PARIS : Le mouvement anti-pass sanitaire, actif sur les réseaux sociaux et à nouveau samedi dans les rues du pays, a ses codes et slogans, souvent détournés de débats sociétaux antérieurs, allusions cryptées ou références de la sphère complotiste.
Voici quelques clés pour les comprendre :
«Mon corps, mon choix»
"My Body, my choice" est le slogan emblématique des mouvements féministes d'après mai 1968 puis des "pro-choix", les militants du droit à l'avortement aux Etats-Unis. Il a largement été détourné par une frange antivax américaine du Parti républicain.
Souvent associé au dessin d'une seringue barrée, il est aujourd'hui à travers le monde l'un des slogans les plus récurrents dans les manifestations contre la vaccination.
«Mais Qui»
?-Ce slogan antisémite est apparu à plusieurs reprises dans les cortèges anti-pass en France à la suite d'un entretien accordé en juin sur la chaîne CNEWS à un général à la retraite, Daniel Delawarde, signataire d'une tribune évoquant "le délitement" de la France publiée par l'hebdomadaire Valeurs actuelles.
A la question "qui contrôle la +meute médiatique+?", il avait répondu "la communauté que vous connaissez bien", avant d'être coupé par le présentateur, Jean-Marc Morandini.
Une enseignante, ex-membre du Front national et ex-élue locale, qui avait brandi à Metz ce signe agrémenté de noms de responsables politiques, hommes d'affaires et intellectuels pour la plupart juifs, a été interpellée lundi à Hombourg-Haut (Moselle) et sera jugée en septembre pour provocation à la haine raciale.
Étoiles jaunes
Les références à la Shoah se sont multipliées en France dans les manifestations contre le confinement, puis contre l'extension du pass sanitaire. Ses opposants n'hésitent pas à comparer leur situation à celle des juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Des étoiles jaunes détournées, barrées de la mention "non vacciné" ont été vues dans plusieurs cortèges en France, avant d'en disparaître la semaine dernière. Ce détournement avait suscité une vague d'indignation, notamment auprès d'enfants de rescapés de la Shoah qui ont dénoncé une comparaison inappropriée et une manière de relativiser l'holocauste.
«Pas un rhinocéros»
"Je ne suis pas un rhinocéros, je reste humain, je ne capitulerai pas". Via des badges payants et une pétition en ligne, le mammifère à corne est devenu l'un des symboles de ralliement des soutiens de Florian Philippot, ancien du Rassemblement national en pointe de l'opposition au pass sanitaire.
Il s'agit d'une référence à l'excipit de la pièce de théâtre de Ionesco dans laquelle une épidémie de rhinocérite frappe la population, apeurant les habitants d'une ville et les métamorphosant bientôt en animaux soumis.
"J'y ai pensé tout de suite en voyant la folie covidiste", explique M. Philippot, chef des "Patriotes", dans une vidéo devenu virale.
«Touche pas à mes enfants»
En réaction à l'idée d'étendre la vaccination aux moins de 12 ans, la mobilisation autour de ce slogan a été lancée en avril par l'avocat Fabrice Di Vizio, nouvelle star des milieux complotistes, et ancien candidat du Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, qui affiche aujourd'hui sa proximité avec Florian Philippot.
Dans sa version anti-vaccination, ce détournement du slogan anti-raciste des années 1980 "Touche pas à mon pote" reprend le thème de l'inquiétude pour les enfants, un marqueur de l'extrême droite qui a essaimé du mouvement de la Manif pour tous en passant par le mouvement QAnon et sa rhétorique d'un complot pédophile.