NATIONS UNIES : L'émissaire de l'ONU en l'Afghanistan a appelé vendredi les talibans à "cesser" les "attaques contre les villes", demandant au Conseil de sécurité de leur lancer un avertissement "sans ambiguïtés".
Les pays en contact avec les insurgés doivent les prévenir "qu'un gouvernement imposé par la force en Afghanistan ne sera pas reconnu", a ajouté Deborah Lyons lors d'une réunion du Conseil.
Elle a aussi menacé d'un non-renouvellement des "dérogations" qui permettent à des représentants des talibans de voyager, malgré les sanctions, qui arrivent à échéance en septembre. Ces dérogations existent "uniquement" pour leur permettre de participer aux négociations de paix", qui se tiennent notamment au Qatar, et leur renouvellement "dépendra des progrès réels" sur le front diplomatique", a mis en garde la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en Afghanistan.
"Aujourd'hui nous avons la possibilité de démontrer l'engagement du Conseil de sécurité de l'ONU et des communautés régionale et internationale" à "empêcher l'Afghanistan de sombrer dans une situation catastrophique si grave qu'elle n'aurait que peu de parallèles au cours de ce siècle", a martelé Deborah Lyons.
"Une telle catastrophe aurait des conséquences bien au-delà des frontières de l'Afghanistan", a-t-elle ajouté, notant que la guerre était entrée "dans une phase plus meurtrière et plus destructive" qui fait désormais penser "à la Syrie" ou à "Sarajevo".
«Carrefour dangereux»
Pour éviter "les pires scénarios", le Conseil "doit agir avec unité et rapidité", a-t-elle insisté, jugeant que la semaine à venir serait "décisive". "L'Afghanistan est à un carrefour dangereux entre des négociations de paix sincères ou une série de crises imbriquées de manière tragique -- un conflit de plus en plus brutal conjugué à une situation humanitaire grave et une multiplication des violations des droits humains."
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux et de postes-frontières clés lors d'une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici le 31 août. La ville de Zaranj, dans le sud-ouest du pays, est devenue vendredi la première capitale provinciale à tomber entre leurs mains depuis le début de ces attaques.
Le représentant du gouvernement de Kaboul à l'ONU, Ghulam Isaczai, qui avait demandé une telle réunion du Conseil de sécurité, a souligné que la situation était en train "de se détériorer rapidement" en raison "d'une récente escalade de la violence par les talibans et des offensives militaires brutales contre des villes importantes".
Le diplomate américain Jeffrey DeLaurentis a réaffirmé la mise en garde de Washington selon laquelle l'Afghanistan deviendrait un "paria international" en cas de "prise de pouvoir militaire" par les rebelles ou du retour d'un "émirat islamique" comme celui que les talibans avaient instauré avant d'être chassés par l'intervention américaine de 2001.
"Le plus important aujourd'hui est de lancer rapidement des négociations substantielles", a dit pour sa part l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia, disant compter sur la réunion prévue le 11 août à Doha des émissaires américain, russe, chinois et pakistanais pour aboutir à une relance d'un processus de paix dans l'impasse.