Explosion de Beyrouth: HRW accuse les autorités de «négligence criminelle»

Les silos de blé détruits au port de Beyrouth le 11 juillet 2021. Archives AFP
Les silos de blé détruits au port de Beyrouth le 11 juillet 2021. Archives AFP
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Publié le Mardi 03 août 2021

Explosion de Beyrouth: HRW accuse les autorités de «négligence criminelle»

  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi les autorités libanaises de négligence criminelle, de violation du droit à la vie et de faire barrage à l'enquête locale sur l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 au port de Beyrouth
  • L'ONG a recommandé la mise en place d'une mission d'investigation indépendante de l'ONU et des sanctions internationales contre les hauts responsables libanais

BEYROUTH : L'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi les autorités libanaises de négligence criminelle, de violation du droit à la vie et de faire barrage à l'enquête locale sur l'explosion dévastatrice du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

L'ONG a recommandé la mise en place d'une mission d'investigation indépendante de l'ONU et des sanctions internationales contre les hauts responsables libanais. La gigantesque déflagration du 4 août 2020, qui a fait 214 morts et plus de 6.500 blessés, a été déclenchée par l'explosion de plusieurs centaines de tonnes d'ammonium stockées depuis 2014 dans un entrepôt délabré au port.

Dans un rapport de 126 pages, l'ONG a documenté les multiples manquements des instances politiques et sécuritaires dans la gestion de ce stock de matières dangereuses depuis son arrivée au port en 2013 jusqu'à son explosion. Des dizaines de responsables gouvernementaux, douaniers et responsables de sécurité qui étaient au courant des dangers encourus, selon l'ONG, y sont identifiés.

"Plusieurs autorités (...) ont fait preuve de négligence criminelle, selon la loi libanaise, dans la gestion de la cargaison", résume le rapport de HRW, basé sur plusieurs entretiens et des centaines de correspondances officielles dont certaines n'ont jamais été rendues publiques.

"Les preuves suggèrent avec force que certains responsables gouvernementaux étaient conscients du (risque de) mort que la présence de nitrate d'ammonium au port pouvait entraîner et ont tacitement accepté (de prendre) ce risque", a déploré HRW.

Les manquements ont commencé en 2013 dès l'arrivée de la cargaison à bord du navire "Rhosus", battant pavillon moldave, parti initialement de Géorgie à destination du Mozambique, d'après l'ONG. "Les responsables du ministère des Travaux publics et des Transports ont décrit de manière inexacte les risques de la cargaison dans leurs demandes à la justice de décharger la marchandise", a déclaré HRW. 

Ils ont également "sciemment stocké le nitrate d'ammonium dans le port de Beyrouth avec des matériaux inflammables ou explosifs pendant près de six ans", même après avoir reçu des rapports avertissant du caractère "extrêmement dangereux" du stock, a déploré HRW.  Pour leur part, les autorités douanières, alertées pour la première fois en 2014 et qui auraient pu agir unilatéralement pour retirer les matières explosives du port n'ont pas pris les mesures adéquates pour s'en débarrasser, selon HRW.

«J'ai ensuite oublié»

Quant à l'armée libanaise, elle "n'a pris aucune mesure apparente pour sécuriser" le stock, selon le rapport.  Le commandement militaire s'est même dédouané de toute responsabilité, alors qu'il devrait, en vertu de la loi libanaise, approuver l'importation et l'inspection de matières classées comme utilisables dans la fabrication d'explosifs. 

La Sécurité de l'Etat, qui a mené une enquête sur le stock de nitrate avant l'explosion, a tardé, de son côté, à signaler la menace potentielle aux hauts responsables, fournissant, par ailleurs, des informations incomplètes sur les dangers posés par ces produits chimiques, selon HRW.  Le Premier ministre de l'époque, Hassan Diab, a ainsi reçu des informations sur la cargaison seulement à partir de juin 2020, soit à peine deux mois avant l'explosion.  

"Je l'ai ensuite oublié et personne n'a assuré le suivi. Il y avait des désastres tous les jours", a-t-il déclaré à HRW.  Pour l'ONG, l'enquête locale est "incapable de rendre justice de manière crédible".

Elle a appelé à une mission d'enquête mandatée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.  L'ONG a aussi recommandé des sanctions contre l'ensemble des individus et entités "impliqués dans des violations continues des droits humains (...) et les efforts visant à saper" l'enquête locale, alors qu'aucun responsable n'a été traduit en justice, un an après le drame.

"Selon le droit international (...), l'échec d'un Etat à agir contre des dangers potentiels sur la vie humaine est une violation du droit à la vie", a ajouté l'organisation, précisant que l'explosion pouvait potentiellement être assimilée, d'après la loi libanaise, à un meurtre prémédité ou un "homicide".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.