La pandémie, test politique en Floride pour un gouverneur ambitieux

Décrit comme «plus intelligent que Trump, un peu plus prudent et froidement calculateur» par l'analyste politique Larry Sabato, Ron DeSantis est issu d'un milieu ouvrier. (Photo, AFP)
Décrit comme «plus intelligent que Trump, un peu plus prudent et froidement calculateur» par l'analyste politique Larry Sabato, Ron DeSantis est issu d'un milieu ouvrier. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 17 août 2021

La pandémie, test politique en Floride pour un gouverneur ambitieux

  • Proche de Donald Trump, Ron DeSantis, 42 ans, est régulièrement cité comme l'un des candidats républicains potentiels à l'élection présidentielle de 2024
  • Il se pose en défenseur des libertés individuelles face aux mesures préconisées par les autorités sanitaires américaines

MIAMI: Le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, n'aime pas quand la presse et ses opposants évoquent la résurgence de la pandémie dans son État car elle pourrait bien menacer les ambitions de cette étoile montante de la politique américaine.

Proche de Donald Trump, Ron DeSantis, 42 ans, est régulièrement cité comme l'un des candidats républicains potentiels à l'élection présidentielle de 2024. 

Mais il joue aujourd'hui une partie serrée dans son État, refusant les restrictions comme le port du masque dans les écoles alors que les cas de Covid-19 flambent. 

Dans la tradition du Parti républicain, il se pose en défenseur des libertés individuelles face aux mesures préconisées par les autorités sanitaires américaines.

Dès les débuts de la pandémie, l'élu républicain refuse d'imposer le port du masque dans le Sunshine State, laissant cette prérogative aux villes et comtés. Il a aussi favorisé une réouverture rapide de l'économie, supprimant presque toutes les limitations auxquelles devaient se plier les commerces dès septembre 2020.

Sa stratégie a semblé payante dans un premier temps. Malgré le nombre élevé de contaminations à la Covid-19, la Floride n'a pas connu un taux de mortalité plus élevé que la moyenne nationale et l'économie s'est redressée, renforçant sa stature nationale. 

Il arrive en deuxième position derrière Donald Trump parmi les favoris à une investiture républicaine en 2024, selon un récent sondage du cabinet Fabrizio, Lee & Associates. 

Mais cet élan prometteur pourrait être bridé par la nouvelle flambée de l'épidémie. La Floride est désormais le deuxième État américain pour le nombre cas derrière la Louisiane, et bat chaque jour depuis août son record d'hospitalisations liées à la Covid. 

"Il est certain que la vague actuelle de la Covid-19 pourrait heurter son avenir politique", explique J. Edwin Benton, professeur de sciences politiques à l'université South Florida. 

"DeSantis a perdu l'avantage qu'il possédait il y a quelques mois, et c'est en grande partie dû à son attitude controversée face au coronavirus", ajoute-t-il. 

Trump 2.0

Sous le feu des critiques, le républicain a pourtant décidé de durcir sa ligne. En quelques jours, il a menacé de couper les fonds des districts scolaires souhaitant imposer le masque à leurs élèves. 

M. DeSantis a aussi essayé sans succès d'empêcher les compagnies de croisières d'exiger une preuve de vaccination à leurs passagers, et accusé la presse de "générer de l'hystérie" tout en tenant le président Joe Biden responsable de la situation.

Les déclarations du républicain rappellent celles de Donald Trump pendant ses derniers mois à la Maison Blanche. Ce n'est pas un hasard. 

Décrit comme "plus intelligent que Trump, un peu plus prudent et froidement calculateur" par l'analyste politique Larry Sabato, Ron DeSantis est issu d'un milieu ouvrier. Diplômé de Yale et Harvard, il connaît mieux que quiconque l'influence du milliardaire sur les électeurs républicains. 

En 2018, le parlementaire quasiment inconnu a réussi à bénéficier du soutien du président Trump pour sa candidature au poste de gouverneur de Floride, ce qui lui a permis de l'emporter sur son opposant démocrate Andrew Gillum. 

"DeSantis ressemble à un Trump 2.0", estime M. Sabato. "Mais il est loin d'être un aussi bon orateur" que l'ex-président républicain, ajoute-t-il. 

Un équilibre fragile

La stratégie de M. DeSantis est risquée, en particulier si la situation sanitaire continue de se dégrader. 

"Il est probable qu'il ne perde jamais l'appui de ceux qui soutiennent Donald Trump", juge J. Edwin Benton. "Mais je crois qu'il a perdu du soutien chez les électeurs indépendants et peut-être aussi chez certains républicains modérés qui pensent qu'il faudrait écouter la science et non pas les dogmes ou idéologies personnels". 

La popularité du gouverneur s'explique justement parce qu'il est parvenu à séduire d'autres types d'électeurs que les trumpistes, selon le républicain Carlos Curbelo, qui a siégé à la Chambre des représentants en même temps que Ron DeSantis. 

"Il est resté fidèle à la base électorale de Trump tout en convainquant les indépendants et les électeurs modérés avec des thèmes comme l'éducation et l'environnement", assure-t-il. 

"C'est un exercice d'équilibriste que tous les républicains doivent faire de nos jours, et DeSantis s'en est mieux sorti que les autres pour le moment", poursuit M. Curbelo. 

Ron DeSantis est "ambitieux, discipliné et extrêmement concentré sur ses objectifs", selon l'ancien député. 

Pour l'analyste Larry Sabato, "il est certain qu'il fait erreur avec ses politiques et que cela va coûter des vies".

"Mais est-ce que les électeurs vont s'en rendre compte? Il y a peu de chances. Nous vivons dans l'ère de la post-vérité créée en grande partie par Donald Trump", affirme-t-il.


Les réactions à la mort de Raïssi dans le crash de son hélicoptère

Téhéran et New Delhi entretiennent des relations étroites, la République islamique ayant été pendant de nombreuses années le principal fournisseur de pétrole du géant d'Asie du Sud, aujourd'hui cinquième économie mondiale. (AFP).
Téhéran et New Delhi entretiennent des relations étroites, la République islamique ayant été pendant de nombreuses années le principal fournisseur de pétrole du géant d'Asie du Sud, aujourd'hui cinquième économie mondiale. (AFP).
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  • Le Premier ministre indien Narendra Modi s'est déclaré lundi "profondément attristé et choqué par la disparition tragique" du président iranien Ebrahim Raïssi
  • Le Pakistan a décrété lundi une journée de deuil suite aux informations des médias iraniens rapportant la mort du président de la République islamique

NEW DELHI: Le Premier ministre indien Narendra Modi s'est déclaré lundi "profondément attristé et choqué par la disparition tragique" du président iranien Ebrahim Raïssi dans un accident d'hélicoptère.

"Je présente mes sincères condoléances à sa famille et au peuple iranien", a déclaré M. Modi sur le réseau social X, ajoutant que l'Inde était "aux côtés de l'Iran en ce moment de tristesse".

Téhéran et New Delhi entretiennent des relations étroites, la République islamique ayant été pendant de nombreuses années le principal fournisseur de pétrole du géant d'Asie du Sud, aujourd'hui cinquième économie mondiale, jusqu'à ce que les sanctions américaines ne réduisent les échanges.

New Delhi a dû trouver un point d'équilibre entre ses relations avec Téhéran, ses liens avec Washington - les États-Unis et l'Inde sont tous deux membres de l'alliance de sécurité Quad - et ses bonnes relations avec Israël.

La semaine dernière, l'Iran et l'Inde ont signé un contrat visant à développer et équiper le port iranien de Chabahar, dans le cadre d'un accord qui donnerait à New Delhi un accès de 10 ans à l'installation, déclenchant une vive réaction de Washington, qui a averti que les entreprises impliquées risquaient d'être sanctionnées.

Le ministre indien des affaires étrangères, S. Jaishankar, a également indiqué sur X qu'il était "profondément choqué d'apprendre le décès" de M. Raïssi et de son homologue Hossein Amir-Abdollahian.

Le Pakistan décrète une journée de deuil

Le Pakistan a décrété lundi une journée de deuil suite aux informations des médias iraniens rapportant la mort du président de la République islamique, Ebrahim Raïssi, dans un accident d'hélicoptère.

"Le Pakistan va observer une journée de deuil et le drapeau sera en berne" en "solidarité avec l'Iran", pays "frère", a écrit le Premier ministre, Shehbaz Sharif, sur le réseau social X. "L'immense nation iranienne surmontera cette tragédie avec son courage habituel", a-t-il ajouté, alors qu'Islamabad avait accueilli en grandes pompes le dirigeant iranien fin avril.

La Chine se dit « très inquiète »

La Chine s'est dite lundi "très inquiète" après l'accident d'hélicoptère impliquant le président iranien Ebrahim Raïssi, proposant son aide pour participer aux opérations de sauvetage.

"La Chine est très inquiète de l'atterrissage brutal de l'hélicoptère à bord duquel se trouvait le président Raïssi, et nous souhaitons au président Raïssi et à l'équipage à bord d'être sains et saufs", selon le ministère des Affaires étrangères cité par la télévision d'Etat CCTV.

 


Lai Ching-te, fils d'un mineur de charbon élu président de Taïwan

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
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  • Lorsqu'il était Premier ministre, M. Lai s'est exprimé plus ouvertement que Mme Tsai sur la question de l'indépendance
  • Bien qu'il ait indiqué à la Chine être ouvert au dialogue, Lai Ching-te risque d'être rabroué

TAIPEI: Fils d'un mineur de charbon, Lai Ching-te prêtera serment en tant que président de Taïwan lundi et il lui reviendra alors de prendre en charge les relations avec la Chine, en proie à une rupture de plus en plus profonde à mesure que Pékin accroît sa pression militaire et diplomatique sur l'île autonome.

A l'inverse de la majorité de la classe politique taïwanaise, M. Lai, né en 1959, est issu d'un milieu modeste. Sa mère l'a élevé seule, avec ses cinq frères et sœurs, dans un hameau rural de Nouveau Taipei (nord), en raison du décès de son père lorsqu'il était très jeune.

Après avoir obtenu un diplôme de santé publique à l'université de Harvard aux Etats-Unis, il a d'abord travaillé comme médecin dans un hôpital de Tainan (sud-ouest).

Décrit comme pugnace et combatif, Lai Ching-te - qui se fait aussi appeler William Lai - se décide à entrer en politique en 1996, quand Pékin effectue des tirs d'essai de missiles autour de Taïwan au moment de la première élection présidentielle démocratique de l'île.

"J'ai décidé qu'il était de mon devoir de participer à la démocratie taïwanaise et d'aider à protéger cette expérience naissante de ceux qui lui voulaient du mal", avait-il témoigné l'an passé dans le Wall Street Journal.

Le futur président taïwanais figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes de 2024 établie par le magazine Time en avril, un choix qui reflète, selon lui, "la résilience et l'unité du peuple taïwanais".

«Dangereux séparatiste» pour Pékin

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020.

Agé de 64 ans, marié et père de deux enfants, le président du Parti démocrate progressiste (PDP) s'est engagé à poursuivre la politique de Mme Tsai visant à renforcer les capacités militaires de Taïwan afin de dissuader la Chine, qui multiplie ces dernières semaines les survols d'avions aux environs de son territoire.

Son franc-parler, qu'il a modéré ces dernières années, lui attire pourtant l'ire de Pékin, qui le qualifie de "dangereux séparatiste" conduisant Taïwan sur le chemin "de la guerre et du déclin".

Lors de la campagne, M. Lai avait affirmé que l'élection était un choix entre "démocratie et autocratie", et avait promis un soutien "inébranlable" au maintien du statu quo dans le détroit de Taïwan.

Il avait aussi dénoncé "le principe chinois d'une seule Chine", car "la paix sans la souveraineté, c'est juste comme Hong Kong", ancienne colonie britannique où Pékin a imposé cette année une nouvelle loi de sécurité nationale pour réprimer toute dissidence.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.