LILLE : Une trentaine de lieux culturels français se mobilisent pour faire accueillir en France des artistes afghans menacés par l'avancée rapide des talibans, a-t-on appris lundi auprès de l'initiatrice de la mobilisation.
"Nous avons établi une liste des artistes les plus en danger, en particulier des femmes qui font du théâtre", a expliqué à l'AFP la directrice du festival Latitudes Contemporaines de Lille (nord), Maria Carmela Mini, indiquant être arrivée à une liste de 70 personnes - 52 artistes et quelques membres de leurs familles - remise aux autorités françaises.
Mme Mini a fédéré un groupe d'"une trentaine d'institutions culturelles", incluant des centres dramatiques nationaux, pour plaider la cause de ces artistes auprès de la présidence de la république, du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Culture et leur permettre d'obtenir des visas, mais aussi organiser leur accompagnement professionnel et personnel une fois qu'ils seront en France.
Selon elle, à la suite d'une réunion à Paris, les ministères concernés ont d'abord donné leur accord pour que ces Afghans puissent bénéficier d'une procédure de demande de visa accélérée, puis lui ont dit de leur faire suivre "une procédure Schengen classique".
"Sur place, la situation est dramatique, les gens arrivent en masse à Kaboul et y sont parqués" s'alarme-t-elle. "Nous sommes dans l'incapacité de faire remplir des demandes classiques alors que certains sont à la rue pour sauver leur peau !".
Face à une "situation d'urgence absolue", en particulier pour l'intelligentsia du pays, la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, a également expliqué à l'AFP être intervenue auprès des ministères des Affaires étrangères et de la Culture "pour que la France bouge".
"On est prêts à donner un toit à des Afghans qui viendraient en France", assure-t-elle, évoquant une soixantaine de logements mobilisables et apportant son soutien à l'initiative des institutions culturelles.
"La Ville de Lille et la Fondation de Lille lancent un appel aux dons +Accueil Afghans en danger+, dont les fonds permettront de prendre en charge les frais de rapatriement ainsi que les frais de vie quotidienne", a indiqué la mairie dans un communiqué lundi soir.
Les talibans, qui ont dirigé l'Afghanistan entre 1996 et 2001, imposant leur version ultra-rigoriste de la loi islamique, progressent à grande vitesse dans le nord du pays et contrôlent désormais six des 34 capitales provinciales.