Ethiopie: seule 10% de l'aide humanitaire parvient au Tigré, selon l'USAID

Samantha Power, administratrice de l'Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID), à Khartoum, le 3 août 2021. (Photo, AFP)
Samantha Power, administratrice de l'Agence des États-Unis pour le Développement international (USAID), à Khartoum, le 3 août 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 05 août 2021

Ethiopie: seule 10% de l'aide humanitaire parvient au Tigré, selon l'USAID

  • Le Tigré se trouve depuis plusieurs mois au cœur d'une grave crise humanitaire, selon les Nations unies, alors que l'aide internationale peine à parvenir
  • Quelque 5,2 millions de personnes - soit plus de 90% de la population du Tigré - vivent grâce à l'aide extérieure, selon l'ONU

ADDIS ABEBA: Seule 10% de l'aide humanitaire parvient actuellement au Tigré, où la famine menace des centaines de milliers de civils, a déploré mercredi à Addis Abeba la directrice de l'Agence américaine d'aide internationale (USAID) Samantha Power.

Le Tigré se trouve depuis plusieurs mois au cœur d'une grave crise humanitaire, selon les Nations unies, alors que l'aide internationale peine à parvenir à cette région du nord en raison de nombreux retards et obstacles administratifs.  

"Entre mi-juillet et le 2 août, selon les Nations unies, ce qui était nécessaire c'était 1 500 camions (d'aide humanitaire) et le nombre de camions qui ont roulé et ont pu passer est de 153. C'est 10% des besoins", a déclaré la cheffe de l'USAID Samantha Power mercredi soir lors d'une conférence de presse, soulignant que "l'accès reste profondément inquiétant".

"Les routes doivent être sûres. Et ceci est donc un appel à toutes les parties à permettre un accès humanitaire sans entraves", a-t-elle ajouté. "Nous ne voyons pas les changements que nous espérions."

De son côté, le chef des opérations humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths, a déclaré lors d'une conférence de presse dans la capitale éthiopienne que pour répondre aux besoins sur le terrain, 100 camions devraient entrer au Tigré quotidiennement.

Quelque 5,2 millions de personnes - soit plus de 90% de la population du Tigré - vivent grâce à l'aide extérieure, selon l'ONU.

Le Tigré a plongé dans la violence en novembre, lorsque le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée dans la région pour destituer les autorités locales du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) à la suite, selon lui, de l'attaque de camps militaires par des forces tigréennes.

«Pas de solution militaire»

Prix Nobel de la Paix 2019 pour sa réconciliation avec l'Érythrée, M. Abiy  avait rapidement déclaré victoire après la prise par les soldats éthiopiens de la capitale tigréenne Mekele, avec l'aide de l'Érythrée voisine, ennemi ancestral du TPLF, au pouvoir en Éthiopie durant trois décennies avant l'avènement d'Abiy Ahmed en avril 2018.

Les forces tigréennes ont néanmoins continué leur lutte et repris Mekele et plusieurs autres villes du Tigré en juin. Après un cessez-le-feu décrété par Abiy Ahmed et le retrait des soldats éthiopiens, les forces tigréennes ont poursuivi leur offensive vers les régions voisines d'Amhara et Afar. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées par ces hostilités.

Mme Power a appelé les autorités tigréennes à "retirer immédiatement leurs forces" des régions Amhara et Afar.

"Pour que l'aide parvienne à tous ceux qui en ont besoin au #Tigré, alors TOUTES les parties doivent cesser les hostilités", a-t-elle tweeté mardi soir. "Il n'y a pas de solution militaire à ce conflit".

Mme Power a réitéré la demande de Washington de voir les forces amhara se retirer de l'ouest du Tigré, tout comme les forces érythréennes venues soutenir l'armée éthiopienne.

Les États-Unis voient l'Éthiopie comme un partenaire essentiel dans la région instable de la Corne de l'Afrique, mais l'administration Biden a ouvertement critiqué la guerre au Tigré.

90% de la population vit de l'aide

En mars, le secrétaire d'État américain Antony Blinken avait dénoncé des actes de nettoyage ethnique dans l'ouest du Tigré. Et en mai, il a annoncé des restrictions de visa pour les responsables éthiopiens et érythréens accusés d'alimenter le conflit.

Selon le Premier ministre éthiopien, le cessez-le-feu décrété en juin avait pour but de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, mais les ONG affirment que l'accès est plus difficile que jamais.

La situation a encore empiré cette semaine lorsque le gouvernement de M. Abiy a suspendu deux ONG présentes au Tigré, les accusant de "désinformation".

Médecins sans Frontières (MSF) et le Conseil norvégien pour les Réfugiés (NRC) "répandent la désinformation dans les médias sociaux et sur d'autres plateformes, en dehors du mandat et des objectifs pour lesquels ces organisations ont été autorisées à opérer", ont affirmé mercredi les autorités éthiopiennes.

Une décision condamnée par Washington, l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU jugeant cette suspension "inacceptable".

"Je connais bien le travail de @MSF et @NRC_Norvège, et ils sont respectés au niveau international. L'Éthiopie doit reconsidérer cette décision", a déclaré Linda Thomas-Greenfield sur Twitter.

Jan Egeland, secrétaire général du NRC, a régulièrement lancé sur Twitter des avertissements sévères sur la crise, comme en février: "En 40 ans (de) travail humanitaire, j'ai rarement vu autant d'entraves à l'acheminement de l'aide".


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.