont des marins qui ont une solide connaissance de la mer. Ils achètent des bateaux d'occasion, les rénovent et les utilisent pour la contrebande. S'ils coulent, leurs pertes ne sont pas considérables, mais les réfugiés auraient payé d'énormes sommes d'argent aux passeurs », a-t-il déclaré.
« Le point le plus proche de Chypre est la côte qui s'étend de Tripoli à Akkar dans le Nord du Liban, à seulement 90 km de distance, et il n'est pas surveillé en raison de l'impuissance et de la décomposition de l’État. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com