KABOUL: Quatre personnes ont été tuées mardi soir dans un attentat impliquant un véhicule piégé et des assaillants à pied dans la capitale de l'Afghanistan, à proximité du domicile du ministre afghan de la Défense, le général Bismillah Mohammadi qui est sain et sauf.
À deux heures d'intervalle, deux fortes explosions ont secoué Kaboul. Chaque explosion a été suivie de tirs nourris.
Des "terroristes ont fait détoner une voiture remplie d'explosifs dans une zone résidentielle de Kaboul (...) Après cela, un certain nombre de terroristes sont entrés dans des maisons et ont affronté les forces de sécurité", a expliqué le porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur, Mirwais Stanekzai.
En fin de soirée, il a annoncé que les opérations des forces de sécurité "viennent de se terminer. Tous les assaillants ont été tués (...) la zone est désormais sécurisée".
L'attentat n'a pas été revendiqué, mais Washington a estimé que cet attentat portait la "marque" des talibans.
Selon des sources sécuritaires ont indiqué que quatre personnes avaient été tuées et une vingtaine blessées.
Plusieurs sources sécuritaires ont indiqué sous le couvert de l'anonymat que le véhicule piégé était conduit par un kamikaze qui avait déclenché les explosifs devant la maison d'un député, voisine du domicile du général Bismillah Mohammadi, ajoutant que plusieurs assaillants étaient parvenus à entrer chez le député.
"Ce (mardi) soir, des terroristes ont mené une attaque suicide contre ma maison. Dieu merci (...) rien n'est arrivé à moi ou aux membres de ma famille. Mais malheureusement certains de mes gardes ont été blessés", a déclaré le ministre de la Défense dans la soirée.
Combattre «durement»
Mardi soir, répondant à un appel lancé plus tôt sur les réseaux sociaux, de nombreux habitants de Kaboul sont montés sur les toits ou descendus dans les rues pour soutenir, aux cris de "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) les forces afghanes qui tentent depuis trois mois d'endiguer une offensive-éclair des talibans, au cours de laquelle ces derniers se sont emparés de vastes territoires ruraux.
"Mort aux talibans !", ont également crié certains habitants de la capitale, déjà cible de plusieurs attentats à la bombe en mai et juin.
Les talibans ont lancé cette offensive tous azimuts au moment où les troupes internationales entamaient leur retrait définitif - désormais quasi achevé - d'Afghanistan, vingt ans après l'intervention internationale menée par les États-Unis qui avait renversé leur régime ultrarigoriste (1996-2001).
Les forces afghanes, qui n'ont jusqu'ici opposé qu'une faible résistance, ne contrôlent plus pour l'essentiel que les capitales provinciales, qu'elles doivent désormais défendre becs et ongles et dont trois sont la cible d'attaques des insurgés.
Des combats urbains, meurtriers pour les civils, opposent depuis plusieurs jours les talibans aux forces afghanes dans la ville méridionale de Lashkar Gah. L'armée afghane a appelé mardi ses habitants à l'évacuer avant une opération pour en déloger les insurgés.
"Nous allons affronter" les talibans et "les combattre durement", a averti le général Sami Sadat, plus haut gradé de l'armée dans le Sud afghan, dans un message audio adressé aux habitants de Lashkar Gah, "nous ne laisserons pas un seul taliban en vie (...) Partez dès que possible afin que nous puissions entamer notre opération".
«Les hôpitaux sont débordés»
Plus tôt mardi, la Mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) a exprimé dans un tweet "sa profonde inquiétude pour les civils afghans à Lashkar Gah, où les combats s'intensifient", appelant à "la cessation immédiate des combats dans les zones urbaines" sous peine de "conséquences catastrophiques".
Elle a indiqué qu'au moins 40 civils avaient été tués et 118 blessés ces dernières 24 heures au cours des combats dans Lashkar Gah, ville de 200 000 habitants, lors de l'offensive des talibans ou des bombardements de l'armée afghane.
Un habitant de Lashkar Gah ayant requis l'anonymat a décrit une ville où "il n'y a plus d'électricité, plus de nourriture", où les belligérants s'affrontent "rue par rue" et que l'aviation afghane "bombarde presque chaque minute".
"Certains habitants ont déjà quitté la ville (...) mais beaucoup de gens sont toujours coincés", a-t-il raconté.
"Les talibans sont partout en ville", a ajouté cet habitant, affirmant que les forces afghanes bombardent les maisons privées dans lesquels ils s'abritent. "Les hôpitaux sont débordés même si la plupart des gens n'osent pas y emmener leurs proches dans un véhicule privé, de peur d'être tués par les talibans ou bombardés par le gouvernement".
Les autorités de la province d'Hérat (Ouest) ont elles affirmé mardi que les forces afghanes avaient repris plusieurs zones des faubourgs de la capitale provinciale aux talibans, parvenus ces derniers jours à quelques kilomètres de cette ville de 600 000 habitants.
Lundi soir, des milliers d'habitants d'Hérat étaient déjà montés sur les toits en scandant eux aussi "Allah Akbar", en soutien aux forces afghanes et aux miliciens d'Ismail Khan, puissant chef de guerre local et vétéran de la lutte contre l'occupation soviétique (1979-1989), qui ont défendu la ville.