PARIS: Ils étaient nombreux à s’être réunis hier à Paris, place Victor-Hugo, pour commémorer le 1er anniversaire de la double explosion du port de Beyrouth, survenue le 4 août 2020. Le bilan de ce drame est de deux cent quatorze morts et de près de six mille cinq cents blessés.
L’émotion est palpable. Les Libanais de Paris ne peuvent contenir leurs larmes en écoutant l’hymne national et les chansons patriotiques comme Beyrouth, interprétée par la chanteuse lyrique Patricia Atallah, qui nous confie: «Aujourd’hui, mon cœur est déchiré, dévasté par ce qui continue de se produire au Liban. Nous sommes réunis aujourd’hui pour essayer de reconstruire ce pays. J’espère que nous pourrons y arriver, car le Liban ne s’est pas encore relevé.»
Lyna Nakouz Nassif est franco-libanaise. Rentrée du Liban il y a deux jours, elle juge la situation de son pays catastrophique: «Il n’y a plus rien, pas d’argent pour acheter de la nourriture ou des médicaments; même si on a de l’argent, on n’en trouve pas», déplore-t-elle, précisant que «l’hôpital ne peut recevoir de malades». «Les cas d’urgence sont opérés sans anesthésie», explique-t-elle.
De son côté, Philippe Bouriachi, conseiller régional d’Île-de-France, élu d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), tenait à être présent pour exprimer sa solidarité avec le peuple libanais: «Il y a des dates d’anniversaire qu’on n’a pas le cœur ni la joie de fêter ou de célébrer. Il y a un an, la France et le monde ont découvert l’horreur au cœur du Liban, une double explosion qui a détruit des centaines de familles et qui a fait déplacer des milliers d’autres […]. Le président de la république, Emmanuel Macron, s’est rendu tout de suite au Liban avec un message de concorde nationale. Le message était clair, la France a des liens forts avec le Liban. Ces liens ne sont pas des liens d’amitié, mais des liens fraternels», déclare-t-il.
L’élu EELV déplore par ailleurs les défaillances de l’enquête sur cette tragédie. «Un an après, le Liban s’enfonce chaque jour en peu plus dans une crise économique, politique et dans l’instabilité, ce qui est inacceptable.» Il poursuit: «L’Union européenne et la France doivent prendre leurs responsabilités et soutenir ce peuple pour [promouvoir] un Liban libre et indépendant. Respectons les résolutions des Nations unies et faisons valoir que l’Europe, cette belle démonstration démocratique, a un sens. Aujourd’hui, nous demandons au président de la république et au gouvernement de prendre leurs responsabilités et d’ajouter aux mots des actes», affirme-t-il.
Habitant Paris depuis le mois de septembre dernier, Zoya Atoui, une jeune étudiante, confie à Arab News en français qu’elle était sur place lors de la double explosion. Elle en garde un souvenir douloureux et, encore aujourd’hui, a du mal à parler de ce drame. «Je participe à ce rassemblement pour dénoncer la corruption et la négligence», confie-t-elle. Pour elle, le pouvoir politique libanais ne respecte pas les droits fondamentaux de l’homme. «Notre système judiciaire est corrompu et il se trouve maintenu par les politiques», dénonce-t-elle. «J’appelle la communauté internationale à ne pas agir uniquement pour le Liban, mais aussi pour les Libanais. Ce peuple est opprimé, en détresse et en dépression», ajoute-t-elle.
Pour elle, la jeunesse libanaise est déterminée à reconstruire le pays. Aussi conclut-elle sur cette note d’espoir: «Le Liban sera reconstruit par la seule volonté de son peuple, un peuple libre qui a vécu beaucoup de guerres, un peuple résistant qui a toujours réussi.»