TRIPOLI, LIBYE : Une grande partie de la Libye est privée d'eau depuis la nuit de samedi après que des hommes armés ont fait irruption dans des centres d'approvisionnement pour exiger la libération d'un des anciens proches du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi.
Dans un communiqué, l'Autorité de la Grande Rivière artificielle, projet pharaonique réalisé sous le régime Kadhafi pour irriguer une grande partie du pays, annonce l'interruption de l'approvisionnement de l'ouest et du sud-ouest à cause des menaces d'actes de sabotage de proches d'Abdallah al-Senoussi, ancien cacique du régime déchu, afin d'exiger sa libération.
Jeudi, des hommes armés sont entrés de force dans le centre de contrôle du réseau, accordant un délai de 72 aux autorités pour libérer l'ex-chef des services de renseignement de Kadhafi, détenu dans une prison à Tripoli.
Passé ce délai, l'Autorité de la Grande Rivière a décidé de couper les vannes pour éviter le sabotage des installations et "garantir la sécurité de ses employés".
Le projet pensé et réalisé par Kadhafi il y a plus de 30 ans achemine l'eau potable pompée dans les nappes phréatiques au sud et alimente "70% des villes libyennes", selon l'organe qui le dirige.
Le gouvernement de transition n'a pas réagi à cette affaire qui jette le trouble sur l'éclaircie politique en cours.
Beau-frère par alliance de Kadhafi, Abdallah al-Senoussi faisait partie du premier cercle du pouvoir de l'ex-dictateur.
Extradé en septembre 2012 par la Mauritanie où il avait trouvé refuge après la chute du régime, il a été condamné à mort en 2015 pour son rôle présumé dans la répression de la révolte de 2011 lors d'un procès dénoncé comme expéditif par l'ONU.
Habitués aux coupures d'eau et d'électricité depuis 2011, beaucoup de Tripolitains disposent de puits et de groupes électrogènes.
La Libye tente de s'extraire d'une décennie de violences depuis la révolte de 2011, un chaos marqué ces dernières années par l'existence de pouvoirs rivaux dans l'Est et l'Ouest.
La fin des combats à l'été 2020 a été suivie en octobre de la même année par la signature d'un cessez-le-feu, qui semble depuis globalement respecté.
Un gouvernement unifié et transitoire a été formé en début d'année, sous la houlette de l'ONU, avec pour mission d'unifier les institutions et de mener le pays à des élections législatives et présidentielle en décembre. Mais les divisions persistent alors que les élections semblent de plus en plus hypothétiques.