Les ex-«boucliers humains» de Saddam Hussein en quête de réponses

L'ancien président irakien Saddam Hussein. (Photo, AFP)
L'ancien président irakien Saddam Hussein. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 05 août 2021

Les ex-«boucliers humains» de Saddam Hussein en quête de réponses

  • Parmi les 367 passagers et membres d'équipage du vol à destination de Kuala Lumpur, certains ont passé plus de quatre mois en captivité
  • «J'ai perdu ma jeunesse au Koweït. Je suis plus anxieux. Cette joie, cette insouciance que j'avais, je l'ai perdue»

LONDRES: Plus de trois décennies après avoir été extirpés d'un avion British Airways le 2 août 1990 lors d'une escale au Koweït, d'anciens otages utilisés comme boucliers humains par Saddam Hussein veulent que le gouvernement britannique reconnaisse sa responsabilité.


Un nouveau livre paru au Royaume-Uni, "Operation Trojan Horse", soutient que Londres a utilisé le vol BA149 pour déployer neuf responsables du renseignement au Koweït et était au courant du risque encouru par les civils.


Selon son auteur, Stephen Davis, Londres avait reçu des renseignements américains annonçant l'invasion irakienne quelques heures auparavant. Selon eux, la tour de contrôle repoussait tous les autres vols cette nuit-là.


Parmi les 367 passagers et membres d'équipage du vol à destination de Kuala Lumpur, certains ont passé plus de quatre mois en captivité, placés sur des cibles potentielles pour la coalition occidentale.


Barry Manners, 55 ans, est l'un d'eux. Il voyageait avec son compagnon de l'époque pour des retrouvailles avec la famille de ce dernier en Malaisie.


A l'occasion de la sortie du livre, il estime que "le complot du silence" autour de ces événements a réduit à néant sa confiance dans les autorités: "C'est l'antithèse des valeurs qu'on nous a enseignées, de l'essence même des sociétés occidentales".


Se remémorant sa captivité, M. Manners raconte à l'AFP qu'il craignait que l'ordre ne soit donné aux geôliers d'exécuter les prisonniers.

«Cadeau à Saddam»

Après quatre mois de captivité, il a pu retourner à Londres, mais a souffert de problèmes psychologiques après la mort de son compagnon en 1992.


Margaret Hearn, 65 ans, se souvient de son côté qu'une photo de ses deux jeunes enfants lui tirait des larmes lorsqu'elle était détenue. Mais peu à peu, l'ennui a remplacé la peur.


"J'étais insensible, vous cessez de ressentir des choses. On ne peut pas supporter autant de crainte et d'inquiétude", explique-t-elle.


Elle a été transportée du Koweït à Bassorah, Bagdad puis dans deux lieux de détention dans le désert pendant ses cinq semaines de captivité.


Elle se souvient de captifs fraternisant avec leurs gardiens en jouant au foot, contraste saisissant avec l'horreur des violences, simulacres d'exécutions et privations infligées à certains selon l'ouvrage.


"On était juste un cadeau à Saddam. Je m'en suis sortie en mettant ça dans une boîte pour ne plus jamais regarder de nouveau", confie-t-elle à l'AFP, ajoutant: "jamais je ne veux ressentir une telle peur".

Insouciance perdue 

Richard Balasubaramian, cardiologue de 49 ans, a quant à lui été assigné à résidence pendant deux semaines dans un hôtel au Koweït.


Grâce à sa famille à moitié malaisienne, il a pu bénéficier des évacuations organisées par Kuala Lumpur, après deux trajets en bus d'une vingtaine d'heures dans la chaleur étouffante du désert jordanien.


"C'était surréaliste, effrayant, presque comme si vous n'étiez pas là. On se sentait coupables de laisser certains derrière nous", se souvient-il. "J'ai perdu ma jeunesse au Koweït. Je suis plus anxieux. Cette joie, cette insouciance que j'avais, je l'ai perdue".


Stephen Davis a le soutien d'un ancien membre de l'ambassade britannique au Koweït, qui affirme également que des responsables politiques de premier plan ont contourné les canaux traditionnels pour  envoyer ses agents du renseignement.


Un retard de deux heures au décollage à l'aéroport de Heathrow, invoquant des problèmes de climatisation, a permis à ces Britanniques d'embarquer à la dernière minute, selon l'auteur.


Selon lui, la Première ministre de l'époque, Margaret Thatcher, a menti au Parlement et British Airways a menacé membres de l'équipage et passagers pour étouffer l'affaire.


Le ministère britannique de la Défense comme la compagnie, qui sollicitée par l'AFP s'est refusée à tout commentaire, ont toujours nié les accusations.


En 2003, la justice française a ordonné à British Airways de verser 1,67 million d'euros à d'anciens otages français, estimant que la compagnie avait "gravement failli à ses obligations" envers les passagers en faisant atterrir l'avion.


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com