Dans le sud du Bénin, l'une des dernières forêts marécageuses en danger

La forêt marécageuse de Hlanzoun, dans le sud du Bénin, le 9 juillet 2021. AFP
La forêt marécageuse de Hlanzoun, dans le sud du Bénin, le 9 juillet 2021. AFP
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Publié le Samedi 31 juillet 2021

Dans le sud du Bénin, l'une des dernières forêts marécageuses en danger

  • Le silence n'existe pas dans la forêt marécageuse de Hlanzoun, dans le sud du Bénin, où entre les branches des majestueux arbres enracinés dans les cours d'eau, les oiseaux virevoltent en piaillant et les singes se chamaillent bruyamment
  • Cette cacophonie est bien la preuve d'une flore et d'une faune sans pareil, selon les spécialistes qui se battent pour préserver cette forêt inondée, dernière du genre dans le pays et aujourd'hui menacée

FORET DE HLANZOUN, Benin: Le silence n'existe pas dans la forêt marécageuse de Hlanzoun, dans le sud du Bénin, où entre les branches des majestueux arbres enracinés dans les cours d'eau, les oiseaux virevoltent en piaillant et les singes se chamaillent bruyamment.

Cette cacophonie est bien la preuve d'une flore et d'une faune sans pareil, selon les spécialistes qui se battent pour préserver cette forêt inondée, dernière du genre dans le pays et aujourd'hui menacée.  Dans cette forêt - qui se dit Zoun en langue locale fon, et portant le nom de la rivière Hlan qui la traverse - plus de 241 espèces végétales et 160 animales ont été dénombrées. 

En s'armant de patience, les visiteurs peuvent espérer y croiser les rare singe à ventre rouge, la mangouste des marais ou même le sitatunga, une petite antilope vivant en milieu aquatique. La traversée se fait sur de petites barques en bois, seul transport possible pour s'introduire dans cet immense espace végétal, entrecoupé de lacs et marais, qui s'étend sur près de 3.000 hectares. 

Du haut d'un arbre au diamètre disproportionné, un calao, cousin africain du toucan, lance des cris rauques. "Le calao mange des insectes et des fruits, il accompagne des groupes de singes, qui en se déplaçant dérangent les insectes et lui permettent ainsi de les attraper", explique Vincent Romera, photographe et écologue spécialisé en ornithologie.

Avec ses jumelles, il contemple une famille de singes qui saute d'arbres en arbres. Mais entre les feuillages, difficile d'apercevoir l'oiseau au long bec.  "Les animaux sont devenus très craintifs", regrette l'écologue, qui a de plus en plus de mal les photographier, au point d'envisager la pose de caméras pièges pour quantifier la population animale restante dont "les effectifs sont en chute libre", dit-il.

De temps en temps, le concert de cris d'animaux offert par la forêt est interrompu "par des coups de feu", déplore Vincent Romera. A cela s'ajoutent les pièges en tout genre installés par les braconniers.  Sur le bord de la route qui longe Hlanzoun, des varans, crocodiles et serpents tués par des chasseurs sont exposés à la vente. Les singes sont également vendus pour leur chair.

Les populations vivant autour de la forêt "ont besoin d'argent, alors ceux qui ont appris à tirer, vont tuer des animaux", explique Roger Hounkanrin, guide touristique dans la région.  Mais plus encore que le braconnage, la plus grande menace pour la forêt est la pression exercée sur la flore, selon l'écologue.

Milieu défavorisé

Les arbres sont abattus et servent pour le bois de chauffe ou à la revente, les parcs à raphia, sorte de palmier, sont aussi surexploités et servent notamment à la production d'un alcool local, le sodabi. Or, la destruction directe de l'habitat réduit les zones propices aux espèces animales et contraint les animaux à s'exposer au braconnage en allant vers les champs chercher de la nourriture.

Cet écosystème fournit à plusieurs familles la majorité de leurs revenus, alors "sans action concertée et bien réfléchie, l'écosystème finira par disparaître", explique l'agroéconomiste Judicaël Alladatin, qui a travaillé pendant plusieurs années sur un projet d'offre touristique impliquant cette forêt unique.

"Nous sommes dans un milieu défavorisé et on ne peut pas en vouloir à la population d'essayer de se nourrir. Il faut créer des conditions pour des alternatives", estime-t-il. En dépit d'une croissance économique stable depuis plusieurs années, la pauvreté reste répandue au Bénin, particulièrement en milieu rural, où près de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

Plus récemment, "les villageois se sont mis à assécher la forêt pour disposer de davantage de terres à cultiver pour se nourrir", s'inquiète également Joséa Dossou Bodjrènou, directeur de l'ONG Nature tropicale, qui travaille à la préservation de la forêt.

La mobilisation de plusieurs ONG et les multiples travaux scientifiques dont la forêt a fait l'objet depuis les années 2000 "n'ont pas permis d'obtenir une reconnaissance officielle de l'Etat", déplore-t-il. Les autorités ont cependant commencé à reconnaître l'importance de préserver les forêts, notamment avec l'adoption d'une nouvelle politique forestière et d'un nouveau système de taxes, selon un rapport de la Banque mondiale.

Mais à Hlanzoun, "il faut agir vite", prévient M. Bodjrènou, qui appelle l'Etat à "appuyer les communautés pour qu'elles continuent à tirer profit de la forêt", mais de "manière différente".

Forêts en péril
Par Chokri Ben Nessir -

Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.