VANCOUVER : La directrice financière du géant chinois Huawei est de retour mercredi devant un tribunal canadien pour une dernière série d'audiences consacrées à son éventuelle extradition vers les Etats-Unis, après environ trois ans de bataille judiciaire et de crise diplomatique.
Meng Wanzhou, 49 ans, fille du fondateur du géant des télécoms, Ren Zhengfei, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 à l'aéroport de Vancouver à la demande des Etats-Unis, qui veulent la juger pour fraude bancaire. Porteuse d'un bracelet électronique, Mme Meng vit en liberté surveillée dans sa luxueuse propriété de la métropole pacifique canadienne, dans l'ouest du Canada. Elle est attendue à partir de mercredi devant la Cour suprême de Colombie-Britannique pour plus de deux semaines d'audiences.
Washington accuse la numéro 2 de Huawei d'avoir menti à un cadre de la banque HSBC, lors d'une rencontre à Hong Kong en 2013, sur les liens entre le groupe chinois et sa filiale Skycom, qui vendait des équipements à l'Iran, exposant l'établissement à des sanctions américaines. L'intéressée a toujours nié ces accusations.
Les preuves avancées par les Etats-Unis "ne résistent pas à l'examen des faits", estime son avocat, Mark Sandler. Depuis bientôt trois ans, la défense de Mme Meng a tenté de démontrer que la justice américaine n'était pas compétente pour demander son extradition, que les accusations ne seraient pas passibles de poursuites au Canada, que ses droits n'avaient pas été respectés.
Et également que l'ancien président Donald Trump avait "empoisonné" la procédure en affirmant fin 2018 qu'il n'hésiterait pas à intervenir dans le dossier contre Mme Meng si cela permettait d'obtenir des concessions commerciales de la Chine. Mais sans obtenir gain de cause.
Pour l'accusation, les éléments avancés par la défense visent à "transformer cette procédure en un procès criminel qui devrait se tenir" aux Etats-Unis.
Canadiens emprisonnés en Chine
L'arrestation de la fille du fondateur de Huawei à Vancouver à la demande des Etats-Unis a provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Pékin et Ottawa. Quelques jours après son interpellation, la Chine avait arrêté deux Canadiens: l'ex-diplomate Michael Kovrig, et l'homme d'affaires Michael Spavor. Des arrestations vues comme mesure de représailles par Ottawa et le Premier ministre Justin Trudeau, ce que Pékin dément.
Les deux hommes ont été jugés pour "espionnage" au printemps dernier lors de procès à huis clos et attendent leur sentence. La Chine a également bloqué des milliards de dollars d'exportations agricoles canadiennes.
Le gouvernement chinois comme le fleuron technologique ont systématiquement démenti les accusations de Washington, Pékin estimant que l'administration américaine cherche avant tout à affaiblir une entreprise chinoise de pointe.
"L'objectif des Etats-Unis est de faire tomber Huawei et d'autres sociétés chinoises de la high-tech, et le Canada a joué les complices des Etats-Unis. Toute cette affaire est un incident politique grave", avait expliqué en mai 2020 l'ambassade de Chine au Canada après un revers judiciaire du camp Meng.
Les audiences doivent se terminer le 20 août, mais aucune décision n'est attendue avant quelques mois. Et en cas d'appel, la procédure pourrait durer encore plusieurs années.