La rentrée des classes en Iran

Le premier jour de la réouverture des écoles, à l'école de Nojavan dans la capitale Téhéran. Les écoliers sont  vêtus de masques et éloignés les uns des autres, avec des drapeaux nationaux iraniens sur le bureau de chacun. (Atta KENARE/AFP)
Le premier jour de la réouverture des écoles, à l'école de Nojavan dans la capitale Téhéran. Les écoliers sont vêtus de masques et éloignés les uns des autres, avec des drapeaux nationaux iraniens sur le bureau de chacun. (Atta KENARE/AFP)
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Publié le Samedi 05 septembre 2020

La rentrée des classes en Iran

  • Après presque six mois de fermeture des écoles à l'échelle nationale, la rentrée s'est faite en ordre dispersé, avec une dose très variable de présence physique et d'enseignement à distance selon les régions et les niveaux
  • « Rohani sonne la cloche à distance et il voudrait que j'envoie mon fils (à l'école) en personne? »

TEHERAN : Quelque quinze millions d'élèves ont repris les cours samedi en Iran, pour la plupart sans retrouver le chemin de l'école, tandis que les autorités cherchaient à apaiser les craintes exprimées par les familles face à la pandémie de coronavirus.

Après presque six mois de fermeture des écoles à l'échelle nationale, la rentrée s'est faite en ordre dispersé, avec une dose très variable de présence physique et d'enseignement à distance selon les régions et les niveaux.

Dérogeant à la tradition, le président iranien Hassan Rohani ne s'est pas rendu en personne dans un établissement scolaire pour lancer officiellement la rentrée des classes.

C'est son ministre de l'Education Mohsen Hadji Mirzaï qui a sonné symboliquement la cloche au lycée pour garçons Nojavanan, dans l'est de Téhéran, où les élèves sont apparus moins nombreux que les journalistes et les responsables politiques.

Le président a participé à la cérémonie en visioconférence, ce qui lui a valu des critiques.

« Rohani sonne la cloche à distance et il voudrait que j'envoie mon fils (à l'école) en personne? », s'est agacé sur Twitter le journaliste réformateur Maziar Khosravi.

« Comment peuvent-ils espérer que les gens envoient ceux qu'ils aiment à l'école en faisant confiance aux protocoles (sanitaires) si le président lui-même ne s'y soumet pas? », a tweeté le producteur de films Mahmoud Razavi, proche des conservateurs.

« Vigilance » et « discipline »

La polémique avait commencé avant même la rentrée avec la publication d'une lettre ouverte du chef de l'ordre des médecins Mohammad-Réza Zafarghandi, qui a qualifié de « contradictoires » les règles sanitaires prescrites pour les écoles. Il s'est notamment inquiété du fait que des élèves asymptomatiques puissent propager facilement le virus en classe.

« J'espère que les familles nous font confiance et je veux les assurer que le ministère fera preuve de la plus grande vigilance » pour tout ce qui a trait à la santé de leurs enfants, a déclaré le ministre de l'Education.

Selon les protocoles retenus, les cours en classe ne doivent pas durer plus de 35 minutes, une distance d'un mètre au minimum doit être respectée entre chaque élève et le port du masque est obligatoire pour tout le monde à l'intérieur des écoles.

Dans son message télévisé, M. Rohani a appelé à faire preuve de « la discipline la plus stricte, s'apparentant à celle d'un camp d'entraînement militaire ».

Surplombant la cour de récréation du lycée Nojavanan, une affiche affirme que « les enseignants sont au vrai sens du terme les soldats de l'armée du développement du pays ».

Tous masqués, les élèves sont passés par une cabine de désinfection et leur température a été contrôlée à l'entrée.

« Toujours dangereux »

Pour autant, des parents et des professeurs ne cachaient pas leurs craintes.

L'Iran est le pays du Proche et du Moyen-Orient le plus durement touché par la pandémie de nouveau coronavirus. La maladie y a fait officiellement plus de 22.150 morts sur un total de près de 385.000 personnes contaminées.

« Il est très difficile (...) d'apprendre aux enfants le respect des protocoles sanitaires et des règles de distanciation physique », a déclaré à l'AFP la directrice du lycée Nasrine Mobini. « Nous sommes tous inquiets, mes collègues, les parents, tout le monde. »

Amiri, professeur de littérature âgé de 60 ans, trouve la situation « stressante » mais juge indispensable la présence des élèves et des professeurs en classe au début pour faire connaissance et bien lancer l'année.

Azarakche, une mère d'élève qui ne donne que son prénom, dit avoir amené son fils à l'école pour la journée non sans « stress et inquiétude » mais dit avoir une préférence pour que celui-ci suive les cours à l'école, à condition que les protocoles sanitaires soient « vraiment » observés.

Les premiers intéressés semblaient eux plutôt contents d'être là.

Ça fait du bien. L'école et les cours me manquaient », dit l'un des élèves.

« Nous sommes contents que les écoles aient rouvert », déclare Askhan, 14 ans, mais « c'est toujours dangereux pour nous et pour les autres ».


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
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  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
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  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
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  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.