KABOUL, Afghanistan : Le chef du service de communication du gouvernement afghan a été assassiné lors de la prière du vendredi à Kaboul par les talibans, dont l'armée continuait à pilonner les positions dans ou en périphérie de plusieurs capitales provinciales.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir vendredi pour discuter de la dégradation de la situation. Alarmée par la violence des combats, la communauté internationale appelle en vain depuis quelques jours à un cessez-le-feu.
Les talibans, qui avaient promis mercredi de mener de nouvelles opérations de "représailles" contre de hauts responsables gouvernementaux, en réponse à la campagne de bombardements aériens de l'armée afghane, n'ont pas tardé à mettre leur menace à exécution.
Prouvant, une nouvelle fois, qu'ils peuvent frapper où bon leur semble dans la capitale, ils ont tué Dawa Khan Menapal, un ancien porte-parole adjoint du président afghan, Ashraf Ghani, à la sortie de la prière du vendredi, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
M. Menapal était une figure bien connue de la communauté des médias à Kaboul. Cet ex-journaliste s'en prenait régulièrement aux talibans sur les réseaux sociaux, souvent avec ironie.
Sediq Sediqqi, l'ancien porte-parole du chef de l’État, s'est dit "profondément choqué et bouleversé d'apprendre que (son) ami et ancien collègue avait été tué par les ennemis de (leur) pays".
Les talibans, qui avaient déjà ciblé mardi à Kaboul le ministre de la Défense, le général Bismillah Mohammadi, sorti sain et sauf de cette attaque ayant fait huit morts, n'ont pas tardé à revendiquer cet assassinat.
- Les combats font rage -
Les armées afghane et américaine ont procédé ces derniers jours à de multiples frappes aériennes pour tenter d'enrayer l'avancée des talibans sur plusieurs centres urbains majeurs.
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux et de postes-frontières clés lors d'une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici le 31 août.
Après avoir rencontré une faible résistance dans les campagnes, ils dirigent depuis quelques jours leurs offensives sur les grandes villes, encerclant plusieurs capitales provinciales.
Les combats continuaient à faire rage vendredi à Lashkar Gah (sud), capitale de la province du Helmand, où l'armée a lancé une contre-attaque mercredi soir, mais aussi à Sheberghan (nord), dans la province de Jawzjan, fief du célèbre chef de guerre Abdul Rachid Dostom.
Le maréchal Dostom, puissant dirigeant d'ethnie ouzbèke, réputé pour sa loyauté changeante et sa barbarie, est rentré mercredi en Afghanistan, après avoir passé plusieurs mois en Turquie, sans doute pour y être soigné.
"Les combats continuent dans les zones autour de Sheberghan (...) Les talibans ont un peu avancé, mais les forces afghanes les combattent", a déclaré à l'AFP Qadir Malia, gouverneur adjoint de la province.
A Lashkar Gah, les bureaux d'Action contre la faim ont été touchés jeudi par un "bombardement aérien", a annoncé vendredi l'ONG.
- Aucun endroit sûr -
"Le bâtiment était clairement identifié comme appartenant à une organisation humanitaire que ce soit depuis la rue ou le toit de l’immeuble. Par ailleurs, son emplacement a été communiqué à plusieurs reprises aux parties au conflit", a-t-elle souligné.
Des combats opposaient aussi toujours les talibans aux forces gouvernementales aux abords de Kandahar (sud) et Hérat (ouest), les deuxième et troisième villes d'Afghanistan, ainsi qu'à Zaranj, capitale de la province de Nimroz (sud-ouest).
Les civils, tués par dizaines ces derniers jours rien qu'à Lashkar Gah, cherchaient à fuir les zones de combat, comme l'armée les y a invités, mais sans avoir aucun endroit sûr où se réfugier.
Le Haut commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR) avait prévenu en juillet qu'une potentielle catastrophe humanitaire se profilait, estimant que depuis le début de l'année quelque 270.000 Afghans ont fui leur domicile - principalement en raison des combats.
A Hérat vendredi, les habitants quittaient en nombre leur foyer, en prévision d'un éventuel assaut de l'armée.
"Nous avons complètement évacué la zone", a raconté à l'AFP Ahmad Zia, un habitant de la partie ouest de la ville. "Il ne nous reste rien et nous ne savons pas où aller."
Les talibans ont déjà été accusés de multiples atrocités dans les zones qu'ils ont récemment conquises. Le spectre d'un retour au pouvoir de ceux qui avaient imposé un régime islamique ultra-rigoriste lorsqu'ils gouvernaient le pays (1996-2001), avant d'être chassés par une coalition internationale menée par les États-Unis, inquiète nombre d'Afghans.