BEYROUTH : Le moment aurait dû être le plus joyeux de sa vie, mais la médecin libanaise Israa Seblani n'a même pas de photo de son mariage chez elle, car les souvenirs sont tellement douloureux.
La jeune femme se tenait radieuse, dans une robe blanche et un voile, sur une place de Beyrouth le 4 août dernier, le jour où elle a épousé l'homme d'affaires Ahmad Soubeih, lorsque la scène est déchirée par un rugissement assourdissant, et une puissante onde de choc faillit la renverser.
«Je n'ai toujours pas de photo de mon mariage à la maison», révèle Seblani, 30 ans, de retour sur la même place où d'autres couples sont venus célébrer leurs noces, comme elle l’avait fait ce jour-là.
«Ce fut une catastrophe pour le peuple libanais. Je ne peux pas voir les parents qui ont perdu leurs enfants, les enfants qui ont perdu leurs parents, ou la destruction qui s'est produite, et être heureuse. Je ne peux plus me mentir», dit-elle.
Le couple prévoit de travailler le jour du premier anniversaire pour rester occupé: elle à l'hôpital universitaire Rafik Hariri, et lui dans son magasin de vêtements.
«C'est un jour durant lequel nous ne pouvons prévoir le moindre projet», déclare Soubeih, 34 ans, «C'est un jour de tristesse et de chagrin, c'est un jour sombre, un jour de deuil pour tout le Liban».
En Septembre, Seblani est retournée aux États-Unis, où elle travaillait, mais les restrictions liées au coronavirus ont empêché Soubeih de la rejoindre. Elle est retournée au Liban pour qu'ils puissent être ensemble jusqu'à ce qu'ils trouvent un nouveau point de départ, loin de la crise économique de leur patrie.
«Nous recherchons la sécurité, nous ne voulons pas d'argent, nous ne sommes pas en quête d’une vie de luxe, nous voulons juste la sécurité», a expliqué Seblani.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com