WASHINGTON: Les positions du gouvernement afghan et des talibans sont encore trop éloignées pour qu'ils puissent parvenir à un règlement politique, a regretté mardi l'émissaire des États-Unis pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, alors que Washington renforçait la pression sur Kaboul pour la reprise des négociations.
"La situation est très inquiétante", a estimé M. Khalilzad lors d'une conférence en ligne organisée par le centre de réflexion Aspen Security Forum.
Alors que des explosions secouaient Kaboul, l'émissaire américain a indiqué que les talibans exigeaient la mise sur pied d'un nouveau gouvernement dont ils auraient le contrôle tandis que Kaboul veut les inclure dans le gouvernement actuel.
M. Khalilzad a expliqué les violences actuelles par des "calculs" des deux parties pour renforcer leurs positions lors des négociations.
Le gouvernement afghan tente de regagner du terrain militairement après les avancées des talibans ces dernières semaines, estimant que "sans cela, il est dans une position trop faible" pour négocier, a expliqué l'ancien ambassadeur américain à Kaboul.
De leur côté, les talibans ont été "enhardis" par leurs succès militaires des dernières semaines et ils ont adopté une attitude "maximaliste", a-t-il ajouté.
Alors que les dernières forces américaines doivent avoir quitté le pays le 31 août, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a téléphoné mardi au président afghan Ashraf Ghani pour l'appeler à parvenir à un accord avec les insurgés.
"Le ministre et le président Ghani ont souligné qu'il était nécessaire d'accélérer les négociations de paix", a indiqué le département d'État dans un communiqué annonçant cette conversation.
L'accord politique devra "être inclusif, respecter les droits de tous les Afghans, y compris les femmes et les minorités, permettre au peuple afghan de choisir ses dirigeants et empêcher le sol afghan d'être utilisé pour menacer les États-Unis, leurs alliés et leurs partenaires", ajoute le communiqué du ministère américain des Affaires étrangères.
M. Khalilzad a souligné que le gouvernement afghan devait être "réaliste". "Le gouvernement doit comprendre qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit en Afghanistan", a-t-il ajouté.
Les deux parties doivent maintenant "tirer les leçons de l'histoire de leur pays, où une faction a cherché à imposer sa volonté aux autres par la force", a-t-il rappelé. "Cela a conduit à la guerre, une longue guerre".